En 1935, Irving Berlin est « rappelé » à Hollywood pour contribuer à la renaissance du film musical après quelques années de désaffection du public. La technologie sonore et les techniques de caméra se sont améliorées depuis 1930, et RKO Pictures a obtenu un énorme succès avec le duo de danse Fred Astaire/Ginger Rogers.

Après plusieurs films musicaux dont la musique était signée d’autres compositeurs, RKO propose à Berlin d’écrire la partition complète de Top Hat, quatrième film du tandem Astaire-Rogers. Berlin, qui avait jusque-là hésité à se réinvestir dans un film musical après Reaching for the Moon, est séduit par le projet. Il y voit l’occasion de marier ses chansons à l’élégance du style d’Astaire, danseur-chanteur d’un genre nouveau, tout en bénéficiant de meilleures conditions techniques pour enregistrer la musique. Le studio lui donne carte blanche pour créer des numéros sur mesure.

Berlin s’installe en Californie pour travailler étroitement avec le réalisateur Mark Sandrich et Astaire lui-même, qu’il rencontre pour la première fois et avec qui le courant passe immédiatement. L’enjeu est de taille: il s’agit de surpasser les succès précédents d’Astaire et Rogers (The Gay Divorcee notamment) et de proposer un film musical original et fastueux en pleine ère du New Deal (où le public aspire à l’évasion et au glamour). Berlin livre cinq nouvelles chansons pour Top Hat, veillant à ce qu’elles servent l’histoire et surtout la danse.

Top Hat est une comédie romantique pétillante qui repose sur un quiproquo d’identité dans le milieu du spectacle. Jerry Travers (Fred Astaire), danseur américain de passage à Londres pour une revue, fait la connaissance de Dale Tremont (Ginger Rogers), une jeune mannequin indépendante. Jerry tombe immédiatement sous le charme et tente de la séduire en chantant et dansant – sa célèbre frappe de claquettes nocturne dans sa chambre d’hôtel empêche Dale de dormir et provoque leur première rencontre amusée/agacée. Alors qu’il la suit jusqu’à Venise pour la courtiser, Dale commet une erreur : elle croit que Jerry est en réalité Horace, le mari volage de son amie Madge. S’ensuivent malentendus et chassés-croisés dans les décors de canaux vénitiens, jusqu’à ce que la confusion soit levée et que Jerry et Dale puissent s’avouer leur amour. L’histoire, légère et pleine d’esprit (les dialogues sont ciselés par les scénaristes), sert d’écrin aux numéros musicaux de Berlin. Chaque chanson est intégrée de manière fluide à l’intrigue et donne lieu à un numéro dansé emblématique. Ainsi, lorsque Jerry exprime son enthousiasme d’amoureux naissant, il interprète « No Strings (I’m Fancy Free) » dans la suite d’hôtel en claquant des pieds sur les meubles, démontrant sa joie d’être « sans attaches ». Plus tard, à Venise, sous l’averse, Jerry et Dale se retrouvent isolés sous un gazebo : il chante alors « Isn’t This a Lovely Day (to Be Caught in the Rain) » et entame avec elle une danse complice en tenue de ville – le début de la romance réciproque. Le point culminant musical intervient lors d’une somptueuse soirée de gala où Jerry, en frac et haut-de-forme, exécute devant Dale le numéro « Top Hat, White Tie and Tails »: un tap dance sophistiqué où, canne à la main, il tire symboliquement sur ses partenaires masculins en rythme, affirmant sa prestance. Enfin, après la résolution du quiproquo, Jerry et Dale célèbrent leur union en dansant le fameux pas de deux « Cheek to Cheek»: Jerry entonne cette ballade sensuelle (« Heaven, I’m in heaven… ») tandis qu’ils virevoltent en tenue de bal – Ginger Rogers dans sa légendaire robe à plumes – offrant l’un des plus célèbres duos chorégraphiques de l’histoire du cinéma. Ce morceau, d’une élégance et d’une douceur exquises, symbolise l’alchimie du couple et restera à jamais associé à Astaire et Rogers. Berlin a ainsi su fournir à chaque étape du récit une chanson appropriée: enjouée, romantique ou spectaculaire, toujours propice à la danse, ce qui fait de Top Hat un modèle d’intégration du numéro musical à la narration.

Top Hat sort en août 1935 et remporte un succès triomphal. Il s’agit du plus grand succès financier de la série Astaire-Rogers: le film est le plus rentable de RKO pour l’année et l’un des plus gros box-office de la décennie pour le studio.

La critique est enthousiaste, applaudissant tant la virtuosité des numéros que l’esprit de la comédie. Les chansons de Berlin reçoivent un accueil dithyrambique: Variety parle de « five tunes, all charmers » à propos des cinq airs du film, et le public sort des salles en fredonnant « Cheek to Cheek ». Cette dernière chanson, en particulier, devient un standard instantané; elle est nommée pour l’Oscar de la Meilleure chanson (cérémonie 1936) et même si elle ne l’emporte pas, elle restera indissociable de la voix d’Astaire et de l’âge d’or des comédies musicales. Top Hat est salué pour avoir offert une évasion luxueuse en pleine période de rétablissement économique: les décors art-déco étincelants, les costumes élégants, et la légèreté du ton incarnent la « fantaisie » dont le public avait besoin. Les critiques de l’époque notent également que Berlin a réussi son pari de retour à Hollywood, en fournissant une partition « irrésistible » parfaitement calibrée pour les talents de danseur-chanteur d’Astaire. La séquence « Top Hat, White Tie and Tails » fascine par son originalité et sera abondamment imitée. Le film obtient 4 nominations aux Oscars (dont Meilleure chanson, Meilleure direction artistique, Meilleur film), signe de reconnaissance de l’industrie, même s’il repart sans statuette. Surtout, Top Hat entre immédiatement dans le panthéon des comédies musicales filmées.

Le triomphe de Top Hat a de vastes répercussions. Pour Irving Berlin, c’est l’ouverture d’un nouveau chapitre glorieux à Hollywood: il prouve qu’il sait écrire spécifiquement pour l’écran, en exploitant les atouts du cinéma (danse filmée, orchestres hollywoodiens) tout en gardant son sens mélodique infaillible. Sa collaboration avec Fred Astaire se révèle fructueuse au-delà de ce film: Berlin composera deux autres partitions pour le duo – Follow the Fleet (1936) et Carefree (1938) – prolongeant cette alliance entre un compositeur légendaire et un interprète d’exception.

Top Hat marque aussi une étape dans la conception du film musical: l’intégration organique de numéros chantés-dansés au récit (sans cadres scéniques forcés) influencera les comédies musicales ultérieures. La séquence « Cheek to Cheek » en particulier demeure un modèle d’utilisation de la chanson pour exprimer l’émotion narrative au cinéma. Commercialement, le succès de Top Hat consolide la place des comédies musicales dans le cinéma des années 30 après la crise du genre en 1930-32. RKO et les autres studios chercheront à reproduire la formule : élégance, humour, danse sophistiquée et chansons mémorables. Pour Berlin, Top Hat est peut-être l’accomplissement le plus emblématique de sa carrière cinématographique: l’alliance de son talent et de l’image d’Astaire crée un mythe. Encore aujourd’hui, Top Hat est considéré comme l’un des meilleurs films musicaux de l’histoire, et il a été adapté en comédie musicale sur scène des décennies plus tard, preuve de son impact durable. En résumé, Top Hat propulse Irving Berlin au rang de compositeur-star à Hollywood et illustre parfaitement comment ses mélodies intemporelles ont défini l’âge d’or de la comédie musicale américaine.

Fort du succès de Top Hat, Irving Berlin enchaîne dès l’année suivante avec l’écriture des chansons d’un nouveau film d’Astaire et Rogers : Follow the Fleet. RKO veut capitaliser sur la popularité du duo en variant les cadres. Cette fois, l’intrigue met en scène la marine américaine, donnant lieu à des tableaux tantôt en uniforme de marin, tantôt dans des night-clubs de San Francisco. Berlin est chargé de composer à nouveau une série de chansons originales. Il s’agit du deuxième film consécutif où il fournit la partition complète pour Astaire-Rogers. Le défi est de se renouveler après Top Hat tout en conservant la même alchimie. Berlin trouve l’inspiration dans le thème maritime et les ambiances portuaires pour proposer des numéros contrastés : des routines enjouées de claquettes collectives et des duos romantiques. Le film est réalisé par Mark Sandrich, assurant une continuité de style, et sort en 1936 alors que le cinéma musical est à son firmament.

Dans Follow the Fleet, Fred Astaire incarne Bake Baker, un marin de l’US Navy en escale à San Francisco, qui retrouve son ancienne partenaire de danse, Sherry (Ginger Rogers), désormais chanteuse de cabaret. Tandis qu’une romance se ravive entre eux, une intrigue secondaire voit le camarade de Bake courtiser la sœur cadette de Sherry, une jeune prof de musique timide. Le film alterne donc entre l’univers militaire (avec des scènes à bord d’un navire ou sur le quai, les marins en uniforme) et le milieu du spectacle civil (cabaret, répétitions de spectacle). Berlin s’adapte à ces deux tonalités. Il crée par exemple « We Saw the Sea », chant de marche joyeux que les marins entonnent à l’unisson sur le pont, exprimant avec humour leur routine en mer. À l’opposé, pour les moments intimes du couple principal, Berlin offre « Let’s Face the Music and Dance », somptueuse mélodie dramatique qui sert de point d’orgue au film : Bake et Sherry, lors d’un numéro de spectacle, dansent un pas-de-deux élégant sur une scène de théâtre, tentant d’oublier les épreuves à venir (« affrontons la musique et dansons », dit la chanson, insinuant de profiter de l’instant présent malgré l’incertitude). Cette séquence, qui culmine avec Ginger Rogers glissant de façon périlleuse puis rattrapée par Astaire, est l’apogée romantique et technique du film. Berlin propose aussi des morceaux plus légers comme « I’m Putting All My Eggs in One Basket », chanson swing comique que Fred et Ginger chantent en s’essayant à des pas de danse loufoques, jouant délibérément la maladresse pour rire. Le film se conclut par un grand numéro patriotique : « Swinging the Jinx Away », où tout l’équipage, rejoints par les héroïnes, exécute une danse de célébration sur un bateau de guerre – Berlin y mélange style jazzy et chœur militaire. L’ensemble de l’intrigue, ponctuée par des séparations et retrouvailles amoureuses, se déroule sur un ton plus décontracté et blue-collar que Top Hat, mais Berlin réussit à y insuffler autant de variété musicale.

Follow the Fleet connaît un succès public important en 1936, quoique légèrement moindre que Top Hat (du fait peut-être de son atmosphère moins aristocratique). Le public apprécie de voir Astaire et Rogers dans un contexte différent. La critique souligne la qualité des numéros de danse – notamment le final spectaculaire sur « Let’s Face the Music and Dance ». Ce dernier morceau devient d’ailleurs le highlight du film et l’une des plus célèbres compositions de Berlin pour le cinéma. La presse spécialisée note que Berlin a su fournir « un autre lot de chansons gagnantes » et retient particulièrement la beauté mélancolique de « Let’s Face the Music and Dance », qui sort en disque et se classe bien dans les hit-parades. Si aucune chanson de Follow the Fleet ne décroche d’Oscar, l’impact populaire est réel : « I’m Putting All My Eggs in One Basket » devient une expression familière, et « We Saw the Sea » est repris dans les fanfares. Au box-office, le film fait partie des succès de l’année. Certains critiques regrettent cependant un scénario plus faible ou des longueurs dans l’intrigue secondaire, considérant que le film vaut surtout par ses numéros – ce qui, au fond, est un compliment indirect à Berlin.

Avec Follow the Fleet, Irving Berlin confirme que Top Hat n’était pas un coup isolé: il est désormais le fournisseur attitré de mélodies pour Astaire et Rogers, et contribue à définir le style musical de leurs films. La chanson « Let’s Face the Music and Dance » en particulier a une postérité éclatante : reprise par de nombreux chanteurs de jazz, utilisée dans d’autres films, elle devient un standard qui consolide la présence de Berlin dans la culture populaire des années 1930 et au-delà. Sur le plan cinématographique, Follow the Fleet montre qu’un film musical peut sortir des cadres du luxe mondain (propres aux musicals Astaire-Rogers antérieurs) pour toucher un imaginaire plus « américain moyen » (les marins, les filles de petite condition) tout en gardant charme et élégance grâce à la musique. Berlin réussit le mariage du populaire et du sophistiqué. Sa contribution maintient RKO en tête dans la production de comédies musicales de l’époque. Pour lui, l’expérience ouvre aussi la porte à d’autres opportunités à Hollywood en dehors d’Astaire : après deux succès consécutifs, la 20th Century Fox fera appel à Berlin pour des projets plus orientés vers le chant (et moins la danse), tel On the Avenue en 1937.

En résumé, Follow the Fleet consolide l’influence d’Irving Berlin sur le genre du film musical en démontrant sa capacité à se renouveler dans un cadre narratif différent, tout en continuant d’enrichir le répertoire américain de chansons inoubliables.

On the Avenue est un film musical de la 20th Century Fox sorti en 1937, qui marque la première collaboration directe d’Irving Berlin avec ce studio. Contrairement aux films RKO centrés sur la danse, On the Avenue est une comédie musicale plus traditionnelle axée sur le chant, la romance et des éléments de satire du milieu du spectacle. Berlin y voit l’occasion de revenir à un style plus proche de la revue théâtrale, qu’il maîtrise si bien. Le producteur Darryl F. Zanuck souhaite capitaliser sur le prestige d’Irving Berlin: l’affiche du film mettra d’ailleurs en avant « Irving Berlin’s On the Avenue ». Berlin compose plusieurs chansons originales pour le film, tout en autorisant le recours à quelques-uns de ses tubes plus anciens pour enrichir la bande sonore. L’histoire, écrite pour l’écran, parle d’un producteur de revue à Broadway – un univers familier à Berlin – et permet donc des numéros sur scène intégrés à la diégèse du film. La distribution réunit Dick Powell (connu pour sa voix de ténor douce) et Alice Faye, chanteuse-actrice au timbre chaleureux, ainsi que la truculente Ethel Merman en second rôle, ce qui garantit une solide interprétation des chansons de Berlin.

On the Avenue suit Gary Blake (Dick Powell), auteur et vedette d’une revue satirique à Broadway. Dans son nouveau spectacle, Gary parodie une riche héritière de la haute société, Mimi Caraway (Alice Faye), ce qui provoque l’ire de la véritable Mimi lorsqu’elle assiste à la représentation. Outrée d’être tournée en ridicule dans un numéro comique, elle monte sur scène pour confronter Gary, déclenchant une querelle publique… qui évoluera bien sûr en idylle. Tandis que Gary et Mimi tombent amoureux, elle exige qu’il retire le numéro offensant de son show. S’ensuivent des conflits entre l’impératif de liberté artistique de Gary et la sensibilité de Mimi, sous l’œil espiègle de la chanteuse étoile du spectacle, Mona (Ethel Merman), qui a des vues sur Gary. Finalement, après moult péripéties, Gary modifie son spectacle pour le dédier à Mimi avec tendresse, et tout s’arrange. Cette intrigue offre un prétexte idéal pour enchaîner des numéros sur scène (issus de la revue fictive) et en coulisses. Irving Berlin fournit ainsi « He Ain’t Got Rhythm », un numéro jazz endiablé chanté par Ethel Merman dans le spectacle, moquant un professeur terne qui n’a pas le sens du rythme – c’est l’un des moments forts de fantaisie, Merman y déployant sa voix puissante. Berlin écrit également deux douces chansons d’amour pour le couple Powell-Faye : « This Year’s Kisses » et « I’ve Got My Love to Keep Me Warm ». La première est une ballade que le personnage de Gary chante pour déclarer sa flamme à Mimi ; la seconde est une chanson swing enjouée sur le bonheur simple d’être amoureux même en hiver rigoureux – elle est d’ailleurs d’abord interprétée par Alice Faye dans le film, puis reprise par le groupe lors d’un finale. Ces deux morceaux deviennent très populaires en dehors du film : « This Year’s Kisses » sera un succès chanté par Billie Holiday la même année, et « I’ve Got My Love to Keep Me Warm » s’imposera comme un standard saisonnier repris par de nombreux jazzmen. L’intrigue intègre également astucieusement l’auto-référence : dans un segment, on entend Ethel Merman entonner quelques mesures de « Alexander’s Ragtime Band » (clin d’œil méta à Berlin). La satire sociale n’est pas oubliée, via la caricature initiale de Mimi et sa famille ultra-riche – Berlin s’amuse à composer un pastiche de chanson guindée pour cette séquence. On the Avenue se conclut par un grand numéro final de revue où tous les protagonistes s’accordent et où l’amour triomphe, conformément aux canons du genre.

À sa sortie, On the Avenue est bien accueilli par le public et la critique, même s’il n’atteint pas la notoriété des films Astaire-Rogers. Les chansons de Berlin y sont pour beaucoup dans l’appréciation positive : The New York Times souligne « la partition scintillante d’Irving Berlin qui apporte l’esprit nécessaire à cette histoire légère ». En particulier, « I’ve Got My Love to Keep Me Warm » devient un tube immédiat durant l’hiver 1937, largement diffusé à la radio et gravé sur disque, consolidant la réputation du film. Variety complimente la performance d’Ethel Merman et note que son numéro « He Ain’t Got Rhythm » est un point culminant comique. Le duo Powell-Faye convainc également, et leurs duos romantiques touchent le public. Au box-office, le film réalise des résultats corrects, sans atteindre des sommets – il contribue toutefois à la solide vague de musicals de fin des années 30 de la Fox. Pour Berlin, c’est un succès professionnel : Zanuck se félicite d’avoir associé son nom au film. Certains critiques observent que le film recycle la formule de la « romance à Broadway » déjà vue, mais admettent que les chansons de Berlin lui donnent un cachet supérieur. La bande originale du film, rassemblant les nouveaux titres, se vend bien en partitions et disques. Ainsi, On the Avenue remplit son contrat de divertissement chic et sympathique, et assoit Irving Berlin comme un compositeur capable de succès en dehors du duo Astaire-Rogers.

On the Avenue enrichit encore le songbook d’Irving Berlin de deux classiques: I’ve Got My Love to Keep Me Warm, en particulier, deviendra l’une des chansons d’amour saisonnières les plus durables du répertoire américain. Le film montre la polyvalence de Berlin : il passe de la comédie pure (numéro comique de Merman) à la romance sentimentale avec une aisance égale. L’empreinte de Berlin se fait tellement sentir que Fox entreprendra peu après de construire un film entier autour de son catalogue, sans le dissimuler – ce sera Alexander’s Ragtime Band (1938), un pseudo-biopic musical de Berlin. En outre, On the Avenue reflète la tendance des musicals de la fin des années 30 à intégrer la métacomédie (le spectacle dans le spectacle) et une touche de satire sociale : Berlin avait déjà exploré cela sur scène et démontre ici que cela fonctionne à l’écran. Si ce film n’est pas le plus célèbre de la filmographie de Berlin, il consolide sa collaboration avec la Fox et sa présence continue à Hollywood. Sur Broadway, Berlin est absent pendant ces années, mais via le cinéma il continue d’influencer la culture musicale populaire. On the Avenue préfigure aussi les futures revues filmées autour d’un compositeur (Berlin lui-même en aura plusieurs dans les années 40-50). Enfin, le succès de I’ve Got My Love… et This Year’s Kisses confirme que, même après 25 ans de carrière, Berlin sait toujours composer des mélodies qui touchent toutes les générations. En somme, On the Avenue est un jalon sympathique de la carrière d’Irving Berlin, démontrant son talent à unir satire mondaine et romance musicale au cinéma.