Bruxellons! - Histo des musicals - Irving Berlin - La jeunesse
 


La carrière d’Irving Berlin semble illustrer l’adage populaire selon lequel avec un peu de bonne volonté, on arrive à tout. Cet autodidacte qui ne savait pas lire la musique est en effet devenu l’un des compositeurs les plus prolifiques qu’ait connu l’Amérique: on lui doit plus de 1500 chansons….

2.A.1) Une jeunesse marquée par l’exil et la pauvreté

2.A.1.a) Naissance en Sibérie, dans l'Empire russe et exil aux États-Unis

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George M. Cohan

Israel Isidore Beilin est né le 11 mai 1888, dans l'Empire russe, en Sibérie. Il est l'un des huit enfants de Moïse (1848-1901) et de Lena Lipkin Beilin (1850-1922). Son père, hazzan (personne dirigeant la prière chantée de la synagogue) dans une synagogue, a déraciné sa famille pour émigrer en Amérique.

Le seul souvenir qu'Irving garde de cette époque remonte à ses quatre ans : enveloppé dans une couverture, il est assis au bord d’un chemin avec sa famille, contemplant, impuissant, les flammes dévorer leur maison et leur village lors d’un pogrom. Le lendemain du drame, malgré des générations passées en Russie, son père, Moses Beilin, prend une décision irrévocable: tout quitter pour émigrer aux États-Unis. Irving n'a alors qu'environ cinq ans

Le 14 septembre 1893, la famille arrive à New York, à Ellis Island. Ils faisaient maintenant partie de centaines de milliers d'autres familles juives qui auront émigré aux États-Unis à la fin des années 1800 au début des années 1900, fuyant la discrimination, la pauvreté et les pogroms brutaux; y compris les familles de George et Ira Gershwin, Al Jolson, Sophie Tucker, L. Wolfe Gilbert, Jack Yellen, Louis B. Mayer (de MGM), et les frères Warner. Quand ils ont atteint Ellis Island, Israel Beilin a été mis dans un enclos avec son frère et ses cinq sœurs jusqu'à ce que les fonctionnaires de l'immigration les déclarent aptes à être autorisés à entrer dans la ville. Une employée anglicise leur nom de famille Beilin en Baline, et donc pas Berlin!

2.A.1.b) Jeunesse dans une pauvreté extrême ... et pourtant heureuse

Après leur arrivée à New York, la famille Baline a vécu brièvement dans un sous-sol humide, puis a déménagé dans un trois pièces dans le quartier d'immigrants du Lower East Side de Manhattan.

Celui qui était alors devenu Israel Isidore Baline, surnommé «Izzy», grandit dans la pauvreté, mais en garde pourtant de précieux souvenirs. Dans une interview accordée au New York Sun le 24 février 1947, il évoque avec tendresse une enfance heureuse :

« Mes parents étaient pauvres [...] je n'ai jamais ressenti la pauvreté, car je n'ai jamais connu autre chose [...] je n'ai jamais souffert de privations, je n'ai jamais eu froid, je n'ai jamais eu faim, il y avait toujours du pain, du beurre et du thé chaud[...] et j'avais un bon lit. »

Irving Berlin (© «Irving Berlin : A Life in Songs» Philip Furia (1998)

 

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Irving Berlin à 13 ans

Son père, incapable de trouver un travail de hazzan à New York, a pris un emploi dans un marché de viande casher et a donné des leçons d'hébreu sur le côté, pour soutenir sa famille. Il mourra quelques années plus tard, alors qu'Irving avait 13 ans. Sa mère exerce comme sage-femme, aidant les femmes du quartier à accoucher à domicile. Trois de ses sœurs travaillent dans une manufacture d’emballage de cigares, un emploi fréquent chez les filles d’immigrants, tandis que son frère aîné est employé dans un atelier de confection clandestin.

Izzy fait ses premiers pas à la Primary School 147, au carrefour d’East Broadway et de Montgomery Street. Ses instituteurs le décrivent comme un enfant rêveur, peu enclin à l’application, préférant vagabonder dans les rues en fredonnant. Son premier rêve? Devenir dessinateur humoristique.

Sa mère a pris un emploi de sage-femme, et trois de ses sœurs ont travaillé dans une usine de cigares, ce qui était assez commun pour les filles immigrantes.

Son frère aîné travaillait dans un atelier de vêtement assemblant des chemises.

Chaque soir, quand la famille rentrait du travail, ils déposaient les pièces qu'ils avaient gagnées ce jour-là dans le tablier de leur mère.

Dès l’âge de huit ans, il enchaîne les petits boulots après l’école, vendant des journaux à la criée pour The New York Evening Journal. Chaque soir, comme ses frères et sœurs, il rapporte à la maison les quelques cents durement gagnés dans la journée. Un jour, alors qu'il livrait des journaux, selon le biographe et ami de Berlin, Alexander Woollcott, il s'arrêta pour regarder un navire partant pour la Chine et il était si enthousiaste qu'il ne vit pas une grue qui l'a projeté dans l’East River. Sauvé in extremis, il est transporté au Gouverneur Hospital. Là, une infirmière découvre, en ouvrant son petit poing crispé dans son sommeil, cinq pièces de cuivre: le fruit de ses ventes du jour, qu’il avait serré avec acharnement pour ne pas les perdre. Pour alléger un peu le quotidien, il va même jusqu’à vendre, pièce par pièce, les éléments du vieux samovar familial – ce précieux souvenir de Russie que sa mère avait emporté en partant…

L'historien musical Philip Furia écrit que lorsque Izzy a commencé à vendre des journaux dans le Bowery et de Tin Pan Alley où l'industrie musicale s'était implantée, il a plongé dans la musique et les sons provenant de saloons et restaurants qui bordaient les rues bondées. Le jeune Berlin a chanté quelques-unes des chansons qu'il a entendues dans la rue et les gens lui jetaient des pièces de monnaie. Il a avoué à sa mère un soir que sa nouvelle ambition dans la vie était de devenir un serveur, et chanteur, dans un saloon: «Ma, I want to work as a singing waiter» - un métier qui existait alors.

2.A.1.c) Le décès de son père change la donne

Selon son certificat de décès, le père d'Izzy, Moses Baline s’éteint le 19 juillet 1901, terrassé par une bronchite chronique compliquée d’artériosclérose. Deux jours plus tard, il est inhumé au Washington Cemetery, à Brooklyn, laissant derrière lui une veuve et cinq enfants.

Irving, alors âgé de 13 ans, a tout juste célébré sa bar-mitzvah, rite juif marquant son passage à l’âge des responsabilités. Il a terminé l’école obligatoire, mais sa famille, trop modeste, ne peut lui offrir d’études secondaires. Ne voulant pas être un poids pour sa mère, il prend une décision courageuse: quitter le foyer pour tenter, comme tant d’autres jeunes émigrés miséreux, de gagner sa vie par ses propres moyens. Il trouve refuge dans un dépôt transformé en foyer pour enfants d’immigrés sans domicile, en plein cœur du Bowery. L’endroit, à la Dickens, est géré par des tenanciers peu scrupuleux, indifférents aux besoins élémentaires de ces âmes en errance. Deux ans plus tard, il loge tantôt dans des pensions miteuses comme le Cobdock Hotel, tantôt au Mascot, tentant de se frayer un chemin dans cette existence précaire.

Peu à peu, les liens avec sa famille s’effilochent. Sa mère a parfois de ses nouvelles par un voisin, mais Izzy sent qu’il a amorcé un tournant décisif, semblable à celui qu’avait pris son père en quittant la Russie. Désormais, pour le meilleur et pour le pire, il est libre. Libre de s’émanciper des traditions, de s’affranchir des obligations religieuses et familiales et surtout, comme trouver un «vrai boulot» lui semblait hors de question, il était enfin libre de poursuivre son rêve: chanter.

2.A.2) 1901-1910: premiers pas professionnels

2.A.2.a) «Song plugger»

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Irving Berlin à 18 ans

Entre quatorze et dix-sept ans, Izzy traverse des périodes difficiles, vivant de petits boulots et connaissant parfois l’errance. Pourtant, il ne lâche jamais la musique. Il chante là où il le peut: dans les bordels, les maisons de jeu et les fumeries d’opium du Bowery, entouré de noctambules, de piliers de bar et de prostituées. C’est dans cette école de la rue, au cœur des bas-fonds, qu’il forge son instinct musical. Il apprend à reconnaître les chansons qui marquent les esprits, celles qui racontent des émotions universelles, et comprend comment émerger dans cet univers impitoyable. Une chose est sûre, la musique était sa seule source de revenus.

En 1902, une opportunité change la donne: il est engagé comme choriste dans The Show Girl or the Cap of Fortune (), un spectacle de Broadway. Cette première expérience lui ouvre les portes d’un autre monde, bien loin du Bowery et du Lower East Side. Porté par cette nouvelle dynamique, il ose se présenter à Harry von Tilzer, une figure incontournable de la Tin Pan Alley, figure majeure de l’industrie musicale populaire à Manhattan.

Von Tilzer est une légende: il revendique 800 chansons à son actif, dont plusieurs se sont vendues à plus d’un million d’exemplaires. À la tête de sa propre maison d’édition musicale, il cherche de jeunes talents pour promouvoir ses morceaux dans les salles de spectacle et les music-halls. C’est ainsi qu’Izzy décroche son premier vrai contrat dans le métier : song plugger. Pour cinq dollars par semaine, il chante les titres de von Tilzer au Tony Pastor’s Music Hall, un établissement de la 14ème rue où se produit aussi un autre jeune débutant… un certain Buster Keaton.

Peu après, le hasard met sur sa route un musicien ambulant réputé, Blind Sol. Privé de la vue, Sol a besoin d’un guide pour l’accompagner de restaurant en saloon. Izzy saisit l’occasion et devient son accompagnateur, mais aussi son élève. Aux côtés de Blind Sol, il affine son chant et se fait peu à peu un nom en tant que chanteur itinérant de ballades populaires. Grâce à la réputation de son mentor, il accède à des établissements où il n’aurait jamais pu entrer seul. Entre deux prestations, il s’essaye au piano et commence à se faire remarquer dans le Bowery… puis au-delà.

Parallèlement, il chante aussi dans les nickelodéons, ces petites salles de cinéma muet qui attirent les foules. Chaque expérience le rapproche un peu plus de son avenir dans la musique.

2.A.2.b) Parolier au Café «The Pelham»

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Pelham Cafe

En 1905, il réalise un rêve d'enfance en décrochant un emploi à temps plein comme serveur et chanteur au célèbre Café Pelham, propriété de «Nigger» Mike Salter. Situé au 12, Pell Street, en plein cœur de Chinatown à New York, cet établissement combine un bar animé, une piste de danse où les serveurs circulent en chantant, une arrière-salle équipée d’un piano, ainsi qu’un bordel à l’étage. Izzy y gagne 7 dollars par semaine, auxquels s'ajoutent les pourboires.

Le Café Pelham jouit d’une réputation sulfureuse: il est considéré comme le quartier général de deux gangs et d’un réseau de trafiquants d’opium. Les touristes et les membres de la haute société en quête de sensations viennent s’y encanailler. Son principal concurrent, le Callahan’s Dance Saloon, est lui aussi un repaire de gangs, et les rivalités entre mafias italiennes, irlandaises, juives et chinoises font de ce quartier un lieu particulièrement dangereux.

Des années plus tard, Izzy évoquera cette période en déclarant: «J’ai fait mon éducation musicale dans le Bowery, mais je ne me suis jamais mêlé aux durs, ceux qu’on appelait les gorilles. Je me contentais de faire mon travail.»

C’est dans ce café qu’à 17 ans, il découvre la musique syncopée, jouée par le pianiste afro-américain Luckie Johnson. Cette révélation influencera profondément ses futures compositions.

Chaque jour, après la fermeture du Café Pelham à six heures du matin, le jeune Baline s’attarde dans l’arrière-salle, où il s’installe au piano et commence à improviser. C’est ainsi qu’il apprend à jouer, en autodidacte, sans jamais prendre de cours ni apprendre à lire la musique. Il joue exclusivement à l’oreille, privilégiant les tonalités de fa dièse majeur et fa dièse mineur.

Le samedi 18 novembre 1905, le prince Louis de Battenberg – petit-fils par alliance de la reine Victoria et beau-frère du tsar de Russie – sort d’une représentation théâtrale et décide de prolonger la soirée avec des amis. Accompagné de deux gardes du corps, il se rend au Café Pelham. À la demande des membres de sa suite, Mike Salter fait venir ses serveurs chanteurs. Parmi eux se trouve Irving Berlin. Après avoir été servi et diverti par les prestations vocales du jeune homme, le prince s’approche pour lui offrir un pourboire. Mais Irving Berlin refuse poliment, lui répondant: «Non, Sire, ce fut pour moi un honneur de chanter pour vous.» L’épisode est relayé dans la presse, qui met en lumière ce jeune chanteur et serveur ayant attiré l’attention du prince.

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Marie From Sunny Italy

À cette époque, les titres des chansons jouées dans les cafés influencent le choix des clients. Le Callahan’s Dance Saloon, concurrent direct du Café Pelham, attire la clientèle italienne avec My Mariucci Take a Steamboat.

Izzy relève alors le défi de composer une chanson dans le même esprit pour le Café Pelham. C’est ainsi qu’il écrit Marie from Sunny Italy. Ne sachant pas écrire la musique, il fait appel au pianiste Professor Mickael «Nick» Nicholson, qui transcrit la partition. Joseph Stern, éditeur de musique de Tin Pan Alley, achète les droits pour 65 cents. En tant que parolier, Izzy perçoit 37 cents de royalties. La chanson est publiée en 1907 et vendue à 10.000 exemplaires, rapportant à Stern un bénéfice d’un cent par partition. Un détail anecdotique scelle alors son destin: le graphiste chargé de la couverture de la partition orthographie mal son nom, inscrivant «» au lieu de «I. Berlin». Ce hasard lui inspire une idée: Israël Baline devient officiellement Irving Berlin, un nom qui sonne plus américain, qu’il adopte définitivement pour sa carrière.

2.A.2.c) Premiers succès

À la fin de l’année 1907, le propriétaire du Café Pelham, Mike Salter, lui accordant toute sa confiance, confie à Irving la surveillance de la caisse. Épuisé par sa longue journée, le jeune homme s’assoupit un instant. À son retour, Salter, en état d’ébriété, constate la disparition de 25 dollars – l’équivalent de 600 dollars aujourd’hui – et, sans chercher à comprendre, congédie Izzy sur-le-champ. Ce renvoi, qui aurait pu être une tragédie, devient en réalité une opportunité en or. C’est ainsi qu’Irving Berlin quitte Chinatown et le Café Pelham pour s’ouvrir les portes d’un monde plus raffiné et plus prometteur: il trouve un emploi mieux rémunéré et aux horaires plus confortables dans l’un des clubs les plus huppés de New York, le Jimmy Kelly’s Folly, situé sur la 14ᵉ rue, non loin du légendaire Tony Pastor’s Music House, berceau du music-hall américain.

Là, son talent commence à éclore. Avec l’aide du pianiste du Jimmy Kelly’s, il compose The Best of Friends Must Part, puis écrit les paroles de Queenie sur une musique de Maurice Abrahams. Ces premiers essais n’obtiennent qu’un succès local, mais l’ascension d’Irving Berlin est en marche. C’est avec Dorando, une chanson inspirée du coureur italien Dorando Pietri, injustement disqualifié du marathon des Jeux olympiques de 1908, que Berlin connaît son premier véritable triomphe. L’affaire passionne les New-Yorkais et fait l’objet de discussions dans tous les saloons. Flairant le potentiel de la chanson, Irving se rend chez Ted Snyder, propriétaire d’une maison d’édition musicale, où il est reçu par Henry Waterson. Ce dernier, séduit par les paroles, accepte de publier Dorando dès qu’une mélodie lui sera trouvée. Une fois la musique composée, Waterson achète la chanson pour 25 dollars – une somme dérisoire, puisque Dorando rapportera finalement 25 000 dollars à la maison d’édition ! Mais qu’importe : ce succès fait connaître le nom d’Irving Berlin et lui ouvre de nouvelles portes.

Prenant conscience de ses lacunes en solfège et en théorie musicale, Berlin veut affiner son art. Jusqu’alors, il se contente de fredonner ses mélodies, laissant des pianistes les transcrire en partitions. Mais il se heurte à un problème: ces transcriptions n’intègrent pas toujours avec fidélité les subtilités de sa musique. Il lui faut un collaborateur capable de saisir l’âme de ses compositions. Après plusieurs essais infructueux, il trouve enfin son alter ego musical en la personne du pianiste Edgar Leslie. Leur collaboration s’avère fructueuse et donne naissance à Sadie Salome (Go Home), une chanson inspirée de la Danse des sept voiles de Salomé de Richard Strauss. Ce morceau, qui met en scène la détresse d’un certain Moïse face à la volonté de sa bien-aimée Salomé de se produire sur scène dans une tenue légère, rencontre un joli succès, s’écoulant à 3 000 exemplaires. Il est suivi d’une valse, Just Like the Rose, qui confirme l’essor du jeune compositeur.

En 1909, grâce aux succès de Dorando et Sadie Salome (Go Home), Irving Berlin franchit un cap décisif. Il est engagé par Ted Snyder comme auteur-compositeur et song plugger, avec un salaire fixe de 25 dollars par semaine, assorti de royalties. Pour la maison Snyder, il compose plusieurs titres sur commande, transcrits par Edgar Leslie. Parmi eux, Everybody’s Doing It Now et surtout l’irrésistible My Wife’s Gone to the Country (Hurrah! Hurrah!), une chanson humoristique qui fait sensation. En quelques jours, elle s’écoule à 300 000 exemplaires, devenant un véritable phénomène. Ce succès retentissant rapporte à Berlin 6 000 dollars de royalties, lui permettant d’accéder à une vie plus confortable : il s’offre son propre appartement et peut enfin s’habiller avec élégance.

Mais ce qui frappe chez Irving Berlin, c’est son extraordinaire capacité à capter l’essence du melting-pot américain. Son inspiration ne se limite pas à son propre héritage juif: il compose aussi pour ses voisins

  • italiens (Marie from Sunny Italy, 1907),
  • allemands (Oh, How That German Could Love, 1910),
  • Afro-Américains (Colored Romeo, 1910)
  • Irlandais (Molly-O!, 1911).

Sa popularité grandissante attire l’attention de la Columbia Records, qui lui propose un contrat d’enregistrement. Son premier disque, Oh, How That German Could Love, est mis en boîte, mais l’expérience s’avère décevante: sa voix passe mal à l’enregistrement, et il n’y aura pas de second essai.

Qu’à cela ne tienne, Berlin ne cesse d’innover. En 1910, il investit 100 dollars dans un piano-transpositeur de la Calvin Weser Company. Ce génial instrument lui permet de jouer dans différentes tonalités sans changer sa technique, brisant ainsi les limitations de son jeu en fa dièse majeur et mineur. Grâce à cet outil, il enrichit ses mélodies et gagne en indépendance face aux pianistes-transcripteurs.

Irving Berlin n’est plus un simple chanteur de saloon: il devient un véritable artisan de la chanson populaire, un compositeur de talent dont le nom commence à résonner bien au-delà des frontières de Tin Pan Alley. L’Amérique musicale vient de trouver l’un de ses plus grands ambassadeurs.