1.3.
1814-1815
Congrès
de Paris & Vienne

 1.4.2.A.
1815-1848
«Vormärz»
Restauration»)

 1.4.2.D.1.
1815-1848
Révolutions de
1815-1829

 2.
1848-1898
Les années Elisabeth

Si le choix d’une politique sociétale «réactionnaire», souhaitant le maintien ou le rétablissement de l’organisation en place au XVIIIème siècle, ne fait aucun doute, au niveau économique, c’est un peu le contraire. Les allemands vont aller de l’avant. Deux aspects illustrent cette démarche: le Zollverein et la révolution industrielle.

C) Le Zollverein et la révolution industrielle

C.1) Le Zollverein

Cette démarche économique «moderniste» va arbitrer entre deux options de construction d’une nation allemande. Pour comprendre ce qui se met en marche – et dont l’économie va être l’outil principal – il faut garder à l’esprit les trois points suivants:

  1. Comme nous l’avons vu, et comme le montre la carte ci-contre, le Congrès de Vienne avait créé trois pôles à la germanité: l’Empire d’Autriche, la Prusse et la «Troisième Allemagne» (les autres états allemands).
  2. La Confédération Germanique () a des frontières «bizarres» par rapport à des pays comme la Prusse et l’Empire d’Autriche, dont une partie des territoires font partie de la Confédération et une autre partie en sont exclus…
  3. Il existe deux projets d’unification de la nation allemande:
    • La «Grande-Allemagne»
    • La «Petite-Allemagne»

«Grande Allemagne»
qui englobe l’Autriche
et qui serait dominée par elle…

«Petite Allemagne»
qui exclut l’Autriche
et qui se formerait autour de la Prusse.


La Confédération Germanique est constitutionnellement dirigée par l’Empire d’Autriche. La réponse de la Prusse va être claire: elle va mener une politique volontariste d’union douanière, le Zollverein.

La Confédération Germanique prévoyait l'harmonisation des accords commerciaux entre les différents États mais elle ne va pas y arriver. Presque chaque État a son système douanier et ses barrières douanières (protectionnisme) freinant le développement industriel, en pleine explosion (révolution industrielle en Angleterre). En 1820, il y a en «Allemagne» 57 tarifs douaniers différents et 123 devises!!!

La Prusse va jouer un rôle central dans ce processus. La raison première est que son territoire est éclaté. En 1818, la Prusse supprime toute barrière douanière interne et applique un tarif douanier commun à toutes ses frontières extérieures.

Le gouvernement prussien de l'époque tente de rallier des États à son système douanier. Le premier succès vient avec le Hesse-Darmstadt qui rejoint l'union à la surprise générale en 1828.

Il est bientôt rejoint par la Bavière (Patrie d’Elisabeth) et le Wurtemberg. Au début de l’année 1834, le Zollverein rassemble la plus grande partie de l’Allemagne centrale et méridionale.

Ce ne sera qu’en 1854 que le Hanovre et le Brunswick rejoindront le Zollverein (de par le contact avec la mer, ils avaient intérêt à garder leur système particulier).

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Sur la carte ci-contre, on voit deux groupement d’États:

  1. La Confédération Germanique ()
  2. Le Zollverein à partir de 1854

Et quand on compare la carte du Zollverein avec celle du «rêve Petite-Allemagne », il y a peu de différences.

Dans cette union douanière, une absence est remarquée, celle de l'Autriche. C'est que la plupart des Allemands, à commencer par les Prussiens, n'ont aucune envie d'intégrer dans leur projet un empire multiculturel qui compte de très importantes minorités non-germaniques (Slaves, Hongrois, Italiens, Roumains...).

L'Autriche, fâchée d'être exclue du jeu, ne va avoir de cesse de l'entraver mais sans succès.

La Prusse, avec son union douanière, le Zollverein,
a marqué un premier pas vers la «Petite-Allemagne».


Mais le fossé va continuer à se creuser entre l’Autriche et le reste de la «Germanie » potentielle: la révolution industrielle va différencier les deux « camps ».

C.2) La révolution industrielle

À sa création la Confédération germanique est avant tout agricole. L'artisanat, aux méthodes de production traditionnelles, domine encore le paysage économique; les usines modernes sont très rares.

En Grande-Bretagne c'est l'industrie textile qui a mené le changement, en Allemagne les chemins de fer ont joué le premier rôle. La première ligne s'ouvre entre Nuremberg et Fürth en 1835. La croissance du réseau ferré est exponentielle dans les années qui suivent: en 1840 l'Allemagne compte 580 km de lignes, en 1850, on en est à 7.000 km. La demande de transport conduit à la construction de lignes, qui elle-même augmente la demande en fer et charbon.

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L'industrialisation
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La richesse des sous-sols aide l’Allemagne, notamment la présence du charbon dans la Ruhr (la production de charbon allemande égale celle de la France en 1840 avant de la devancer et de devenir 13 fois plus élevée en 1913). À la veille de la guerre mondiale, l’Allemagne produit 60% du charbon mondial (cette production est encore très importante aujourd’hui en Allemagne qui a rejeté le nucléaire). La carte ci-contre est très claire et montre que l’Empire d’Autriche ne dispose pas de ces ressources minière et voit un profond retard industriel s’installer.

Le développement massif des chemins de fer entraine la croissance de la sidérurgie (Krupp) et des industries secondaires: fabricants de locomotives, de machines à vapeurs, … L’industrie lourde (métallurgie, sidérurgie, industrie chimique, armement) est donc centrale dans la révolution industrielle en Allemagne (le textile est considéré comme une industrie légère). L’investissement y est plus coûteux et se fait sur le long terme.

Les paysans, de plus en plus nombreux dans les campagnes grâce à la hausse démographique, se déplaçaient de plus en plus vers les villes où ils cherchaient du travail dans les nouvelles industries. Les entreprises profitaient ainsi d’une main-d’œuvre peu qualifiée, mais disponible en quantité inépuisable. De nouvelles agglomérations urbaines se formaient autour des mines de charbon et des réseaux de chemin de fer.

Le niveau d’éducation y est particulièrement élevé (seulement 20% de la population adulte est illettrée, pour 44% en Angleterre et 46% en France), et le gouvernement met rapidement en place un système de formation technique et un enseignement généralisé.

Le Zollverein, duquel l’Autriche est exclus, et la révolution industrielle, à laquelle l’Autriche participe avec un énorme retard, creusent un fossé entre l’Autriche et les deux autres tenants de la « Germanie », la Prusse et la « troisième Allemagne ».
  • Autriche: géant THEORIQUE ET HISTORIQUE
  • Prusse: géant ECONOMIQUE ET STRATEGIQUE
  • Troisième Allemagne: des pions