1.
946-1848
Avant le règne
de François-Joseph Ier

 2.1.
Acte I
Musical
Elisabeth

 2.2.14.
Acte II Scène 12
Novembre 1888
Si j’étais ton miroir

 2.2.16.
Acte II Scène 14
5 février 1889
Lamentations

 3.
1898-1918
Fin du règne
de François-Joseph Ier

Lieu

Personnages

Pavillon de chasse à Mayerling Mary Vestsera, Rudolf, La Mort, les Anges de la Mort


A) Mayerling - 30 janvier 1889

B.1) La nouvelle parvient à Vienne

Vienne, Palais de la Hofburg, mercredi 30 janvier 1889, onze heures du matin.

Élisabeth a achevé sa gymnastique et dans sa chambre-salon, elle prend sa leçon quotidienne de grec classique en écoutant son professeur lui lire Homère. Ida Ferenczy, maintenant à la fois dame d’honneur et lectrice, l’une des très rares personnes que l’impératrice autorise à entrer dans ses appartements sans être annoncée, frappe à la porte.

Elle est décomposée. D’une voix éteinte, elle dit:

«Majesté, le baron Nopcsa (…) apporte de mauvaises nouvelles de Son Altesse impériale et royale le prince héritier...»


Le baron Nopcsa entre. Il aime l’impératrice comme si elle était sa fille. Il lui parle doucement, avec une intense émotion :

«Majesté... Le prince héritier, Rudolf, est mort... »


Élisabeth fond en larmes. On entend alors un pas rapide et souple venant du salon du petit déjeuner. C’est l’empereur qui vient voir son épouse. C’est Élisabeth qui annoncera à François-Joseph la mort de leur fils.

Les intimes de l’Archiduc, qui étaient au courant de son décès depuis le début de la matinée, ont estimé que malgré sa fragilité, Élisabeth était la seule personne capable d’annoncer au souverain l’horrible réalité avec les mots appropriés.

C’est très signifiant de leur relation…

B.2) Que s'est-il passé?

Le 14 janvier 1889, quelques semaines avant sa mort, le prince héritier offre à Mary Vetsera une alliance en or, sur laquelle est gravée l’inscription ILVBIDT, c’est-à-dire «In Liebe vereint bis in den Tod» («Unis par l’amour jusque dans la mort»). Ceci semble démontrer que leur relation allait au-delà d’une simple aventure, comme celles que l’héritier avait eues auparavant.

Rudolf adresse cette lettre à son épouse le jour de sa mort:

«Ma chère Stéphanie, tu es délivrée de ma présence et libérée du fléau que je suis. Sois bonne pour la pauvre petite. Je vais calmement vers la mort qui seule peut sauver l’honneur de mon nom. Je te serre affectueusement dans mes bras. Ton Rodolphe qui t’aime.»


En plus, le 18 janvier 1889, Mary Vetsera avait rédigé son testament. A 17 ans, pourquoi on rédige son testament? Parce qu’on couche avec un syphilitique? Parce que l’on s’est promis de se suicider ensemble? Ou …

  Mercredi 30 janvier 1889  Tôt le matin, Loschek sort de sa chambre tout habillé et ordonne à son valet Rudolf de faire atteler les chevaux. Un peu plus tard, on entend deux coups de feu. L'odeur de poudre est perceptible. La porte de la chambre étant fermée à clé, Loschek attend que le Comte Hoyos et le prince de Cobourg arrivent de Vienne. Ce n'est que maintenant que Loschek explique que le prince héritier n'est pas seul. La porte est cassée. Rudolf et Mary sont complètement habillés et morts sur le lit. Il y a une note sur la table de chevet de Rudolf avec les mots:

«Cher Loschek! Trouvez un ecclésiastique et laissez-nous être enterrés dans une fosse commune à Heiligenkreuz.»


Le médecin personnel de Rudolf, le Dr. Widerhofer a appelé pour faire le premier examen des cadavres. Pendant ce temps, Hoyos se précipite à Vienne pour faire son rapport. La plus haute autorité judiciaire décide dans un premier temps de dissimuler la vérité sur le cours des événements - également à l'empereur. Afin de détourner l'attention des événements réels, on parle tout d'abord d'empoisonnement et Mary Vetsera est diffamée comme la séductrice mortelle du prince héritier. La valse des versions débute! Dans la soirée, le cadavre de Rudolf a été amené de Mayerling à Baden dans le plus grand secret, puis à Vienne par train spécial.

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Mayerling

 

  Jeudi 31 janvier 1889  Le matin, l'Empereur est informé pour la première fois par le Dr. Widerhofer de la version suicide. Le monarque s'effondre de consternation. Les autorités essaient toujours de cacher la vérité au grand public: des documents importants sont détruits et des témoins contemporains sont contraints de garder le secret. Néanmoins, les rumeurs du suicide présumé de Rudolf se multiplient. Enfin, au cours de l'autopsie, un trouble nerveux est «diagnostiqué» qui l'a mentalement altéré provoquant une crise de folie qui l'a finalement conduit au suicide. Le suicide de Rudolf peut maintenant aussi être officiellement reconnu.

La veille, le valet Loschek de Rudolf avait caché la Baronne morte dans une pièce immédiatement après le crime. Sa présence doit être tenue secrète, c'est pourquoi la tentative de la mère de Mary de revoir sa fille est empêchée par tous les moyens. Seulement 36 heures après la mort de Mary, sur les instructions des autorités, son corps a été amené en pleine nuit à Heiligenkreuz assise bien droite dans une voiture pour donner l'impression que la baronne se portait bien!!!

  Vendredi 1er février 1889  Tôt le matin, Mary Vetsera est enterrée à la hâte dans un simple cercueil en bois au cimetière de Heiligenkreuz dans le soi-disant «coin des suicidés». Quelques semaines plus tard, sa mère, Hélène Vetsera, fera construire une crypte pour sa fille, dans laquelle Mary est réinhumée.

Ce jour-là, l'héritier du trône est officiellement présenté à Vienne en uniforme de parade: en tunique blanche, avec l'Ordre de Saint-Étienne sur un ruban et des gants blancs. Sa blessure au visage est recouverte d'un moulage en cire.

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Le prince héritier sur son lit de mort

  Samedi 2 février 1889  Le roi de Belgique Leopold II et sa femme Marie-Henriette, les parents de la Stéphanie, la femme de Rudolf, arrivent à Vienne.

  Dimanche 3 février 1889  Le corps de Rudolf est transféré à la chapelle de la Höfburg.

  Lundi 4 février 1889  Toute le journée le peuple de Vienne rend un dernier hommage au Prince-héritier Rudolf à la chapelle de la Höfburg.

  Mardi 5 février 1889  La chapelle est à nouveau ouverte au public de 8h à 12h. Puis un long cortège se dirige vers la crypte des Capucins, dernière demeure des Habsbourg.

 

B.3) Les différentes versions... (enfin quelques-une)

  • Versions officielles initiales:
    • François-Joseph: François-Joseph fait l'impossible pour tenter de cacher la présence de Mary Vetsera aux côtés de son fils. Rapidement, il réunit les personnes qui ont découvert les corps et, tout en leur faisant jurer de ne jamais rien révéler, leur ordonne d’enterrer secrètement Mary. Afin de pouvoir inhumer son héritier en terre consacrée, il rédige un communiqué déclarant que l’Archiduc Rudolf a succombé à une attaque d’apoplexie. Ce qui fait rire tout Vienne
    • Élisabeth: Élisabeth répand autour d'elle la thèse de l'empoisonnement.
  • Version officielle: les autorités changent très vite la version: le prince hériter s’est suicidé lors d’une «crise de folie». Miné par une vie qu'il considère comme un échec, prématurément vieilli par la syphilis, atteint de troubles nerveux aggravés par l'impossibilité de divorcer, il la tue d'un coup de pistolet avant de se tirer lui-même une balle dans la tête.
  • Version assassinat: complot hongrois, assassins allemands, espions à la solde de Bismarck, … Un fait est particulièrement révélateur. En effet, dans un premier temps, l’Église refuse d’inhumer l’héritier chrétien en terre consacrée. Toutefois, le nonce du Vatican reçoit des documents secrets obligeant la hiérarchie ecclésiastique à donner son accord. Quelles informations possédait l’Empereur, qui ont poussé le Vatican à donner une sépulture sacrée à un suicidé? 
  • Version complot: version avancée en 1983 par l’Impératrice Zita (dernière Impératrice (1916-1918) épouse de Charles Ier qui succède à François-Joseph): Rudolf a été assassiné car il aurait refusé de participer à un complot contre son père, complot qui visait à détrôner François-Joseph et à le remplacer, sur le trône de Hongrie par Rudolf, et sur le trône d'Autriche par l'archiduc Jean de Habsbourg-Toscane; Rudolf aurait été informé de certains éléments relatifs à ce complot et aurait été assassiné, afin que les instigateurs ne soient pas inquiétés. Cette thèse est appuyée par exemple par l'historien Jean des Cars, notamment depuis la découverte d'un télégramme de l'empereur adressé au pape Léon XIII, où il explique que son fils a été assassiné. L’Impératrice Zita ne fournit aucun élément permettant d'identifier ces instigateurs mais cite Georges Clemenceau comme homme politique ayant participé à cette conjuration.
  • Version de l’inceste: François-Joseph aurait couché avec la mère de Mary, Hélène Vetsera, et Mary serait donc la demi-sœur de Rudolf. Rudolf l’aurait compris après avoir mis Mary enceinte. Il ne pouvait donc que la tuer et se suicider…

Selon le rapport d’autopsie, le corps de Rudolf présenterait des traces de lutte: des lacérations avaient été découvertes sur plusieurs parties du corps; ses mains très abimées, montraient des signes de lutte. Il aurait même subi un enfoncement de la partie postérieure du crâne, une chose impossible en cas de suicide. Une fenêtre de la chambre avait été défoncée de l'extérieur; le mobilier de la chambre était renversé et fracassé, de larges flaques de sang répandues sur le sol...

Le Premier ministre britannique, Lord Salisbury, informera rapidement la reine Victoria — qui appréciait énormément l'archiduc — que les services de renseignements britanniques détenaient la preuve d'un double assassinat.

Le revolver ayant servi à tuer Rudolf n'était pas celui possédé par le prince impérial et chacune des six balles en avait été tirée.

Etc...

On ne saura donc sans doute jamais ce qui s'est vraiment passé...