1.
946-1848
Avant le règne
de François-Joseph Ier

 

 2.1.6.
Acte I Scène 6
24 avril 1854
Mariage

 2.1.8.
Acte I Scène 8
Printemps 1854
Une obligation: briller

 2.2.
Acte II
Musical
Elisabeth

 3.
1898-1918
Fin du règne
de François-Joseph Ier

Lieu et date

Personnages

Château de Schönbrunn, Vienne
le 27 avril 1854
Lucheni, François-Joseph, Élisabeth, Maximilien, Sophie, la Mort, aristocrates et invités du bal

En fait, comme le laisse croire la succession directe de la scène 6 et de la scène 7, on peut croire que la scène du bal a lieu le soir du mariage à l’église. Il n’en est rien. En outre, au sein de la scène 7, les thèmes de la scène 7c (mariage consommé) sont antérieurs à ceux des scènes 7a et 7b (le bal).
Reprenons la chronologie réelle et tissons les liens avec le musical qui reste très très fidèle à la réalité. Nous en étions à l’échange des consentements le 24 avril vers 19h à l’église des Augustins.

A) Soirée du 24 avril 1854

Après le mariage à l’église, le jeune couple est conduit au palais impérial. Elisabeth est Impératrice et le protocole reprend ses droits: le nullissime ministre des Affaires étrangères Buol (de très mauvais conseil pour la guerre de Crimée), présente au couple impérial les militaires victorieux des années de troubles 1848-1849. Il faut encore tenir pour la présentation des épouses de diplomates dans la salle des fêtes, puis recevoir d’autres félicitations dans la salle des cérémonies. Cela ne finira donc jamais?

Après ces corvées exténuantes, le couple impérial ressort du palais pour retraverser la ville dans un carrosse découvert, tiré seulement par deux chevaux. Tout Vienne en fête lui fait un triomphe. À l’heure du retour à la Hofburg, un souper solennel est servi de dix heures à onze heures du soir. La représentation officielle est terminée.

Place, enfin, à l’intimité pour les jeunes époux, si l’on peut dire…

Comme Sophie l’écrira dans son journal:

«Nous conduisîmes, Ludovica et moi, la jeune mariée dans sa chambre. Je la laissai avec sa mère et m’établis dans le cabinet à côté de sa chambre jusqu’à ce qu’elle fût au lit et je cherchai mon fils et l’emmenai près de sa jeune femme que je trouvai, en lui disant bonne nuit, cachant son joli visage inondé de la profusion de ses beaux cheveux dans son oreiller, comme un oiseau effrayé se cache dans son nid.»

Journal de l'Archiduchesse Sophie


ENFIN SEULS… ENFIN LIBRES…

B) 25 – 27 avril 1854

Dès le lendemain matin, les deux mères viennent surprendre leurs deux enfants – l’Empereur et l’Impératrice d’Autriche – au levé du lit, car le petit-déjeuner DOIT être pris en famille. La solitude est une illusion et la situation politique rend illusoire tout voyage de noce. Chacun des deux époux s’entretient avec sa mère. L’inquisition commence, insupportable, dans le domaine le plus privé. Pour l’archiduchesse Sophie, un tel comportement inquisiteur est on ne peut plus normal. Depuis son propre mariage, elle avait l’habitude de tout gérer dans sa famille, aussi bien la vie de son époux sans caractère que celle de ses quatre fils auxquels il semblait tout naturel de se soumettre à ses exigences.

 Acte I – Scène 7c  
LUCHENI
Approchez-vous, Messieurs! Soyez témoin de la manière dont l’empereur d’Autriche fait de sa fiancée son épouse. La consommation du mariage est essentielle pour la naissance de l’héritier du trône. C’est pour cela, cher public, que cette étreinte est d’intérêt public.
ELISABETH
ON ME REGARDE COMME SI J’ÉTAIS UN ANIMAL RARE
FRANÇOIS-JOSEPH
TU DOIS T’HABITUER À CELA
LORSQUE TU VIS AVEC MOI
ELISABETH
SI TU N’ETAIS SIMPLEMENT PAS L‘EMPEREUR
RIEN NE NOUS SÉPARERAIT

Quoi qu’il en soit, la conclusion est claire: le mariage n’a pas été consommé. On peut imaginer que ce secret, relayé par une domesticité aux ordres, devient très vite un ragot de la Cour.

Le lendemain matin, le 26 avril, rebelotte. Le personnel de chambre aux ordre tout puissants de Sophie, confirme en inspectant les draps. Aucune trace de sang! Rappelons encore qu’Elisabeth endure cela à 16 ans à peine.

Le matin du 27 avril, François-Joseph annonce la bonne nouvelle à sa mère Sophie: cette fois, c’est bon, c’est fait. Mais la nuit de noce a été un carnage. Elle n’est pas une «comtesse hygiénique» et n’a que seize ans.

Ce matin-là, Elisabeth dit à son époux qu’elle refuse d’apparaître au petit déjeuner familial. Elle ne supporte plus ces regards silencieux et inquisiteurs. La discussion a dû être longue et pénible, mais François-Joseph cède et paraît seul, «en attendant que sa chère Elisabeth soit levée». Sophie refuse et exige qu’elle vienne déjeuner, immédiatement. François-Joseph préfère céder et retourne chercher Elisabeth. De ce jour où l’Empereur n’a pas osé désobéir à sa mère dans ces circonstances très particulières, date la rupture définitive entre Elisabeth et Sophie. Meurtrie, humiliée, exhibée comme un objet de curiosité, fond en larmes et Elisabeth s’assoit sans manger. Ils sont mariés depuis trois jours.

«C’est par amour pour lui que j’acceptai de l’accompagner» confiera Elisabeth à une dame d’honneur.

Le soir même a lieu le premier grand bal de la cour. C’est le début de la scène 7 (7a & 7b).

La scène 7a est claire en elle-même. Deux visions de l’avenir idéal d’Elisabeth s’affrontent.

Deux petits coups de projecteurs…

  • Lors du mariage à l’église, le Cardinal-Archevêque Rauscher a été très (trop) bavard comme à son habitude. Et a été déplacé, notamment avec des paroles empruntées à Saint Augustin:
«Quand la femme aime l’homme parce qu’il est riche, elle n’est pas pure car elle n’aime pas l’époux mais l’argent de l’époux. Quand elle aime l’époux, elle l’aime pour lui-même, fût-il pauvre ou riche.»

Cardinal-Archevêque Rauscher

  •  
  •  Acte I – Scène 7a  
    DES HOMMES ARISTOCRATES II
    RAUSCHER A PARLÉ TROP LONGTEMPS

  • Elisabeth est stupéfaite de ce discours alors qu'elle est en train de devenir Impératrice d'Autriche: il rappelle devant tout le monde que sa condition est bien inférieure à celle de l’Empereur. Cela la touche d'autant plus qu’elle n’est pas une femme «intéressée» et a vraiment vécu un coup de foudre.
  • Comme Elisabeth est un choix «inattendu» de l’Empereur, les rumeurs vont bon train pour critiquer ce choix d’Impératrice:

       Acte I – Scène 7a  
      DES HOMMES ARISTOCRATES I & II
      DANS LA SALLE DU TRÉSOR, LA COURONNE EST TOMBÉE À TERRE…
      (…)
      DES FEMMES ARISTOCRATES I & II
      LA JEUNE IMPÉRATRICE A PRESQUE PERDU SON DIADÈME

    • Le 22 avril, lorsque Elisabeth arrive à Schönbrunn, on lui offre une série de cadeaux de bienvenue, tous aussi prestigieux les uns que les autres. L’un d’eux est une couronne d’émeraudes. Mais la tante âgée de François-Joseph qui l’a choisie dans la salle du trésor l’a laissé tomber par terre. Mauvais présage?
    • Comme nous l’avons vu, lorsque à la fin de l’éprouvante «Entrée solennelle» du 23 avril, Elisabeth revient à la Hofburg et trébuche en descendant du carrosse et perd presque son diadème. Mauvais présage?
Dans le musical, La Mort peut prendre différents visages:
  • La Mort proprement dite
  • Le Malheur
  • Le Destin, la Destinée, le présage auquel on n’échappe pas

 

C) Abandonnée

Le 27 avril, un grand bal fut donné à la Cour, dans la Redoutensaal. L’impératrice ouvrit le bal avec le Duc George de Cambridge, au son d'un orchestre dirigé par Johann Strauss II. Elle était vêtue d’une robe blanche, rehaussée d’une ceinture de diamants. Ses cheveux sont ornés d’un diadème, souligné par une couronne de fleurs. Selon un chroniqueur de l’époque, le couple impérial et leurs invités renvoyaient «une image magnifique».

Ce bal clôture les festivités officielles. Au grand désespoir d’Elisabeth, ses proches, parents, frères, sœurs et cousins, regagnent la Bavière. La jeune femme, étourdie par ce qu’elle vit et ce qu’on lui impose, n’a supporté cet enchaînement de corvées que grâce à la présence de visages familiers. Soudain, elle se sent abandonnée et réalise qu’elle est mariée, à l’aube d’une nouvelle existence, qu’elle ne va plus vivre avec sa famille et ne la reverra que lors de visites. Un second adieu à la Bavière, plus contraignant et plus poignant que le précédent.

Mariée? Depuis une semaine? Est-ce possible?

La jeune femme ne décide plus rien, on décide pour elle, ce qui est un bouleversement lourd à admettre. Elle est en perpétuel spectacle et bute sans cesse sur les interdits. Elisabeth est toujours en faute! Entrer sans être annoncée et autorisée dans le bureau de l’empereur? Cela ne se fait pas.

François-Joseph, dont la popularité est en hausse grâce à son mariage, est vite conscient qu’il manque à cette union des moments de véritable isolement et il est très épris de son épouse; il est donc temps que le couple impérial vive enfin sa lune de miel.

Ce sera au château de Laxenburg, à une quinzaine de kilomètres au sud de Vienne, non loin des collines de la forêt qui inspirent tant de ravissantes mélodies et de villages de vignerons.

Enfin, François-Joseph et Elisabeth seront l’un à l’autre, sans trop d’yeux indiscrets. Seuls, dans la nature, loin de la foule, espère l’impératrice qui a beaucoup de mal à endosser ce rôle…

C’est du moins ce qu’elle espère pour sa lune de miel.

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Château de Laxenburg
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C’est au château de Laxenburg, 25 km au sud de Vienne, que François-Joseph et Élisabeth peuvent enfin être presque seuls…

Mais malgré qu’il est en pleine lune de miel, l’empereur ne peut renoncer à ses dossiers: il se rend à Vienne chaque matin et ne revient que le soir. Élisabeth est seule dans la journée… mais toujours surveillée. Pour retrouver son mari, elle ruse !