1.2.
1806-1813
Confédération
du Rhin

 


 1.4.
1818-1866
Confédération
germanique

 2.
1848-1898
Les années Elisabeth

Vont s'enchaîner deux années très agitées qui vont déboucher sur un partage dl'Europe. Ce partage va être la source de contestations et donc de conflits qui ne s'appaiseront vraiment que dans les années 1990, près de deux siècles plus tard.

A) La première fin de Napoléon et Traité de Paris I

En 1814, l'alliance formée entre le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, le Portugal, l'Empire russe, la Suède, le Royaume de Prusse, et l’Empire d'Autriche s'empare de Paris le 31 mars.

Les maréchaux forcent l'Empereur à abdiquer et Louis XVIII est proclamé roi par le Sénat. Napoléon est exilé à l’île d’Elbe dont il est l’Empereur!

Le traité de Paris du 30 mai 1814 fixe les frontières de la France après la première abdication de Napoléon Ier, exilé à l'île d'Elbe. Le Traité de Paris stipule en son article II: «Le royaume de France conserve l'intégrité de ses limites, telles qu'elles existaient à l'époque du 1er janvier 1792. Il recevra en outre une augmentation de territoire [Montbéliard, Mulhouse, une partie de la Sarre, la Savoie et le Comtat venaissin», destinée à ménager les sentiments du peuple français.

B) Les Cent-Jours et traité de Paris II

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Les Cent-Jours
© www.napopedia.fr

À peine arrivée en exil, Napoléon pense déjà à son retour. Il s’attache à embellir l’île et n’est pas en prison, mais cela ne l’empêche pas de s’ennuyer ferme. Au manque d’activités viennent s’ajouter les difficultés financières, sa rente de 2 millions de francs promise par Louis XVIII ne lui étant pas versée. Et, pour couronner le tout, sa femme Marie-Louise et son fils refusent de le rejoindre.

Persuadé que les Français n’adhèrent pas à la monarchie en place et attendent son retour avec impatience, Napoléon profite de l’absence du commandant anglais Campbell, chargé de surveiller l’île, pour s’échapper. Il embarque le 26 février 1815 à bord de L’Inconstant. Le 1er mars, moins d’un an après son départ en exil, il débarque à Golfe Juan, près d’Antibes, avec six autres navires et 1.100 hommes.

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Napoléon accueilli par le 7ème Régiment
mené par le Colonel Charles de la Bédoyère à Grenoble,
le 7 mars 1815, après son évasion de l'île d'Elbe
© «Retour de Napoléon de l'île d'Elbe» - Charles de Steuben - 1818

De Juan-les-Pins, Napoléon emprunte la route des Alpes avec son armée, pour éviter la Provence qui lui est hostile. Sur la route de Grenoble, il rencontre des soldats prêts à l’arrêter, le roi l’ayant déclaré «traître et rebelle». Avec son charisme, il parvient plusieurs fois à rallier ses ennemis avant de gagner Lyon.

Le 18 mars, à Auxerre, il retrouve le maréchal Ney, qui s’est rangé du côté de Louis XVIII comme la majorité des anciens maréchaux d’Empire. Si ce dernier a promis au roi de «ramener l’usurpateur dans une cage de fer», il se rallie finalement à son ancien Empereur.

Deux jours plus tard, Napoléon fait une entrée triomphale à Paris. Au Palais des Tuileries, son ancienne résidence officielle d’où Louis XVIII s’est enfui la veille, les Parisiens l’accueillent avec tous les honneurs. Mais la situation du pays a bien changé. Le peuple aspire à la paix. Les notables au pouvoir ne sont pas prêts à accepter une nouvelle dictature. Napoléon le comprend et tente de mettre en place une monarchie constitutionnelle.

Il constitue un gouvernement et le 1er juin 1815, Benjamin Constant est chargé de rédiger un Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire, instaurant deux assemblées: une Chambre des pairs et une Chambre des représentants.

Malgré ses efforts, Napoléon ne parvient pas à dissiper les craintes que provoque son retour, à l’intérieur mais aussi à l’extérieur du pays. Les grandes puissances, alors réunies au Congrès de Vienne pour réorganiser l’Europe (18 septembre 1814 - 9 juin 1815), le déclarent hors-la-loi. La Septième Coalition (Angleterre, Autriche, Espagne, Portugal, Prusse, Russie, Suède, Pays-Bas, Saxe, Bavière, Bade, Wurtemberg, Suisse, Naples) est déterminée à en découdre une fois pour toutes avec «l’ogre corse».

Conscient de l’affrontement à venir, Napoléon lève des troupes et, à partir du 12 juin, marche vers la Belgique. Il veut à tout prix empêcher les Anglais et les Prussiens de s’unir mais échoue lamentablement sur la plaine lors de la Bataille de Waterloo le 18 juin 1815.

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«Charge Of The French Cuirassiers At Waterloo»
Peinture à l'huile montrant l'une des dernières charges de cavalerie française
contre l'infanterie britannique pendant la bataille de Waterloo
© 1878 - Félix Philippoteaux - Victoria and Albert Museum, Londre.

De retour à Paris, Napoléon est contraint d’abdiquer une seconde fois le 22 juin. Le 8 juillet, Louis XVIII remonte sur le trône. Alors qu’il accueille le Roi à son retour de Gand, le préfet de la Seine Chabrol de Volvic évoque les «Cent jours» de Napoléon, expression passée à la postérité pour désigner le bref retour de l’empereur déchu. Napoléon s’embarque sur le Bellorophon et gagne l’île de Sainte-Hélène où il est fait prisonnier, avant d’y mourir le 5 mai 1821.

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Napoléon à Sainte-Hélène
© 1820 - François Joseph Sandmann - Grand Palais (musée des Châteaux de Malmaison et de Bois-Préau)

Après cette vaine tentative de reprise de pouvoir, Napoléon a laissé la France dans un état pitoyable. Anéantie militairement, elle se voit contrainte d’accepter les dures conditions des Alliés lors du Second Traité de Paris du 20 novembre 1815. Ce deuxième traité se montre beaucoup plus dur à l'égard de la France: elle perd la Sarre, la Savoie et quelques places fortes de l'Est. Elle doit également acquitter une importante indemnité de guerre considérable et subir une occupation militaire. qui symbolise l’effondrement du Premier Empire.

C’est à Louis XVIII qu’incombent les très lourdes tâches de réconcilier les Français – les royalistes veulent assouvir leur soif de vengeance à l’encontre des républicains et bonapartistes – de reconstituer les finances de l’État et de reconstruire le pays.

Le début d’une triste et longue tradition
entre la France et les nations germaniques qui ne s’éteindra qu’en 1945!

C) Oct 1814 - juin 1815 - Congrès de Vienne et partage des pertes napoléoniennes

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«Le Gâteau des Rois»
De gauche à droite: l'empereur d'Autriche, le duc de Brunswick, le tsar de Russie, le prince régent du Royaume-Uni, le roi de Naples, Napoléon Ier et son fils, le roi de Rome. Sous la table, Talleyrand, tenant un portrait de Louis XVIII
© Gravure anonyme - 12 juin 1815 - Paris, musée Carnavalet.

La ville de Vienne est choisie, lors du premier traité de Paris, pour sa position centrale en Europe et en raison du rôle déterminant qu'a joué l'Autriche dans la victoire sur la France.

Tous les souverains, les princes ecclésiastiques et les gouvernements d'Europe sont représentés pour se partager les dépouilles de l'Empire napoléonien.

En réalité, seuls les quatre grands vainqueurs, l'Autriche, la Prusse, la Russie et l'Angleterre prennent les décisions. L’Europe dans laquelle débute Elisabeth a donc été dessinée à Vienne.

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L'Acte Final du Congrès de Vienne
Les signatures, assortis des sceaux respectifs, apparaissent dans l'ordre alphabétique des noms de pays, en français.

La France de Louis XVIII est représentée par le très habile Talleyrand. Il profite de la mésentente des vainqueurs pour imposer la France dans les négociations et lui redonner sa place de grande puissance (on se croitait en 1945 où après Vichy, la France de de Gaulle obtient un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU!).

Le 9 juin 1815 (neuf jours avant Waterloo), le Congrès de Vienne arrive à son terme. Les buts, vers lesquels il tendait, sont atteints à savoir:

  • la restauration de l'équilibre politique tel qu'il était en 1792 (c'est à dire avant la Première Coalition), grâce à la solidarité des monarques régnants et à leur intérêt commun à réprimer les influences révolutionnaires et libérales
  • se préserver d'éventuelles nouvelles entreprises de la France, en créant un ensemble d'États indépendants secondaires, l'entourant à la manière d'un "cordon sanitaire"
Petite disgression ironique: le domino des grands traités «débiles» et d'échanges de «gifles»
Fin du Ier Reich (StERG)
La France bat l’Europe
1805 - Vienne
Suppression Ier Reich
Le Ier Empire français (2 ans) envahit Vienne et supprime le Ier Reich (StERG – 844 ans)
Fin du Ier Empire
L'Europe bat la France
1815 - Vienne
Congrès de Vienne
Fin du Ier Empire français. L’Europe et la France redessinent l’Europe pour effacer la Révolution et ses conséquences: Restauration.
Guerre de 1870
L'Allemagne bat la France
1870 - Versailles
Proclamation IInd Reich
L’Allemagne proclame la naissance de son IIème Reich dans la Galerie des Glaces à Versailles et y supprime le IInd Empire français!!! HUMILIATION
1ère Guerre mondiale
1914-1918
L’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire Ottoman perdent la 1ère Guerre mondiale.
1918 - Rethondes
Armistice signé
L’Allemagne (pas les autres !!!) signe sa reddition dans le wagon-restaurant d’un train…
1918 - Versailles
Traité de «Paix»
En réponse à l’humiliation de 1870, la France fait abolir le IIème Reich dans la Galerie des Glaces à Versailles…. L’Allemagne n’est pas présente aux négociations et on lui impose des réduction territoriale et des réparations de guerre IMPOSSIBLES!!!!
C’est clairement un appel: «Allez, quand on recommence à se taper sur la gueule?»
2nde Guerre mondiale
1940-1945
L’Allemagne perd la 2nde Guerre mondiale.
1940 - Rethondes
Armistice signé
La France signe sa reddition au IIIème Reich dans le wagon-restaurant d’un train… Oohhhhh. Le même qu’en 1918, celui de la fin du IIème Reich!
1945 - Yalta
Conférence de Paix
Les Alliés de la Seconde Guerre mondiale s'accordent pour diviser l'Allemagne en quatre secteurs d'occupation. L'ancienne capitale du IIIème Reich, Berlin, est également concernée par ce plan de partage! Cela débouchera par la séparation de l'Allemagne en deux Etats et même la division de Berlin, symbolisée par un terrible mur...
1989-1990
L'Allemagne bat la France
 
9 nov 1989 - Berlin
Chute du mur de Berlin
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, devant les caméras du monde entier, les Allemands brisent le Mur de la honte qui divise Berlin depuis le 13 août 1961. L'un des grands symboles de la Guerre froide vient de tomber.
3 oct 1990 - Berlin
CRéunification allemande
La réunification de la ville de Berlin intervint le même jour que la réunification du pays, le 3 octobre 1990. Bonn qui fut capitale provisoire de la République fédérale perdit donc ce statut au profit de Berlin, qui reprend son rang de capitale. Moins d'un an après la chute du mur...

Affligeant, non?


Revenons à notre chronologie, nous n'en sommes encore qu'en 1815...

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Europe en 1812

Deux principes vont dominer les négociations du Congrès de Vienne, qui s'étendent sur plus de 8 mois, du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815:

  • établir un équilibre politique en Europe
  • restaurer les dynasties d'avant 1789

Rappelons que c'est durant cette période que Napoléon tente son retour dans ce que l'on appelle les «cent jours»: 20 mars22 juin 1815.

Sur la carte ci-contre, on voit l'Empire Napoléonnien et les très nombreux Etats qu'il gère - appelés Etats associés - en jaune clair sur la carte.

A Vienne, même si plus de dix pays sont représentés, les quatre vainqueurs de Napoléon Ier (Autriche, Prusse, Royaume-Uni et Russie) ont décidé de se réserver les «choses sérieuses». La France, initialement isolée mais représentée par son habile diplomate Talleyrand, réussit à grouper autour d'elle les petits États inquiets des convoitises des grands et elle fait entrer trois autres pays européens, l'Espagne, le Portugal et la Suède. Les trois vainqueurs continentaux (Autriche, Prusse, Royaume-Uni) vont se réattribuer certains territoires comme le montre la carte ci-dessous:

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  • La Prusse s’agrandit d’une partie du grand duché de Varsovie, de la Poméranie suédoise, de plus de la moitié de la Saxe et surtout de la plus grande partie de la Rhénanie. Avec ces acquisitions, la Prusse a gagné définitivement le statut de grande puissance européenne.
  • La Russie voit confirmer sa mainmise sur la Finlande. Elle obtient la tutelle sur la plus grande partie de la Pologne et soustrait la Bessarabie à l’Empire ottoman. Le tsar poursuit ainsi son avancée vers Constantinople.
  • L’Autriche, pour sa part, récupère le Tyrol et reçoit le royaume de Lombardie Vénétie ainsi que la Dalmatie. Ces derniers agrandissements territoriaux donnent à l’Empire des Habsbourg une vocation méridionale et méditerranéenne.
  • La Suède se voit aussi gratifier de nouveau territoires (elle a participé à 3 des 7 coalitions contre les armées napoléoniennes): elle annexe la Norvège au détriment du Danemark qui lui, en compensation, reçoit les duchés de Holstein et Lauenburg.

Il faut maintenant aborder la problématique de la France. Pour comprendre, il ne faut pas oublier que l'habile diplomate français Talleyrand participe aux négociations ce qui va permettre de sauver beaucoup de choses... On peut décrire l'avenire de la France en deux décisions principales:

  • La France même si elle est vaincue, retrouvera ses frontières de 1792.
  • Deux «États Tampons» vont être créés entre la France et ses ennemis d'hier pour éviter toute tentation future:
    • le Royaume des Pays-Bas (réunissant l'actuelle Belgique et les Pays-Bas)
    • le Royaume de Piémont-Sardaigne qui récupère la Savoie, le comté de Nice et s'agrnadit de la région de Gênes
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Les vainqueurs se sont servis, ils ont créé des États Tampons pour se protéger de la France et ... ont été gentils avec ce pays en lui rendant ses frontières de 1792 - grâce à l'habileté de Talleyrand. Mais le Congrès de Vienne va laisser la pénnsule italienne et l'Allemagne morcelées. C'est moins dangereux... Le nouvel ordre européen, dessiné à Vienne, marque la revanche de l’Ancien Régime sur les idéaux de liberté issus de la Révolution Française, et ne répond pas aux aspirations nationales qui grandissent en Europe.

Cette réorganisation partielle de l'Europe va attiser de nombreuses frustrations nationalistes auprès de certains peuples:

  • peuples intégrés de force dans des pays: les Belges (intégrés aux Pays-Bas), les Norvégiens (intégrés à la Suède), les Polonais (intégrés à la Russie et à la Prusse)
  • peuples segmentés: les patriotes italiens et allemands regrettent que leurs nations ne soient pas réunies et restent morcelées
  • peuples rêvant d'indépendance: l'Empire Ottoman s'affaiblit année après année et certains peuples chrétiens y voient un espoir d'indépendance: les Serbes, les Grecs, les Bulgares et les Roumains
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Le Congrès de Vienne a ainsi permis de «stabiliser» la situation européenne: grâce à lui, l'Europe du XIXème siècle ne connaît pas de conflit de dimension continentale. Il faudra attendre pour cela près d’un siècle, en 1914, lorsque l’Empereur d’Autriche-Hongrie, François-Joseph Ier, le mari d’Elisabeth, déclenchera une guerre faisant 20 millions de morts parce qu’un nationaliste serbe (tiens-tiens, le Congrès de Vienne n’est pas loin) a assassiné l’héritier de l’Empire. Cette guerre provoquera la fin de l’Empire des Habsbourg.

Le bateau aura coulé. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes qu’au début du naufrage.

Intéressons-nous maintenant à cette première forme de cohésion germanique qu’est la Confédération Germanique créée lors du Congrès de Vienne.

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