Les adultes ne sont pas nécessairement plus matures que les enfants

À partir d’un tout petit fait tiré du quotidien, Yasmina Reza jubile et trace à la ligne claire et au vitriol, le portrait de bobos satisfaits et sûrs de leurs droits. Le tableau qu’elle nous peint n’est pas joli joli, c’est un carnage. Mais c’est à mourir de rire.


Une dent cassée, et Reza déroule le fil de nos paradoxes : la politesse de façade et la brutalité rentrée, tout le dérisoire des grandes déclarations altruistes qui s’effondrent à la moindre anicroche. Et surtout, sous le vernis, la rage. On se croirait sur les réseaux sociaux.
Au square, Ferdinand attaque Bruno à coups de bâton qui laisse quelques dents sur le béton !
Urbains, cordiaux, les parents se donnent rendez-vous pour régler le litige à l’amiable, entre personnes civilisées !
Mais très vite les sourires se craquèlent et l’atmosphère s’envenime.
Rencontre au sommet entre parents énervés, qui pètent un plomb dès qu’on touche à leur progéniture, leurs habitudes, leurs petites certitudes ou leurs réputations.
La tension va progressivement venir à bout de toutes les bonnes intentions et les digues vont lâcher. C’est la débandade, le chacun pour soi, le conflit ouvert, la guerre de tranchées.

« On vient dans leur maison pour arranger les choses et on se fait insulter, et brutaliser, et imposer des cours de citoyenneté planétaire, notre fils a bien fait de cogner le vôtre, et vos droits de l’homme je me torche avec! » (Etxrait)


CREATEURS
AuteurYasmina Reza 
Mise en scèneArthur Jugnot 
Assistanat mise en scèneBarbara Borguet 
ScénographieSophie Hazebrouck 
CostumesChandra Vellut 
LumièreLaurent Kaye 
AVEC
MichelNicolas Buysse 
AlainThibaut Neve 
VéroniqueAriane Rousseau 
AnnetteStéphanie Van Vyve 
Une production du Théâtre Le Public
Avec le soutien du Tax Shelter de l’état fédéral belge via Beside et de la Communauté Française

Alain : « Vous êtes de la même espèce que Jane Fonda. Vous faites partie de la même catégorie de femmes, les femmes investies, solutionnantes, ce n’est pas ce qu’on aime chez les femmes, ce qu’on aime chez les femmes c’est la sensualité, la folie, les hormones, les gardiennes du monde nous rebutent, même lui ce pauvre Michel, votre mari, est rebuté…
Michel : « Ne parlez pas en mon nom ! »
Véronique : « On se fout complètement ce de que vous aimez chez les femmes ! D’où sort cette tirade ! Vous êtes un homme dont on se fout royalement de l’avis !
Anne : « Elle hurle. Quartier-maître sur un thonier au dix-neuvième siècle ! »
Véronique : «Et elle, elle ne hurle pas ?! Quand elle dit que son petit connard a bien fait de cogner le nôtre ? »
Annette : « Il a bien fait, oui ! Au moins on n’a pas un petit pédé qui s’écrase ! »
(Etxrait)


Avec Le dieu du carnage, Yasmina Reza livre une de ses peintures les plus drôles et les plus tragiques de la nature humaine. On y rit énormément et d’autant plus fort qu’on ne cesse (si on a un minimum de bonne foi) de se reconnaître dans telle ou telle attitude. Ou (si on est persuadé de sa propre perfection) d’y reconnaître les défauts de telle ou telle connaissance. C’est d’ailleurs tout le problème des deux couples qui veulent bien admettre (du bout des lèvres) quelques petites imperfections mais n’entendent pas que d’autres les aient remarquées tandis qu’eux-mêmes trouvent normal d’asséner leurs vérités à leurs interlocuteurs.
Formidablement interprété par Ariane Rousseau et Nicolas Buysse (les Houllié) et Thibaut Nève et Stéphanie Van Vyve (les Reille), ce Dieu du carnage, mis en scène par Arthur Jugnot, est une vraie réussite faisant hurler de rire tout en mettant à nu toutes les vanités humaines.

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Jean-Marie Wynants - Le Soir - 30/05/2023

a pièce est, cette fois, portée à la scène par son compatriote Arthur Jugnot et interprétée par un quatuor de choc : Nicolas Buysse (Michel), Thibaut Nève (Alain), Ariane Rousseau (Véronique) et Stéphanie Van Vyve (Annette).
Si la plume de Yasmina Reza est redoutable d’efficacité avec ses joutes et répliques suintantes de vérité, la pièce s’effondrerait sans une interprétation irréprochable. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que les quatre comédiens assurent d’une main de maître. Chacun, impeccable dans son rôle de parent et conjoint, participe à une terrible partition : celle de la Vie, où, tôt ou tard, les verrous sautent pour libérer le “Dieu carnage” tapi en chacun de nous.

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Stéphanie Bocart - La Libre Belgique - 09/06/2023

On jubile, on se choque, on ouvre grand la bouche, on admire, on passe un moment absolument ravissant. La mise en scène d’Arthur Jugnot et la scénographie de Sophie Hazebrouck ont été particulièrement ingénieuses. A cela se rajoute, la complicité et le plaisir manifeste que les quatre interprètes prennent à se jeter les pires atrocités au visage. Révélant ainsi tout le comique de situation sans cesse poussé à son paroxysme. Que ce soit lors du début des échanges frisant le ridicule à coup de niaiseries psycho-pédago bien sous tous rapport, jusqu’à l’apogée de ces couples explosant en plein vol. Ivres d’un instant de pur chaos et profitant de cette anarchie momentanée pour régler leurs comptes à base de coup bas et d’attaques frontales.

Le Dieu du carnage est une comédie à ne pas manquer. On en ressort heureux d’avoir ri à s’en décrocher la mâchoire et léger de cette folle catharsis qui aura eu le mérite de nous faire oublier nos tracas du quotidien…en tous cas pendant plus d’une heure. Et ça, c’est extrêmement jouissif.

Sara Cernero - Le Suricate Magazine - 22/05/2023

Arthur Jugnot met en scène "Le dieu du carnage", de Yasmina Reza, comme un match de catch à quatre.
L’efficacité d’un tel texte dépend aussi largement de la capacité des comédiens à jouer au même diapason. Stéphanie Van Vyve (sublime en bourgeoise coincée que l’abus de rhum va désinhiber), Ariane Rousseau, Thibaut Neve et Nicolas Buysse sont excellents de bout en bout. Et donneraient presque envie de les rejoindre sur scène pour s’engueuler avec eux.

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Eric Russon - L'Echo - 10/06/2023

Toute la presse :


Rien encore sur ce spectacle

Michel : « Moi je dis, le couple, la plus terrible épreuve que Dieu puisse nous infliger. »
Annette : « Parfait. »
Michel : « Le couple, et la vie de famille. »
(Etxrait)



Version pleine page (seule version disponible monde Apple)

Michel : « Je vais vous dire, toutes ces délibérations à la con, j’en ai par-dessus la tête. On a voulu êtres sympathiques, on a acheté des tulipes, ma femme m’a déguisé en type de gauche, mais la vérité est que je n’ai aucun self-contrôle, je suis un caractériel pur. » (Etxrait)


Pour la deuxième fois, Arthur Jugnot vient faire une mise en scène au Public. Et pourtant, une fois dans nos murs, c’est comme s’il avait toujours été là. Ouvert, sympathique, accueillant, il nous connait déjà toutes et tous et a accepté de répondre à nos questions en "collègue" avec précision et confiance. Cette interview est l’occasion de faire plus ample connaissance avec lui avant de le revoir sans doute dans un prochain projet.

Bonjour Arthur, pour ta deuxième mise en scène au Public, nous aurions aimé que nos spectateurs puissent faire ta connaissance. Peux-tu nous dire ce que tu as envie qu’ils sachent de toi ?
Oh là là, quelle question… c’est très bizarre de devoir parler de soi comme ça. Je n’aime pas trop parler de moi. Mais j’aime bien Michel (Kacenelenbogen) et je veux bien parler de lui. C’est un copain et je suis content d’être ici et d’avoir l’occasion de travailler avec des gens que j’aime. Lui et moi, nous avons la même vision du théâtre. Ce qui nous motive ce sont les spectacles qui arrivent à être populaires sans être populistes. Ce que les Chiche Capon, ce trio de clowns modernes, appellent des spectacles intelligents pour les gens qui n’ont pas envie de réfléchir. Une forme de culture indolore, en quelque sorte, qui percole les spectateurs sans qu’ils aient trop d’efforts à fournir. J’adore divertir les gens et qu’ils sortent avec un quelque chose en plus. Si à l’issue de la représentation, les spectateurs ont envie de parler de ce qu’ils ont vu, d’échanger et d’y réfléchir, je pense que j’ai réussi quelque chose. Comme Michel, je suis comédien, metteur en scène, directeur de théâtre. Ça aide à se comprendre, on parle le même langage. On est passionnés par l’univers du théâtre dans son ensemble. On aime tout, des projecteurs à la tournette, en passant par les acteurices, bien sûr. Dans Le Dieu du carnage, nous avons la chance de travailler entre gens passionnés. La rencontre est aussi riche au niveau artistique qu’au niveau humain. Je suis arrivé pour la première fois au Public grâce à Tania (Garbarski) et Charlie (Dupont) que j’avais mis en scène dans Les émotifs anonymes de Jean-Pierre Améris et Philippe Blasband. Cette fois, je reviens dans Le Dieu du carnage avec une toute autre équipe et un tout autre univers et j’espère avoir l’occasion d’en mettre encore bien d’autres en scène.

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