3.
Une aventure
humaine

 4.2.
XVème et XVIème siècles
Colonies de pêche
européennes

 4.3.
1608-1763: domination
3. 4 guerres intercoloniales
B) 1702-1713: guerre de succession d'Espagne
& Traité d'Utrecht

 4.3.
1608-1763: domination
3. 4 guerres intercoloniales
D) 1754-1763: guerre de
Sept Ans
& Traité de Paris

 4.4.
1763-1867: domination
Domination de l'Empire
britannique

 

 

C) 3ème guerre intercoloniale: Guerre de succession d'Autriche et Traité d'Aix-la-Chapelle

C.1) La guerre: Guerre de Succession d'Autriche (1744-1748)

La Pragmatique Sanction

La disparition de Charles II en Espagne et le conflit engendré pour le contrôle de son héritage ont marqué Charles VI qui désire éviter pareil sort à ses propres domaines. Son frère aîné, Joseph Ier, est mort sans héritiers mâles, et son propre mariage n'a, pour l'heure, donné aucun enfant.
Le 19 avril 1713, l'Empereur édicte la Pragmatique Sanction qui modifie les dispositions successorales prises par son père, dix ans plus tôt. En premier lieu, le domaine des Habsbourgs devient indivisible. De plus, non seulement les femmes sont déclarées aptes à succéder dans les différents royaumes qu'il possède alors, mais ce sont ses filles à naître, et non celles de son frère aîné, qui auront la primauté dans l'ordre de succession, le cas échéant.
Les nièces de l'empereur, Marie-Josèphe d'Autriche (1699-1757) et Marie-Amélie d'Autriche (1701-1756), qui se retrouvent exclues de tout héritage dès la naissance du premier enfant impérial, doivent prêter serment de respecter l'édit. À leur mariage, leurs époux sont soumis à la même exigence.
Les États héréditaires adhèrent à ces dispositions, mais certains, dont la Hongrie, négocient des concessions qui y affaiblissent l'autorité royale.
L'empereur ne s'arrête pas là. Il passe près de vingt ans à obtenir, tant bien que mal, la reconnaissance de son édit auprès des Cours européennes.

La guerre de la Succession d'Autriche, qui a duré huit longues années, a révélé l'émergence d'une nouvelle puissance avec laquelle il faudra compter, la Prusse.

  Origines de la guerre  Charles VI de Habsbourg, l'empereur du Saint-Empire germanique et chef de la maison de Habsbourg, est décédé le 20 octobre 1740. Faute de fils pour lui succéder, il était prévu par la "Pragmatique Sanction" du 19 avril 1713 que son héritage pourrait revenir à l'aîné de ses enfants, fût-elle une fille! Pour éviter le morcellement de ses États héréditaires (Autriche, Hongrie, Bohême...) cette ordonnance impériale avait été approuvée seulement du bout des lèvres par les souverains européens.

Charles VI mort, c'est à sa fille aînée Marie-Thérèse que doit revenir l'héritage: elle lui succède donc en Autriche, en Bohême, en Hongrie et dans tous les États héréditaires. Seul le titre d’Empereur du Saint-Empire germanique, réservé exclusivement aux hommes, échappe à l'héritage.. Née en 1717, elle est alors enceinte de son quatrième enfant. Mais l'affaire survient à un moment clé de l'histoire des monarchies.

À Berlin, le Roi de Prusse, Frédéric-Guillaume Ier, surnommé le Roi-Sergent, est lui-même mort le 31 mai de la même année 1740, laissant un petit État de 2 millions d'habitants, mais aussi une armée parfaitement équipée et bien encadrée de 80.000 hommes, encore jamais employée. Son fils lui a succédé sur le trône de Prusse sous le nom de Frédéric II.

Personne n'imagine l'esprit politique qui se cache derrière les bonnes manières de ce jeune homme de 27 ans, amoureux de la philosophie et ami de Voltaire auprès duquel il passera pour un « despote éclairé ».

À Moscou, la tsarine Anna Ivanovna meurt le 28 octobre. Son neveu Ivan IV (1 an) est rapidement éliminé et la fille de Pierre le Grand, Elizabeth Petrovna, devient à son tour tsarine le 7 décembre 1741.

Quand arrive le moment de procéder à l'élection du nouvel empereur du Saint Empire romain germanique, les souverains européens, à commencer par Frédéric II, ne se font pas faute de contester les droits des Habsbourg d'Autriche.

Le nouveau roi de Prusse, Frédéric II, profite de l'inexpérience de Marie-Thérèse pour s'emparer sans coup férir de la riche province autrichienne de Silésie, depuis longtemps convoitée. L'armée qu'il a héritée de son père, Frédéric-Guillaume Ier, passe avec succès l'épreuve du feu en battant les Autrichiens à Mollwitz le 10 avril 1741 malgré la fuite précipitée et honteuse du roi devant le feu et l'avantage numérique en faveur de l'Autriche :

  • les États autrichiens alignent 100.000 soldats pour 14 millions d'habitants
  • la Prusse en aligne 80.000 pour 2 millions d'habitants seulement

  Mésentente dans le camp français  En France, le roi Louis XV et son Premier ministre, le pacifique cardinal Fleury, sont disposés à respecter leurs engagements vis-à-vis des Habsbourg dans un souci d'équilibre européen. Ils ont la conviction que l'Autriche ne représente plus un danger pour leur pays et qu'il ne servirait à rien de l'abaisser. Mais l'opinion éclairée, à Paris, est d'un avis opposé. Les nobles rêvent d'en découdre avec l'ennemie séculaire, héritière de Charles Quint, voire de Charles le Téméraire et des Bourguignons.

Versailles commet l'erreur d'envoyer le maréchal de Belle-Isle à la diète de Francfort pour assister à l'élection du futur empereur par les Grands Électeurs: les archevêques de Trèves, Mayence et Cologne, le comte palatin du Rhin, les Électeurs de Saxe, Bavière, Brandebourg et Hanovre - le neuvième Électeur étant l'archiduc d'Autriche, décédé. Belle-Isle, quinquagénaire beau parleur, était en France l'âme du camp belliciste. À Francfort, où il étale son faste, il outrepasse sans scrupule les consignes de modération de Louis XV.

Il se ligue avec la Saxe, l'Espagne, la Pologne, la Sardaigne et la Bavière contre l'Autriche, chacun des coalisés ayant l'espoir de lui arracher quelques belles provinces. Par un traité signé à Nymphenburg, le 28 mai 1741, lesdits coalisés promettent la couronne impériale au duc de Bavière, Charles-Albert de Wittelsbach. La coalition est complétée par une alliance avec la Prusse signée le 4 juin 1741.

  La guerre de la Succession d'Autriche  Ainsi s'engage la guerre de la Succession d'Autriche, coûteuse pour la France et annonciatrice des malheurs liés à la montée de la Prusse. Les armées françaises commandées par le maréchal de Belle-Isle envahissent la Bohême pour faciliter le couronnement de l'Électeur de Bavière comme roi de Bohème, titre indispensable pour obtenir celui d'empereur. Le 26 novembre 1741, le maréchal Maurice de Saxe, un brillant condottiere (mercenaire) au service de la France, attaque Prague et s'en empare.

L'Électeur de Bavière Charles-Albert tire parti des premiers succès de la coalition pour se faire élire empereur sous le nom de Charles VII en janvier 1742 à la diète de Francfort.

Mais Marie-Thérèse riposte avec une énergie peu commune. Elle se rapproche de l'Angleterre, de la Russie et des Provinces-Unies. Elle détache aussi la Prusse de la coalition en signant avec Frédéric II le 28 juillet 1742, à Berlin, un traité unilatéral par lequel elle lui abandonne la Silésie.

Puis, entraînant derrière elle les nobles magyars, elle chasse les Français de Bohême, saccage Munich et la Bavière et menace même l'Alsace! C'est dans des conditions dramatiques que le maréchal de Belle-Isle doit évacuer la Bohême avec son armée, pendant le rude hiver 1742-1743. Comme un malheur n'arrive jamais seul, le pacifique cardinal de Fleury meurt sur ces entrefaites à 90 ans, le 29 janvier 1743.

Un compromis se dessine. Marie-Thérèse conserverait ses domaines héréditaires, à savoir l'archiduché d'Autriche et les royaumes de Bohême et de Hongrie. Le titre impérial, purement symbolique, reviendrait au duc de Bavière.

Fin du premier acte.

La guerre, hélas, ne s'arrête pas là.

Après la chute de son Premier ministre Robert Walpole en 1742, le roi d'Angleterre George II décide d'intervenir plus activement dans le conflit en faveur des Autrichiens. C'est ainsi que l'armée anglaise bouscule les Français sur le Rhin. Le roi de Prusse, Frédéric II, renoue de son côté avec la France et attaque à nouveau l'Autriche.

Le roi Louis XV se rend lui-même à la guerre comme autrefois son aïeul Louis XIV. C'est là qu'il tombe gravement malade, à Metz, en 1744, et le peuple pleure et prie abondamment pour son rétablissement. Guéri, Louis XV reçoit le surnom de Bien-Aimé, mais sa popularité ne survivra pas au dénouement de la guerre.

Le 11 mai 1745, sur la frontière avec les Pays-Bas autrichiens (l'actuelle Belgique à peu de chose près), près de Tournai, Maurice de Saxe remporte sur les troupes anglo-autrichiennes du duc de Cumberland la victoire de Fontenoy.

Entre-temps, à Francfort, Marie-Thérèse profite de la mort de l'empereur Charles VII de Bavière pour faire élire son mari à la tête de l'empire sous le nom de François Ier en 1745 (on parlera désormais de la dynastie des Habsbourg-Lorraine et non plus des seuls Habsbourg).

Un traité avec Marie-Thérèse est signé par Frédéric II à Dresde le 26 décembre 1745. Il reçoit la confirmation de son annexion de la Silésie et se retire définitivement du conflit, laissant les Français seuls avec leurs problèmes. La France, abandonnée par la Prusse, essuie quelques revers en Italie, tout en combattant les Anglais dans les colonies, en Amérique et aux Indes. Mais le 2 juillet 1747, le maréchal de Saxe bat une nouvelle fois les Anglo-Hollandais du duc de Cumberland aux Pays-Bas, à Lawfeld, en présence du roi. Il redresse avec brio la situation de la France. LOUIS XV SORT ENFIN VAINQUEUR DE CETTE GUERRE GLOBALEMENT ABSURDE. Fin du IIe acte.

  « Bête comme la paix »  Aux négociations de paix à Aix-la-Chapelle, les représentants du roi de France n'en manifestent néanmoins une très grande modération, à la surprise des diplomates. Ils ne réclament aucune annexion de sorte que la Prusse apparaît comme le seul véritable vainqueur de la guerre, avec l'annexion de la Silésie ! D'où l'expression qui fleurit en France et nourrit le mépris des Français à l'égard de leur roi : « bête comme la paix » !

C.2) La paix: Traité d’Aix-la-Chapelle

Le 18 octobre 1748, le traité d'Aix-la-Chapelle met fin à la guerre de la Succession d'Autriche. Cette guerre de huit ans révèle l'émergence d’UNE NOUVELLE PUISSANCE AVEC LAQUELLE IL FAUDRA COMPTER : LA PRUSSE.

  Un traité chahuté  LA GUERRE SE TERMINE SUR UN RELATIF SUCCÈS DES TROUPES FRANÇAISES. Pourtant, à Aix-la-Chapelle, lors des négociations de paix, la France n'exige rien bien qu'elle soit en mesure d'annexer les Pays-Bas autrichiens. En une époque où s'affirment avec force les consciences nationales, Louis XV craint avec raison que des annexions à l'emporte-pièce ne rompent les équilibres diplomatiques et provoquent des conflits en cascade. Mais il pèche par excès de timidité en excluant d'emblée toute forme d'annexion.

La France restitue donc à l'Autriche les territoires conquis aux Pays-Bas ainsi que la Savoie et le comté de Nice. Elle reconnaît au mari de Marie-Thérèse de Habsbourg le droit à la couronne impériale. À la demande de l'Angleterre, elle promet même d'abattre les fortifications de Dunkerque et expulse le prétendant des Stuart !

La diplomatie européenne ne peut toutefois empêcher l'annexion de la Silésie par le roi de Prusse Frédéric II sans justification aucune. C'est une première lourde de conséquences. Elle se renouvellera avec le dépeçage de la Pologne par ses voisins et les révolutionnaires français auront ensuite beau jeu de se référer à ces précédents pour annexer eux-mêmes des États souverains.

Frédéric II apparaît comme le seul gagnant de la guerre. Il illustre les rapides progrès accomplis par la Prusse depuis sa transformation en royaume, en 1701.