1.
Le 11 septembre

 2.3.
Jour 3
le 13 septembre

 2.4.1.
Jour 4: 14/9
DÉPART DU VOL 23
de Continental

 2.4.3.
Jour 4: 14/9
BEULAH ET HANNAH
séparation

 2.5.
Jour 5
le 15 septembre

 3.
Une aventure
humaine


 

A) Épisode 0 - Réouverture

Dès l’annonce de la réouverture de l’espace aérien, le 13 septembre, de manière un peu hâtive, le pilote du Vol 438 de la Lufthansa s’était présenté devant ses passagers logeant au Lions Club de Gander pour leur annoncer que leur avion pourrait sans doute bientôt redécoller, mais vers Francfort leur aéroport de départ et pas Dallas, la destination prévue.

B) Épisode 1 - Séparation

Au milieu de l’après-midi du jeudi 13 septembre, le pilote du Vol 438 de Lufthansa est arrivé avec de bonnes nouvelles au Lions Club, où étaient hébergés ses passagers. Plutôt que de retourner en Allemagne, comme beaucoup de passagers l’avaient craint, l’avion pourrait voler vers Dallas. L’annonce a été accueillie avec des acclamations et des cris de remerciements.

Roxanne et Clark Loper

Trois semaines avant ce fameux 11 septembre 2011, Roxane et Clark Loper avaient quitté leur ranch de la banlieue de la petite ville texane d’Alto et s’étaient lancés dans un voyage pour adopter une fillette de deux ans dans l’ancienne République Soviétique du Kazakhstan. C’était la fin d’un long trajet à travers plusieurs aéroports, puis le long de routes cahoteuses se frayant un chemin à travers les montagnes de l’Oural. Ils ont traité avec des bureaucrates de trois pays différents et ont dépensé leurs économies de toute une vie, tout cela pour le bien d’un enfant dont Roxanne avait vu la photo un jour sur Internet. Chaque minute de ce combat, chaque dollar, en valait la peine, parce que maintenant, en embarquant avec leur fille Alexandra, ils savaient qu’à l’heure du dîner ils seraient à la maison, au Texas. Au cours des heures qui ont précédé le 11 septembre, les jeunes parents et leur fille adoptée avaient volé du Kazakhstan à Moscou, puis de Moscou à Francfort et devaient terminer le voyage avec le Vol 438 de la Lufthansa, un vol direct de Francfort à Dallas. Les attentats du 11 septembre allaient décider autrement…

Les passagers n’auraient que peu de temps pour rassembler leurs affaires avant l’arrivée des bus qui les emmèneraient à l’aéroport. Roxanne et Clark Loper étaient ravis. Lorsque les autobus sont arrivés, les bénévoles du Lions Club de Gander ont formé une haie d’honneur menant à la porte, comme celles à la sortie de la maison communale lors d’un mariage. Alors qu’ils descendaient cette haie d’honneur, serrant les bénévoles dans les bras et remerciant chaque personne, Roxanne et Beth ont été surpris par l’émotion. Ils connaissaient ces gens depuis moins de 36 heures, mais ils faisaient partie de la famille. Bruce MacLeod, le Terre-Neuvien qui avait hébergé les Lokers pendant trois jours, a remis à Roxanne un morceau de papier avec son nom, son numéro de téléphone et son adresse e-mail, et leur a demandé d’appeler quand ils seraient arrivés en sécurité au Texas.

MacLeod voulait encore faire quelque chose avant que ces passagers ne quittent définitivement Gander. Il avait appris que l’un des passagères, une jeune femme de 19 ans originaire d’Inde ou du Pakistan – il ne savait pas de quel pays – avait dépensé la totalité de son argent de poche en ville. Elle allait vivre chez des proches aux États-Unis et ne parlait pas beaucoup anglais. MacLeod attira la jeune femme sur le côté et lui tendit discrètement un billet de 20 dollars américains. La jeune femme semblait confuse.

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Clark et Roxanne Loper, et leur fille

«Je n’enverrais pas ma fille dans un avion sans argent dans sa poche, et je ne vais pas vous envoyer de cette façon-là non plus», lui a-t-il dit. La jeune fille a fondu en larmes et a jeté ses bras autour de lui.

Une fois arrivés à l’aéroport, les passagers du Vol 438 ont été soumis à une série de mesures de sécurité: leurs corps ont été examinés grâce à un stick détecteur de métaux, mais ils ont aussi été fouillés. À partir de là, ils ont été divisés en groupes de quarante passagers. Chaque groupe a ensuite été conduit sur le tarmac, où, à côté de leur avion, se trouvaient tous leurs bagages. Il avait été retiré des soutes et inspecté par des détecteurs de métaux, mais avant d’être remis dans l’avion, chaque passager devait identifier personnellement ses bagages.

Roxanne, Clark et Alexandria étaient dans le dernier groupe. Alors qu’ils indiquaient leurs valises aux bagagistes, Lisa Cox, 18 ans, est arrivée en courant vers Roxanne.

«Cet avion retourne en Allemagne» a-t-elle dit avec enthousiasme.

«Comment ça?» demanda Roxanne.

«Il retourne en Allemagne» répéta Lisa. Le bagagiste là-bas me l’a dit. Roxanne a regardé l’homme que Lisa lui indiquait du doigt et a couru vers lui.

«Où va cet avion?» demanda-t-elle.

«En Allemagne» a-t-il dit.

«En êtes-vous sûr?»

«Oui.»

Roxanne était furieuse. Son mari, Clark pensait que c’était peut-être encore une erreur. Peut-être que le bagagiste avait tort. Il a vu le pilote sur la passerelle menant à l’avion.

«Où allons-nous?» demanda Clark.

«Allemagne», a déclaré le pilote.

«Pourquoi nous avez-vous menti?» demanda Clark avec colère.

«Je ne le savais pas moi-même il y a deux heures » dit-il.

Roxanne se tenait désormais aux côtés de Clark et d’Alexandria.

«Deux heures», éructa-t-elle. «C’est amplement suffisant pour nous prévenir. Pourquoi n’êtes-vous pas venu le dire dans le terminal?»

Roxanne a réalisé que les autres passagers de l’avion ne savaient pas qu’ils allaient en Allemagne. Frustré que son secret ait fui, le pilote a dit à Clark et Roxanne de monter les escaliers et de prendre leurs sièges.

«Que nous arrivera-t-il quand nous arriverons en Allemagne?» demanda Clark.

«Nous en parlerons dans l’avion», a déclaré le pilote.

«Non» rétorqua Clark. «Nous ne monterons pas dans cet avion.»

Au cours des 24 heures précédentes, suite à la première annonce du pilote, Roxanne avait rassemblé les autres passagers pour leur proposer de s’opposer à l’idée de rentrer en Allemagne. Clark était moins catégorique. Si le moyen le plus rapide de rentrer à la maison était de d’abord de retourner en Allemagne, alors il était prêt à l’accepter. Il n’aurait bien sûr pas laissé sa femme et son enfant derrière lui, et il aurait probablement suivi les volontés de sa femme. Mais maintenant qu’il se sentait trahi par les multiples discours du pilote, il était impossible pour Clark d’embarquer sur ce vol.

Un autre couple, Tera et Jason Saarista, qui voyageaient avec leurs deux enfants, ont entendu la dispute entre Clark et le pilote. Ils ont annoncé qu’ils ne monteraient pas non plus dans l’avion. Le pilote a finalement abandonné et a pris la fuite. Les deux familles ont été ramenées à l’aéroport, placées dans une zone de détention et placées sous garde armée.

La situation dans l’avion était sur le point de devenir tout aussi chaotique. Beth et Billy Wakefield avaient été parmi les premiers à monter à bord de l’avion et n’avaient aucune idée de ce qui allait arriver à Roxanne et Clark. Alors qu’elle s’installait dans son siège, Beth a demandé en plaisantant à l’hôtesse de l’air : «Juste pour être sûre, nous allons bien à Dallas?"

«Il y aura une annonce une fois que tout le monde aura embarqué» a déclaré l’hôtesse, le visage sombre.

«Vous soulez dire qu’on va à Francfort?» demanda Beth.

«Il y aura une annonce quand tout le monde sera dans l’avion» a répété l’hôtesse.

Beth a commencé à trembler et son mari, Billy, a commencé à crier sur l’hôtesse et à dire aux autres passagers qu’ils allaient en Allemagne. Dans une autre partie de l’avion, Lisa Cox disait la même chose à sa mère et à sa sœur.

«Descendons de l’avion» a-t-elle dit à sa mère.

La nouvelle s’était répandue parmi tous les passagers que l’avion se dirigeait vers Francfort. Certains étaient debout dans les allées, criant des grossièretés au pilote et à l’équipage. Beth sanglotait de façon incontrôlable. Diana criait. Le pilote criait pour que tout le monde s’installe ou il devrait demander à la police de monter à bord de l’avion pour rétablir l’ordre. Puis une autre voix perça la foule.

«Personne ne veut aller à Dallas plus que moi» a déclaré l’homme. «Ma mère va être enterrée demain. Mais il n’y a rien que nous puissions faire. Maintenant, asseyez-vous et allons-y.»

Les passagers se sont immédiatement calmés. Selon son raisonnement, plus tôt ils rentreraient en Allemagne, plus tôt ils pourraient trouver un autre vol pour les États-Unis. Le pilote s’est adressé aux passagers et leur a dit qu’il ne forcerait personne à aller en Allemagne, et que s’ils voulaient descendre de l’avion maintenant, ils pouvaient le faire. Beth s’est levée. Elle voulait quitter l’avion. Elle tremblait encore et pleurait. Billy l’a suivie avec Diana. Alors qu’il marchait dans l’allée, un des passeurs lui a attrapé le bras. C’était un homme à qui Billy avait beaucoup parlé au Lions Club. Il l’appréciait et l’avait trouvé raisonnable. «Je pense que votre famille devrait rester dans l’avion» a-t-il dit à Billy. Beth était déjà à la porte et Billy l’a suivie. Lisa Cox, quant à elle, suppliait toujours sa mère et sa sœur de descendre de l’avion. Ils ont fini par la convaincre qu’il valait mieux rester à bord.

Les Wakefields ont été escortés jusqu’à la même zone d’attente où se trouvaient déjà Clark et Roxanne Loper ainsi que Tera et Jason Saarista. Beth pleurait encore et Billy était visiblement bouleversé. Aucun d’entre eux ne savait à quoi s’attendre lorsque le pilote est entré.

«Vous avez deux minutes pour décider si vous montez dans l’avion» a-t-il dit, clairement en colère et frustré. «Ensuite, nous partons, que vous veniez ou non.»

Roxanne et Clark avaient déjà pris leur décision, tout comme Tera et Jason. Ils restaient sur place. Beth et Billy, cependant, essayaient toujours de décider. Billy n’arrêtait pas d’entendre les paroles de son ami dans l’avion l’encourageant à rester.

«Je pense que nous devrions partir» a-t-il dit à sa femme d’une voix feutrée. Beth ne savait pas quoi faire. Elle était terrifiée à l’idée que s’ils allaient en Europe, il leur faudrait des jours ou même des semaines pour obtenir un autre vol vers les États-Unis. Elle ne pouvait pas supporter l’idée d’être loin de son fils plus longtemps. Qui savait combien de temps l’espace aérien aux États-Unis pourrait être fermé aux avions étrangers? S’ils restaient au Canada, pensait-elle, ils pourraient toujours rentrer chez eux en voiture.

«Je m’en vais» soupira le pilote. «Faites votre choix maintenant.»

Une fois de plus, Billy a dit qu’il pensait qu’ils devraient partir.

«OK» dit Beth. Ils ont rapidement embrassé tout le monde, dit au revoir et ont suivi le pilote jusqu’à l’avion.

Quelques minutes plus tard, les autres regardaient l’avion rouler au loin. Roxanne pouvait sentir son estomac se serrer alors que les doutes commençaient à s’insinuer. «Oh mon Dieu» se dit-elle. «Qu’est-ce que j’ai fait?» Ils ont observé l’avion accélérer sur la piste, prendre son envol, puis grimper, ses lumières devenant de plus en plus faibles au loin. À peine l’avion a-t-il disparu que Roxanne a ressenti un incroyable soulagement. Tous ses doutes ont disparu. Elle savait qu’ils avaient pris la bonne décision.

Le garde chargé de les surveiller secoua simplement la tête et grimaça. C’était la première personne locale qu’ils avaient rencontrée pendant leur séjour à Gander qui ne souriait pas. Roxanne l’a surnommé «le plus méchant des Canadiens».

C) Épisode 2 - Ceux qui sont restés à Gander

Les responsables de l’aéroport et du gouvernement ne savaient pas quoi faire des passagers du Vol 438 de la Lufthansa qui avaient refusé d’embarquer: les Lopers (Roxanne et Clark et leur fille adoptive de 2 ans, Alexandria) et les Saarista (Tera et Jason, et leurs deux enfants, Colby de 10 ans et Kennedy de 4 ans). Ayant refusé d’embarquer dans l’avion retournant vers l’Allemagne, les deux familles sont restées sous surveillance pendant plus d’une heure. Enfin, un responsable s’est rendu compte qu’ils n’avaient en fait aucune obligation vis-à-vis d’eux et que c’était aux deux couples de se débrouiller pour rentrer chez eux. Par leurs propres moyens. Et ils ont été libérés.

Quand ils ont regagné l’aérogare, cette fois-ci, il n’y avait pas de tables de la Croix-Rouge pour les aider. Pas de sandwichs ou de bouteilles d’eau. Aucun bus scolaire ne les attendait dehors.

Traverser le terminal n’allait pas être facile. Comme les couples n’étaient pas montés dans l’avion, leurs bagages non plus, et ils devaient emporter avec eux. Pour Roxanne et Clark, ce n’était pas un problème, car ils n’avaient que quelques valises. Pour Tera et Jason Saarista, c’était une autre histoire. Sergent dans l’armée des États-Unis, Jason ramenait sa famille d’Allemagne, où il était en poste depuis trois ans. Il devait se présenter à l’école des adjudants en Alabama le 27 septembre. Mais il devait d’abord installer sa famille. Ils avaient onze valises ainsi qu’un chat, dont la SPCA locale s’était occupée.

Fatigués et en colère, avec une montagne de bagages, trois jeunes enfants, un chat, et quatre adultes, dont l’une était enceinte de cinq mois, ils se tenaient au milieu du terminal de l’aéroport à Gander, essayant de comprendre comment ils allaient arriver au Texas, qui sur une ligne droite était à 2,423 miles. Pas de problème, pensa Roxanne.

«Hé, Bruce,» dit-elle, tenant d’une main un téléphone public de l’aéroport et le bout de papier que MacLeod lui avait donné de l’autre. «nous sommes toujours là.» Roxanne a parcouru rapidement les événements des dernières heures.

«Combien sont descendus?» demanda Bruce MacLeod.

«Nous sommes sept», dit-elle. «Et beaucoup de bagages.»

«Je serai là dans dix minutes avec deux fourgons», a-t-il dit.

En moins d’une heure, ils étaient tous assis autour de la table des MacLeod pour essayer de déterminer leur prochaine action. Un appel à diverses compagnies aériennes a révélé que l’espace aérien américain était toujours fermé, ce qui a mis Roxanne et Clark en colère contre la Lufthansa. Comment ont-ils pu promettre de les emmener à Dallas plus tôt dans la journée quand tout a été fermé? Le pilote a dû mentir délibérément pour éviter de se disputer avec ses passagers.

Comme personne ne savait quand les vols à destination des États-Unis reprendraient, les couples ont décidé que leur meilleure option était de rentrer chez eux en voiture. Cela semblait assez simple jusqu’à ce qu’on regarde la carte. Terre-Neuve est une île. Ils devraient parcourir 550km en voiture de Gander à la ville de Port aux Basques, où ils pourraient prendre un ferry pour une «ballade» de 6h bateau jusqu’au port de Sydney, en Nouvelle-Écosse. De là, il y avait encore 650km jusqu’à la frontière américaine dans le Maine.

Ils ont identifié trois problèmes.

Tout d’abord, toutes les voitures de location en ville étaient utilisées.

Deuxièmement, même s’ils trouvaient une voiture de location au Canada, on leur a dit qu’ils ne seraient pas autorisés à faire un aller simple aux États-Unis, ce qui signifie qu’ils devraient se rendre jusqu’à la frontière, y rendre la voiture de location, traverser d’une manière ou d’une autre la frontière et puis, une fois aux États-Unis, louer une autre voiture pour le voyage jusqu’au Texas.

En supposant qu’ils pouvaient résoudre les deux premiers bugs, ils avaient toujours un troisième problème, qu’ils n’ont découvert que lorsqu’ils ont téléphoné pour connaître les horaires du ferry à Port aux Basques. Après avoir communiqué les heures de départ du ferry, l’exploitant les a avertis que le service pourrait devoir être interrompu pendant quelques jours.

«Et pourquoi ça?»

«Eh bien», dit le responsable du ferry, «à cause de l’ouragan.»

D) Épisode 3 - Ceux qui ont pris l’avion

Après avoir volé toute la nuit de jeudi à vendredi, à l’atterrissage à Francfort, Beth et Billy Wakefield se sont demandé s’ils avaient pris la bonne décision. Après avoir attendu plusieurs heures à l’aéroport, un agent de Lufthansa leur a dit qu’il avait de bonnes nouvelles. Il n’a pas pu les ramener directement à Nashville, au Tennessee, a-t-il expliqué. "Mais vous pouvez prendre un vol pour le Canada", a-t-il déclaré. Du Canada, a expliqué l’agent, ils ne devraient pas avoir beaucoup de mal à organiser un vol vers les États-Unis.

Beth n’en croyait pas ses oreilles. C’était une blague cruelle ? Y avait-il des caméras cachées capturant ce moment pour une diffusion à la télé? Ils venaient tout juste du Canada. Quand l’agent a réalisé ce qui était arrivé aux Wakefield, il s’est excusé. Plus que jamais, Beth doutait de leur décision. Leur petite fille, Diana, coupait deux nouvelles dents et allaitait une infection de l’oreille, alors elle pleurait toujours. On aurait dit qu’ils seraient revenus là où ils avaient commencé.

Puis, il y a eu d’autres mauvaises nouvelles. Ils n’ont pas pu prendre de vol le vendredi. Ils devaient passer la nuit. Seulement, il n’y avait plus de chambres d’hôtel dans la ville. On les a emmenées 90 minutes à l’extérieur de Francfort dans un chalet à la campagne. Les Wakefield ne savaient plus où ils étaient.

Samedi soir, ils ont finalement quitté l’Allemagne, cette fois pour de bon. Ils ont volé de Francfort à Chicago et ont pris un vol d’American Airlines pour Nashville. Ils sont arrivés à l’aéroport de Nashville à 8 heures dimanche matin et ont été accueillis par des amis. Quelques heures plus tard, Beth et Billy retrouvèrent leur fils, Rob.

E) Épisode 4 - Ceux qui n’ont pas pris l’avion, suite

Roxanne Loper s’est réveillée vendredi matin en se sentant mal. Elle était pleine de courbatures, sa gorge était douloureuse et son nez semblait être complètement bouché. Infirmière, elle savait qu’elle avait la grippe, et le timing ne pouvait pas être pire. Après avoir refusé de prendre son vol Lufthansa pour l’Allemagne, Roxanne essayait toujours de trouver le meilleur moyen de rentrer chez elle.

Elle et son mari avaient déjà surmonté leur premier obstacle: louer un van. Avec l’aide de Bruce MacLeod, tôt ce matin-là, ils ont trouvé le dernier véhicule disponible à Gander, une fourgonnette de huit passagers avec un téléviseur et un magnétoscope. Et ils avaient besoin d’un Van de cette taille pour accueillir Roxanne et son mari, Clark, et leur fille Alexandria, ainsi que Tera et Jason Saarista et leurs deux enfants. Et surtout, tous leurs bagages…

L’obstacle suivant était le plus délicat. Comme ils ne pouvaient pas traverser la frontière avec le véhicule de location, ils allaient avoir besoin d’aide. Alors que Clark, Bruce et Jason sont allés chercher le Van de Gander, Roxanne a appelé sa mère au Texas pour voir si elle avait une idée. Bien sûr, elle en avait une. Qui pouvait se résumer en deux mots : les Puccis.

Alors que Roxanne et Clark étaient coincés au Canada, Mike et Leslie Pucci avaient appelé la mère de Roxanne pour voir s’ils allaient bien. Roxanne et Clark connaissaient les Puccis parce que les deux couples avaient utilisé la même agence pour adopter leurs premiers enfants. Lorsque les Puccis ont appris que Roxanne et Clark tentaient de trouver un moyen de traverser la frontière, Mike Pucci a offert l’aide de sa mère, Pat Fletcher, qui vit dans le Maine, à environ 80km de la frontière canadienne. Selon le plan, Pat Fletcher et son mari, Frank, retrouveraient les deux familles à St John, au Nouveau-Brunswick — la ville frontalière canadienne la plus proche où la fourgonnette louée pourrait être rendue —, puis ils les conduiraient aux États-Unis, où ils pourraient louer un autre véhicule pour aller au Texas.

Ils n’avaient plus qu’à s’inquiéter de l’ouragan.

L’ouragan Erin avait commencé comme une dépression tropicale au large de la côte ouest de l’Afrique le 30 août. Le 1er septembre, il a été transformé en tempête tropicale, se disloquant et se remodelant à plusieurs reprises alors qu’il traversait lentement l’Atlantique. Le 8, il s’est intensifié en ouragan, générant des vents de 200km/h, ce qui en fait la première tempête majeure de la saison des ouragans. Les responsables du National Hurricane Center de Miami ont publié des avertissements de tempête pour les Bermudes et ont commencé à craindre qu’Erin ne touche les États-Unis. Pendant les trois jours suivants, Erin s’est déplacée le long d’une ligne droite, menaçant les états du nord-est des États-Unis.

Cependant, le matin du 11 septembre, il s’était soudainement détourné des États-Unis et, comme tout le reste dans l’air ce jour terrible, il semblait s’être « détourné » vers Terre-Neuve.

Le vendredi 14 septembre, la dépression s’était quelque peu affaiblie, mais elle était toujours classée comme un ouragan, et si elle persistait à menacer l’ouest de Terre-Neuve, le ferry devrait arrêter ses services jusqu’à ce qu’Erin soit passé. Roxanne et les autres ont malgré tout décidé de continuer leur périple; il leur faudrait au moins 8 heures pour traverser la province jusqu’à la ville portuaire où se trouvait le ferry. Si la tempête se déplaçait de nouveau, ils pourraient prendre le ferry de 8 heures le samedi et, avec un peu de chance, ils pourraient passer aux États-Unis dimanche.

Au moment où ils ont chargé le Van, on aurait dit qu’ils participaient à un exode : il y avait des sacs et des valises attachés sur le toit, tandis que le chat était autorisé à errer librement à l’intérieur du Van. Il pleuvait quand Bruce et Sue MacLeod ont promené les deux familles à l’extérieur pour leur dire au revoir et leur souhaiter bonne chance. Roxanne ne savait pas quoi dire. «Merci» ne semblait certainement pas adéquat. Moins de 72h s’étaient écoulées depuis leur rencontre, et pourtant tant de choses s’étaient produites. Roxanne a rapidement embrassé les MacLeods et a sauté dans le van. Ça devait être un long trajet.