1.
Le 11 septembre

 2.1.
Jour 1
le 11 septembre

 2.2.3.
Jour 2: 12/9
Chiens, chats
et bonobos

 2.2.5.
Jour 2: 12/9
Gérer l'inattendu

 2.3.
Jour 3
le 13 septembre

 3.
Une aventure
humaine


 

Nous avons déjà parlé d’Eithne Smith (), qui a passé presque 24 heures à envoyer des fax depuis l’école de Glenwood dans le monde entier. Les passagers de 4 avions – plus de 650 personnes – avaient été envoyés à Glenwood et à la ville voisine d’Appleton – environ 1.000 habitants au total. Et la majorité des passagers résidaient à l’école.

Alors qu’elle envoyait ses fax, une passagère est entrée dans son bureau:

« Je vous ai regardée toute la matinée résoudre les problèmes des autres. Et maintenant, j’en ai un à vous soumettre »


La passagère a expliqué qu’il y avait dans les passagers de l’école un rabbin orthodoxe, avec au moins deux femmes qui étaient des Juives orthodoxes. Ils n’avaient pas mangé depuis que leur avion avait atterri à Gander 24 heures auparavant parce qu’aucun des aliments disponibles n’était casher. Ils avaient faim mais ne voulaient se plaindre à personne. La passagère a dit qu’elle avait seulement découvert cela quand elle avaient remarqué qu’ils ne mangeaient pas et qu’elle leur avait demandé pourquoi.

Le caractère d’Eithne Smith la poussait à relever le défi. Son prénom, Eithne, est un ancien nom gaélique que sa mère avait toujours aimé. Les deux utilisations les plus récentes de son prénom que Smith avait trouvé étaient pour une religieuse catholique … et un vieux cuirassé irlandais. Son mari plaisantait souvent en disant que sa femme était un mélange des deux… Et il est vrai que dans ces jours qui ont suivi le 11 septembre, elle fut à la fois un cuirassé et une religieuse.

Eithne Smith a promis à la passagère qu’elle réglerait le problème immédiatement. Elle a appelé le bureau du district scolaire, et leur a dit qu’elle avait besoin d’aide. En moins d’une heure, le propriétaire de la compagnie qui fabrique les repas pour les vols à destination et en provenance de Gander s’est rendu à Glenwood avec des repas casher pour plusieurs jours. «Comment saviez-vous que nous avions faim?» demanda le rabbin Leivi Sudak, quand elle vint leur dire que la nourriture était arrivée. Smith lui a dit qu’une passagère l’avait remarqué. «Merci», a-t-il dit. «Merci pour tout».

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Le rabbin Leivi Sudak, à gauche, avec Eithne et Carl Smith
Le rabbin Leivi Sudak offre un cadeau à Eithne et Carl Smith de Gander, lors du dîner annuel du Habad-Loubavitch d’Edgware, où ils étaient les invités d’honneur.
© Photo d’archives CJN

Smith aurait souhaité qu’ils aient prévu des repas casher sans y être incités mais, en vérité, il n’y avait pas beaucoup de juifs à Terre-Neuve. L’île est à 98 % catholique et protestante, et la seule synagogue de la province se trouve à plus de 320km de là. À sa connaissance, la seule personne juive à Gander était David Zelcer, correspondant de Radio Canada.

Ce problème résolu, l’école a donné libre accès à Rabbi Sudak au salon de la faculté, qui avait une cuisinière, un évier et un réfrigérateur. Avec plusieurs autres passagers Juifs orthodoxes, le rabbin a transformé le salon en une cuisine casher, avec de nouvelles casseroles, poêles, couverts et ustensiles de cuisine.

Smith a ressenti beaucoup de chaleur envers Rabbi Sudak, et comme elle le fait souvent aux gens qu’elle aime, elle tenta de lui donner un rassurant câlin. Quand le rabbin réalisa qu’elle était sur le point de le toucher, il recula doucement et croisa les bras sur son corps. Il lui a dit qu’il appréciait le geste, mais que dans sa foi, il était inapproprié pour lui de toucher une femme.

Il y avait tellement de cultures différentes parmi les passagers hébergés dans l’école, c’était juste stupéfiant. Peu après l’arrivée des passagers, les responsables ont accroché une grande carte du monde sur le mur et ont demandé à tout le monde de placer une punaise à l’endroit d’où ils venaient. Rien qu’à la Lakewood Academy, il y avait des gens de 40 pays différents, du Sri Lanka à la Tasmanie. Il y avait des femmes en burka et des hommes en robes amples. Les couloirs étaient remplis de sons de différentes langues.