Musical (1871)


Musique: Arthur Sullivan
Paroles:
Livret: W.S. Gilbert
Production à la création:

Il s’agit de la première collaboration de Gilbert et Sullivan et a été conçue comme un divertissement de Noël pour le Gaiety Theatre de John Hollingshead où s'est déroulé la première représentation, le 26 décembre 1871, et a connu 63 représentations. Bien qu'il ait souvent été décrit comme un échec, il a accueilli plus de spectateurs que les autres spectacles de Noël cette saison-là.

Les dieux de l'Olympe sont vieux et fatigués et décident de quitter le Mont Olympe et de prendre des vacances. Pendant ce temps, une troupe d'acteurs itinérants prennent leur place.

Acte I
Lieu: un temple en ruine au sommet du mont Olympe
Sur le mont Olympe, les Dieux âgés se plaignent de se sentir vieux et déplorent leur influence décroissante sur Terre. Mercure se plaint que les dieux plus âgés sont paresseux et lui laissent toutes leurs obligations, alors qu'il n'obtient aucun mérite pour toutes ses corvées. Jupiter affirme que les choses ont atteint une situation critique, mais il ne sait pas ce qui peut être fait pour y remédier. À ce moment-là, les Dieux voient une nuée de mortels gravir la montagne et se retirent pour les observer de loin.
La troupe de théâtre de Thespis se réunissent pour un pique-nique célébrant le mariage de deux de ses membres, Sparkeion et Nicemis. Les acteurs, étant pauvres, n'ont pas réussi à apporter d'importantes denrées alimentaires à ce pique-nique. Sparkeion flirte avec son ancienne fiancée, Daphné, ce qui agace Nicemis. En représailles, Nicemis flirte avec son ancien prétendant, Thespis, mais celui-ci refuse de flirter en retour. Thespis explique à sa troupe qu'un manager qui a réussi doit se tenir à l'écart de ceux qu'il dirige, sinon il perdra son autorité.
Jupiter, Mars et Apollon entrent. Tous les acteurs s'enfuient terrorisés, à l'exception de Thespis. Jupiter demande à Thespis s'il est impressionné par le père des Dieux. Thespis répond que les Dieux ne sont pas impressionnants. Il suggère qu'ils descendent sur terre déguisés pour «se mêler aux umains» et juger par eux-mêmes de ce que les gens pensent d'eux. Ils acceptent d'investir les acteurs de leurs pouvoirs divins, alors qu'ils passeront de joyeuses vacances sur Terre. Thespis convient que lui et sa compagnie assureront le bon fonctionnement du mont Olympe pendant l'absence des Dieux. Chaque acteur prend la place d'un des Dieux, Thespis lui-même remplaçant Jupiter. Mercure reste sur place pour offrir tous les conseils dont les acteurs pourraient avoir besoin.

Acte II
Lieu: le même endroit, un an plus tard, les ruines ayant été restorées
Sous la direction de Thespis, l'Olympe a retrouvé sa splendeur d'antan et les Thespiens apprécient le nectar et l'ambroisie (nourriture délicieuse des Dieux qui leur assure avec le nectar leur immortalité). Le gouvernement de Thespis est très libéral et il a conseillé à sa troupe de ne pas «se laisser entraver par la routine, les formalités administratives et le passé». Les missions célestes ont cependant causé quelques difficultés, car les liens maoureux des acteurs dans la vie réelle entrent en conflit avec ceux des Dieux qu'ils incarnent. Vénus, interprétée par Pretteia, est censée être mariée à Mars, mais l'acteur qui joue Mars est son père! Vénus a épousé Vulcain, mais Vulcain est son grand-père. Sparkeion, qui a endossé le rôle d'Apollon, accompagne sa femme, Nicemis, qui joue Diana, dans ses tâches nocturnes, afin que le soleil se lève pendant la nuit.
Mercure informe Thespis que les Dieux de remplacement ont reçu de nombreuses plaintes de la part des mortels parce que certains ne remplissent pas leurs fonctions, et que les expériences malavisées d'autres ont fait des ravages dans le monde d'en bas. Par exemple, Timidon, le remplaçant de Mars, est un pacifiste et un lâche; le remplaçant d'Hymen refuse d'épouser qui que ce soit; et l'ersatz de Pluton est trop tendre pour laisser quelqu'un mourir. Daphné, qui joue la muse Calliope, affirme à Thespis, en s'appuyant sur une édition tronquée des mythes grecs, que Calliope était mariée à Apollon. Elle souligne qu'Apollon, joué par Sparkeion, est le frère de Diana (jouée par la femme de Sparkeion, Nicemis). Thespis décide que Sparkeion est marié à Daphné alors qu'ils sont des Dieux, mais son mariage avec Nicémis reprendra lorsqu'ils redeviendront mortels.
Lorsque les Ddieux reviennent, ils sont furieux et disent à Thespis qu'il a «dérangé tout le système de la société». Thespis dit qu'ils devraient se calmer, car la liste des plaintes des mortels est sur le point d'être lue. Les Dieux regardent incognito pendant que Mercure présente les plaintes: les acteurs ont gâché le temps; provoqué des conflits entre les nations; et il n'y a plus de vin, puisque Bacchus est abstinent. Après avoir écouté ces griefs, les dieux se débarrassèrent avec colère de leurs déguisements. Les acteurs supplient de rester sur l'Olympe, mais Jupiter les punit de leur folie en les renvoyant sur terre, maudits comme «d'éminents tragédiens, que personne ne va jamais voir».


1) Genèse


image
Le Gaiety Theatre (1864-1939, démoli en 1956) à l'extrémité est du strand
«The Illustrated London News» du 20 octobre 1866

L'imprésario et auteur John Hollingshead, locataire et directeur du Gaiety Theatre de Londres depuis 1868, y avait produit un certain nombre de burlesques musicaux et d'opérettes à succès. Hollingshead «se vantait d'avoir allumé la lampe sacrée du burlesque».» Gilbert et Sullivan connaissaient, chacun de leur côté, bien le Gaiety Theatre et ses artistes locaux. Robert the Devil de Gilbert - adaptation burlesque de l’opéra de Giacomo Meyerbeer, Robert le Diable - était au programme lors de la soirée d'ouverture du théâtre le 21 décembre 1868, avec Nellie Farren dans le rôle titre. Arthur Sullivan était dans le public lors de cette soirée d'ouverture en tant qu'invité de Hollingshead. Ce fut un grand succès, restant à l'affiche plus de 120 soirs jouée avant d'être représentée dans les provinces britanniques pendant trois ans par la suite.
Avec moins de succès, Gilbert avait également écrit une pièce de théâtre pour le théâtre en 1869 intitulée An Old Score. Hollingshead dira plus tard que la pièce était «trop fidèle à la nature». Début octobre 1871, le Gaiety annonça que «The Christmas Operatic Extravaganza serait écrite par W.S. Gilbert, avec une musique originale d'Arthur Sullivan. Il y aurait des rôles de premier plan pour le comédien populaire J. L. Toole, ainsi que pour Farren, la vedette masculine principale du théâtre dans tous ses burlesques.»
Quand et comment et les deux hommes ont commencé à collaborer sur Thespis () reste incertain. Gilbert était un choix logique pour cette mission. Avec sept opéras et pièces de théâtre créés cette année-là et plus d'une douzaine d'autres burlesques, farces et extravaganzas à son actif, il était bien connu des amateurs de théâtre londonien comme un dramaturge comique.
image
Affiche de «The Contrabandista»

Sullivan, par contre, était à ce stade principalement connu pour sa musique sérieuse. Sa musique composée cette année-là comprenait la cantate dramatique On Shore and Sea, des musiques de scène pour des représentations de The Merchant of Venice de Shakespeare et de nombreux hymnes, dont Onward, Christian Soldiers. Il avait seulement deux opéras-comiques à son actif, Cox and Box (1866) et The Contrabandista (1867), mais ce dernier datait de quatre ans et avait été un demi-échec.
En septembre 1871, Sullivan avait été engagé pour diriger à The Royal National Opera, mais ce fut très vite un échec et il se trouva, de façon inattendue, sans emploi. L'offre de Hollingshead d'attibuer un rôle à son frère, Fred Sullivan, dans le projet l'a peut-être encouragé à écrire la musique de Thespis ().
La production "a suscité beaucoup d'intérêt et de spéculations". Ironiquement, il avait « probablement le plus grand public » de toutes les premières de Gilbert et Sullivan, puisque le Gaiety était le plus grand des cinq théâtres de Londres dans lesquels leurs œuvres communes ont été créées.

2) Composition


Gilbert a eu un automne chargé. Sa pièce On Guard a connu un échec au Court Theatre, ouvrant le 28 octobre 1871, alors que Pygmalion and Galatea, sont plus grand succès théâtral, a été créée le 9 décembre 1871, quelques jours seulement avant le début des répétitions de Thespis (). Sullivan, lui, avait plus de temps libre après avoir composé de ka musique de scène pour The Merchant of Venice de Shakespeare créée à Manchester le 9 septembre 1871.
Gilbert et Sullivan se souviennent tous deux que Thespis () a été écrit à la hâte. Sullivan se borne à déclarer que «la musique et le livret ont été écrits très rapidement». Dans son autobiographie de 1883, Gilbert est plus clair et acerbe:




Peu de temps après la production de Pygmalion and Galatea, j'ai écrit le premier d'une longue série de livrets, en collaboration avec M. Arthur Sullivan. Cela s'appelait Thespis (). L'écriture a mis moins de trois semaines et a été créée au Gaiety Theatre après une semaine de répétition. Il a tenu l'affiche 84 soirs, mais c'était un oeuvre grossière et inefficace, comme on pouvait s'y attendre, compte tenu des circonstances de sa composition rapide.

Gilbert S. SUllivan - 1883







En 1902, les souvenirs de Gilbert sont légèrement différents:




Je peux affirmer que Thespis () n'a en aucun cas été un échec, même s'il n'a pas connu de succès considérable. Je crois qu'il s'est joué environ 70 soirs, ce qui était assez convenable à l'époque. La pièce a été produite sous la pression d'une immense hâte. Tout a été imaginé, écrit, composé, répété et produit en cinq semaines.

Gilbert S. SUllivan - 1902







L'estimation de Gilbert sur 5 semaines de création est en conflit avec d'autres faits apparemment incontestables. Le neveu de Sullivan, Herbert Sullivan, a écrit que le livret existait déjà avant que son oncle ne s'implique dans le projet: «Gilbert a montré à Hollingshead le livret d'un opéra Extravaganza Thespis, et Hollingshead l'a immédiatement envoyé à Sullivan pour qu'il en compose la musiqueGilbert créait généralement une ébauche de ses livrets quelques mois avant une production, mais n'écrivait pas un livret fini avant d'avoir un engagement ferme pour le produire. À tout le moins, une «ébauche de l'intrigue» devait exister au 30 octobre 1871, à la lumière d'une lettre à cette date de l'agent de Gilbert à R.M. Field directeur du Boston Museum Theatre (important théâtre de Boston), qui se lit comme suit :




À Noël sera produit au Gaiety Theatre, un nouvel et original Opera Bouffe en anglais par WS Gilbert dont Arthur Sullivan compose la nouvelle musique. On s'attend à ce que ce soit une événement - et le but de ma présente lettre est - premièrement - de vous envoyer (ce jour) une ébauche de la pièce pour votre propre lecture, et deuxièmement de vous demander - si vous vous en souciez et si vous le souhaitez de faire en sorte que la pièce soit dûment protégée - en vue de sa vente dans tous les endroits possibles aux États-Unis. Messieurs Gibert et Sullivan travaillent actuellement d'arrache-pied sur cette pièce.

"The First Night - Gilbert and Sullivan" - Allen Reginald - 1958







Gilbert a en fait conclu un accord avec le directeur du Boston Museum, R.M. Field, et le premier livret publié conseillait: «Attention aux pirates américains. — Les droits d'auteur des dialogues et de la musique de cette pièce, pour les États-Unis et le Canada, ont été attribués à M. Field, du Boston Museum, par accord en date du 7 décembre 1871.» Toutefois, si R.M. Field a monté l'œuvre, la production n'a pas été suivie de paiement de droits... L'inquiétude de Gilbert concernant les pirates américains du droit d'auteur préfigurait les difficultés que lui et Sullivan rencontreraient plus tard avec les productions «piratées» non autorisées du HMS Pinafore (), de The Mikado () et de leurs autres œuvres populaires. En tout cas, le livret a été «publié et diffusé» à Londres à la mi-décembre 1871.


image
«Thespis» en répétitions au Gaiety Theatre en décembre 1871
Gilbert est visible derrière le «tube de gaz en T» qui sert d'éclairage de répétitions

© Dessin à la plume et à l'encre d'Alfred Bryan

Alors que la pièce devait ouvrir le 26 décembre, Gilbert a lu pour la première fois le livret au casting le 14 décembre, mais Toole, qui jouait le rôle central de Thespis, était absent, n'étant pas revenu d'une tournée dans les provinces britanniques jusqu'au 18 décembre. Il a ensuite joué 9 représentations au Gaiety Theatre dans les 6 jours suivant son retour, c'est-à-dire à 2 jours de la première prévue de Thespis () le 26 décembre 1871. Et d'autres acteurs du spectacle avaient des engagements similaires. De plus, Hollingshead avait engagé la compagnie pour jouer une pantomime au Crystal Palace le 21 décembre, à laquelle participaient de nombreux artistes de Thespis (). Pour finir de tout compliquer, Thespis () était le spectacle principal d'une soirée en comprenant 3: Mariage aux lanternes à 19h00; la comédie de H. J. Byron, Dearer than Life à 19h45 et Thespis () à 21h00. En quoi est-ce plus compliqué? C'est le fait que ces spectacles partageaient plusieurs des acteurs, dont Toole et Fred Sullivan, devait être répétée en même temps.
Malgré le peu de temps disponible pour les répétitions, Sullivan a rappelé que Gilbert insistait pour que le chœur joue un rôle majeur, comme il le ferait dans leurs opéras ultérieurs du Savoy:




Jusqu'à ce que Gilbert prenne les choses en main, les chœurs étaient prsque toujours réduit à de la figuration, n'étaient pratiquement rien d'autre qu'une partie du décor. C'est dans Thespis () que Gilbert a commencé à mettre en œuvre sa détermination exprimée pour que le chœur joue le rôle qui lui revient dans la représentation. À l’heure actuelle, il semble difficile de comprendre que l’idée que le chœur soit autre chose qu’une sorte de public sur scène, ait été à cette époque une formidable nouveauté. En raison de cette innovation, certains incidents lors des répétitions de Thespis () furent plutôt amusants. Je me souviens qu'un jour, l'un des des premiers rôles féminins s'est indignée et a dit: «Vraiment, M. Gilbert, pourquoi devrais-je rester ici? Je ne suis pas une chorus-girl!» Ce à quoi Gilbert répondit sèchement: «Non, madame, votre voix n’est pas assez forte. Ou vous le seriez sans doute





 

4)Réception de l'oeuvre


image
Scène de «Thespis» au Gaiety Theatre à la création

  Soirée d'ouverture 
Le soir de la première, il était évident que le spectacle n'avait pas été assez répété, comme l'ont noté plusieurs critiques, et l'œuvre avait également manifestement besoin de subir quelques coupures... La direction du Gaiety Theatre avait conseillé que les calèches soiet présentes à 23h pour récupérer les spectateurs chics. Mais, passé minuit, Thespis () était toujours en cours.
The Observer a déclaré que «le jeu des acteurs et l'oeuvre devront être retravaillées avant de pouvoir être équitablement critiqués... L'opéra n'était pas prêt». Le Daily Telegraph a suggéré qu'«il est plus honnête, pour de nombreuses raisons, de considérer la représentation d'hier soir comme une répétition générale complète... Quand le spectacle se terminera à l'heure normale du Gaiety Theatre, et qu'il aura été répété avec énergie, on trouvera peu de divertissements plus heureux que celui-ci.»
Certains critiques n'ont pas pu détecter, vu le manque de répétition, les qualités de l'oeuvre, une fois que tout serait finalisé. Le Hornet a sous-titré sa critique: «Thespis, ou les dieux devenus vieux et lassants!» Le Morning Advertiser a parlé d'«une intrigue morne et fastidieuse en deux actes... grotesque sans esprit, et la musique mince sans vivacité... cependant, pas entièrement dénuée de mélodie... Le rideau tombant devant un public bâillant et fatigué.» Mais d'autres ont trouvé beaucoup à admirer dans le travail, malgré la mauvaise performance de la soirée d'ouverture. L'Illustrated Times a écrit :




Il est terriblement grave pour Mr. W.S. Gilbert et Arthur Sullivan, les co-auteurs de Thespis () , que leur travail ait été présenté dans un état aussi rudimentaire et insatisfaisant. Thespis () a de nombreux mérites: les mérites de la valeur littéraire, les mérites du plaisir, les mérites de l’écriture de chansons, ... Il mérite de réussir; mais la direction du théâtre a paralysé une bonne pièce par l'insuffisance des répétitions et par le manque de polissage et d'assurance requis sans lesquels ces opéras joyeux sont inutiles. Je dois cependant préciser que Thespis () vaut vraiment le détour; et quand il aura été corrigé et attirera le vrai public du Gaiety, il tiendra bon courageusement. Il est vraiment dommage qu'une pièce aussi riche en humour et si délicate en musique ait été montée pour l'édification du public d'une Boxing-Night*. Sauf erreur grave, et malgré les sifflements de Boxing-Night, les ballades et l'esprit de M. Gilbert et les jolies mélodies de M. Arthur Sullivan permettront à Thespis () de dépasser cette épreuve et en feront, comme elle mérite de l'être, la pièce la plus louable de la saison de Noël.

"Thespis – A Gilbert & Sullivan Enigma" - Terence Rees - 1964

* En Angleterre le 26 décembre est appelé le «Boxing Day»







Clement Scott, écrivant dans le Daily Telegraph, a eu une réaction plutôt favorable :




Il est possible qu'un public en vacances soit peu enclin à se plonger dans les mystères de la mythologie païenne et ne se soucie pas d'exercer l'intelligence requise pour démêler une intrigue amusante et en aucun cas complexe. Il est cependant certain que l'accueil par le punlic de Thespis () n’a pas été aussi cordial qu’on aurait pu s’y attendre. L'histoire, écrite par Mr. W.S. Gilbert de la plus vivante des manières, est si originale et la musique composée par M. Arthur Sullivan si jolie et fascinante, que nous sommes enclins à être déçus lorsque nous trouvons les applaudissements faibles et les rires à peine spontanés. Et surtout que le rideau tombe non sans sifflets de désapprobation. Un tel sort n’était certainement pas mérité, et le verdict d’hier soir ne peut être considéré comme définitif. Thespis () est trop beau pour être mis de côté et écarté de cette façon: et nous prévoyons qu'une réduction judicieuse et de nouvelles répétitions nous permettront bientôt de raconter une histoire très différente.

"The First Night - Gilbert and Sullivan" - Allen Reginald - 1958







The Observer a commenté :




Nous avons des auteurs et des musiciens tout aussi talentueux que les Français… Le sujet de Thespis () est incontestablement drôle.… M. Arthur Sullivan est entré avec cœur dans l'esprit humoristique de Mr. Gilbert, il l'a égayé avec la musique la plus fantaisiste et la plus délicieuse.







  Représentations ultérieures  De nombreux auteurs du début du XXème siècle ont perpétué le mythe selon lequel Thespis () n'était resté qu'un mois à l'affiche et pouvait être considéré comme un échec. En fait, il est resté ouvert jusqu'au 8 mars 1872. Sur les neuf pantomimes londoniennes créées pendant les fêtes de Noël de 1871, cinq ont fermé avant Thespis (). De par leur nature, les pantomimes ne se prêtaient pas à de longues séries, et les neuf avaient fermé fin mars. De plus, le Gaiety Theatre n'accueillait normalement des productions que pendant deux ou trois semaines; le parcours de Thespis () fut en fait extraordinaire pour le théâtre.
image
Programme issu de la production originale de «Thespis» au Gaiety Theatre,
joué avec «Mariage aux Lanternes» et «Paul Pry»

Comme ils le feraient pour tous leurs opéras, Gilbert et Sullivan ont procédé à des coupes et des modifications après la première représentation. Deux jours après la première, Sullivan écrivit à sa mère: «J'ai rarement vu quelque chose d'aussi beau sur scène. Le premier soir, j'ai eu d'abord un excellent accueil, mais la musique s'est mal passée et le chanteur a chanté un demi-ton trop aigu, et l'enthousiasme du public ne s'est pas maintenu à mon égard. Hier soir, j'ai coupé la chanson, la musique s'est très bien passée, et par conséquent j'ai eu un rappel chaleureux devant le rideau à la fin de l'acte II. La pièce a finalement atteint un état respectable, et les critiques ultérieures ont été beaucoup plus enthousiastes que celles de la soirée d'ouverture.»
Parlant de la troisième représentation de l'opéra, le London Figaro déclarait: «Plus le moindre problème durant la représentation n'est désormais à percevoir, et… les applaudissements et le plaisir évident du public du début à la fin … partage pleinement l'opinion du critique du Telegraph».
image
Programme issu de la production originale de «Thespis» au Gaiety Theatre,
joué avec «Mariage aux Lanternes» et «Paul Pry»

Le 6 janvier 1872, le Penny Illustrated Paper a commenté: «L'approbation du public grandit pour l'extravaganza de M. Gilbert au Gaiety Theatre et à juste titre.»
Le 9 janvier, le Daily Telegraph rapportait la visite de Son Altesse Royale le duc d'Édimbourg.
Au 27 janvier, l'Illustrated Times a noté qu'«un spectateur fortuit ne trouvera certainement pas de place au Gaiety.... Thespis () peut, après tout, se vanter du succès qui lui était prédit».
Les représentations de Thespis () furent interrompues le 14 février 1872, le Mercredi des Cendres, les théâtres londoniens s'abstenant de présenter des représentations costumées par respect pour la fête religieuse. En remplacement, un «divertissement» a été présenté au Gaiety, composé de ventriloques, de chiens de spectacle et, par coïncidence, d'un sketch parodiant une «Penny Reading» (forme de divertissement populaire au Royaume-Uni au milieu du XIXème siècle, consistant en des lectures, pour lesquels l'entrée n'était qu'un penny) par le jeune George Grossmith, qui, plusieurs années plus tard, deviendra le principal comédien de Gilbert et Sullivan.
image
Mlle. Clary, la créatrice du rôle de Sparkion dans «Thespis»

Le 17 février, Henry Sutherland Edwards écrivait dans Musical World: «Dans presque toutes les combinaisons de la musique et des mots, il y a un sacrifice de l'un ou de l'autre; mais dans Thespis () ... Des opportunités suffisantes ont été données à la musique; et la musique sert à embellir la pièce
Des articles similaires ont continué à paraître jusqu'au début du mois de mars, Thespis () ayant fermé le 8 mars 1872.
La dernière représentation du vivant des auteurs a été jouée moins de deux mois plus tard, le 27 avril, lors d'une représentation exceptionnelle en matinée jouée au profit de Mlle. Clary, la Sparkeion de la création (voir ci-contre). Dans une telle occasion, l'artiste choisissait une pièce susceptible de bien se vendre, car le bénéficiaire avait droit aux revenus (après remboursement des frais dépensés) et les billets étaient en général proposés à des «prix gonflés». L'actrice était une des stars du Gaiety Theatre, non seulement en ce qui concerne sa voix mais aussi son délicieux accent français et, bien sûr, sa silhouette. Certains parlaient du «charme de Mlle Clary, avec son joli visage et son anglais piquant et cassé». Elle avait eu beaucoup de succès dans le rôle de Sparkeion et sa chanson de l'acte II, Little Maid of Arcadee, a été la seule dont les partitions ont été publiées.
  Par après  Après la production de Thespis (), Gilbert et Sullivan se séparèrent. Ils ne retravailleront ensemble que trois ans plus tard, avec Richard D'Oyly Carte comme manager, pour produire Trial by Jury () en 1875. Lorsque cette œuvre fut un succès surprise, des discussions eurent lieu pour relancertrès rapidement Thespis () pour la saison de Noël 1875. Gilbert écrit à Sullivan :




Ils semblent très impatients d'obtenir notre accord et veulent que je leur donne des conditions précises. Bien sûr, je ne peux pas répondre à ta place, mais ils m'ont tellement pressé de leur donner une idée de ce que seraient nos conditions que j'ai suggéré que nous pourrions éventuellement être disposés à accepter deux guinées par soir chacun avec une garantie de 100 soirs minimum. Est-ce que cela correspond à ton point de vue, et si oui, pourrons-nous le faire à temps? Je vais réécrire une partie considérable du dialogue.








Le projet de reprise fut mentionné dans plusieurs autres courriers tout au long de l'automne 1875, jusqu'à ce que le 23 novembre Gilbert écrive: «Je n'ai plus entendu parler de Thespis (). Il est étonnant de voir avec quelle rapidité ces capitalistes s'assèchent sous l'influence magique des mots «cash down»
Vingt ans plus tard, en 1895, alors que Richard D'Oyly Carte luttait pour retrouver le succès au Savoy Theatre, il proposa une fois de plus une reprise de Thespis (), mais l'idée n'aboutit pas. Et depuis 1897, on n'a aucune idée de l'endroit où se trouve les partitions de Thespis (). Et de très nombreux spécialistes et amateurs les ont recherchées parmi de nombreuses collections existantes. À l'exception de deux chansons et de quelques musiques de ballet, les partitions sont aujourd'hui perdues!!!
image
John Hollingshead en 1895

Les raisons pour lesquelles Thespis () n'a pas été reprise ne sont pas clairement connues. Certains commentateurs pensent que Sullivan a utilisé la musique dans ses autres opéras. Si cela était vrai, alors, pour cette seule raison, une reprise serait devenue impossible. Cependant, il n'y a aucune preuve que Sullivan ait agi de la sorte. Une autre explication possible est que Gilbert et Sullivan en sont venus à considérer Thespis (), avec ses »filles effrontées en collants et jupes courtes« et son large humour burlesque, comme le genre de spectacle qu'ils souhaitaient éviter. Ils ont vite renoncé aux rôles travestis et aux robes «révélatrices» sur leurs actrices, et ont fait connaître publiquement leur désapprobation à leur égard. En 1885, Hollingshead écrivit avec ironie à la Pall Mall Gazette: «M. Gilbert est quelque peu sévère à l'égard d'un style de burlesque qu'il a beaucoup pratiqué jadis pour se rendre populaire avant d'inventer ce que je pourrais appeler le burlesque en vêtements longs. … M. Gilbert ne s'est jamais opposé. aux robes de Robert the Devil ni aux robes de Thespis ()
En 1879, Sullivan, Gilbert et D'Oyly Carte étaient au milieu d'une bataille juridique avec les anciens directeurs de la Comedy Opera Company, qui avait produit le HMS Pinafore (). Sullivan a écrit à Hollingshead en disant: «Jadis, vous avez créé un précédent pour moi qui peut m'être très utile aujourd'hui. Je vous ai demandé les partitions des musiques de scène de The Merry Wives of Windsor... et vous avez répondu: «Elles sont à vous puisque notre série est terminée...» Pouvez-vous me les rendre aujourd'hui ainsi que les partitions de Thespis (). Je détiens les droits de HMS Pinafore () et les metteurs en scène ne doivent par partir avec les partitions du Theatre Opera Comique demain, et je fonde mes affirmations sur le précédent que vous avez géré
  Productions modernes  Après sa dernière représentation au Gaiety Theatre en 1872, Thespis () semble ne plus avoir été joué jusqu'en 1953, bien qu'il semble y avoir eu une tentative de reprise datant des années 1940. Tillett et Spencer ont identifié 20 reprises distinctes de Thespis () entre 1953 et 2002. Environ la moitié d'entre elles utilisent une musique adaptée d'autres œuvres de Sullivan; les autres utilisent de la nouvelle musique pour toutes les chansons sauf les chansons survivantes, ou, dans quelques cas, les recomposent également. Aucune de ces versions n'est devenue prédominante.
L'historien du théâtre Terence Rees a développé une version du livret qui tente de corriger les nombreuses erreurs relevées dans le livret survivant. Rees a également préparé une version devant permettre une représentation scénique, basée sur le livret, qui comprenait quelques paroles reprise des opéras non-Sullivan de Gilbert dans une tentative de remplacer les chansons manquantes. Une partition a été fournie par Garth Morton, basée sur la musique d'opéras de Sullivan moins connus, et cette version a été enregistrée. Une version avec une partition originale de Bruce Montgomery (en dehors des deux chansons de Sullivan conservées) a été jouée à plusieurs reprises, notamment en 2000 au Festival International Gilbert et Sullivan. Une partition originale de 1982 de Kingsley Day a été utilisée dans plusieurs mises en scène dans la région de Chicago. En 1996, une autre version avec de la nouvelle musique, de Quade Winter, a été produite par l'Ohio Light Opera.
En 2008, une partition pastiche de Sullivan (avec quelques ajouts d'Offenbach), arrangée par Timothy Henty, a été utilisée pour la première fois avec le livret de Gilbert adapté par Anthony Baker, au Normansfield Theatre de Teddington, Middlesex en Angleterre. Cette version a été jouée plusieurs fois par la suite, notamment au Festival International Gilbert et Sullivan de 2014.


Acte I
"Throughout the night, the constellations" (Women's Chorus, with Solo) *
"Oh, I'm the celestial drudge" (Mercury) *
"Oh incident unprecedented" (Mercury, Mars, Apollo, Diana, and Jupiter) *
"Here far away from all the world" (Sparkeion and Nicemis) *
"Climbing over rocky mountain" (Chorus with Solos)
Picnic Waltz *
"I once knew a chap who discharged a function" (Thespis) *
Act I Finale: "So that's arranged – you take my place, my boy" (Ensemble) *

Acte II
"Of all symposia" (Sillimon and Chorus) *
"Little maid of Arcadee" (Sparkeion)
"Olympus is now in a terrible muddle" (Mercury) *
"You're Diana. I'm Apollo" (Sparkeion, Daphne, Nicemis and Thespis) *
"Oh rage and fury, Oh shame and sorrow" (Jupiter, Apollo, and Mars) *
Act II Finale: "We can't stand this" (Ensemble) *

* Perdu - Seules deux chansons existent encore aujourd'hui

DIeux
Jupiter
Apollo
Mars
Diana
Venus
Mercury

Troupe de Thespis
Thespis, Chef de la troupe Travelling Theatrical Co.
Sillimon, son Stage Manager
Timidon
Tipseion
Preposteros
Stupidas
Sparkeion
Nicemis
Pretteia
Daphne
Cymon

Aucun dossier informatif complémentaire concernant Thespis

Aucun dossier informatif complémentaire concernant Thespis


Version 1

Thespis (1871-12-Gaiety Theatre-London)

Type de série: Original
Théâtre: Gaiety Theatre (Londres - Angleterre)
Durée :
Nombre : 63 représentations
Première Preview : 23 January 1871
Première: 23 January 1871
Dernière: 08 March 1872
Mise en scène :
Chorégraphie :
Producteur :
Star(s) :
Avec: John Maclean (Jupiter), F. Sullivan (Apollo), Mr. Wood (Mars), Mrs. H. Leigh (Diana), Miss E. Farren (Mercury), Mr. J. L. Toole (Thespis), Mr. J. G. Taylor (Sillimon), Mr. Marshall (Timidon), Mr. Robert Soutar (Tipsion), Mr. H. Payne (Preposteros), Mr. F. Payne Stupidas), Mlle. Clary (Sparkeion), Miss Constance Loseby (Nicemis), Miss Berend (Prettia), Miss Annie Tremaine (Daphné), Miss L. Wilson (Cymon)
Commentaires : Le chef d'orchestre de la première représentation a été Arthur Sullivan, lui-même. Les représentations ultérieures ont été dirigées par Meyer Lutz , le directeur musical du théâtre.

 Pas encore de video disponible pour ce spectacle