1.
Les origines

 2.2.
La pièce

 

 

 

 3.
XIX ème siècle

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Francis Scott Key (National Archives)
Francis Scott Key debout sur un bateau, le bras droit tendu vers le drapeau américain - La bannière étoilée - survolant Fort McHenry, Baltimore, Maryland, pendant la guerre de 1812.

Sur les 69 chansons deThe Beggar's Opera (), 41 utilisaient des mélodies tirées de ballades de taverne. Les autres provenaient d'opéras et d'autres sources classiques. Les Britanniques ont une vraie tradition de socialisation dans les tavernes, où les clients avaient l’habitude chanter des chansons qui pouvaient être sentimentales, drôles ou patriotiques.

Les ballades de bar sont d’ailleurs restées une tradition en Grande-Bretagne et ses colonies pendant des décennies.

Une preuve?

En 1812, alors que l'avocat américain Francis Scott Key regardait la marine britannique attaquer le port de Baltimore, il a été inspiré par la vue du drapeau de son pays agité au milieu du bombardement. Il a composé un poème, Defense of Fort M’Henry, qui a paru dans un journal local.

Un éditeur de musique a fait quelques ajustements à une musique existante pour en faire une ballade de bar. Le résultat fut The Star Spangled Banner que les États-Unis adopteraient comme hymne national !!!

Bien que les mélodies deThe Beggar's Opera () ont été empruntées, les paroles de Gay étaient originales et très spécifiques aux personnages et à l'intrigue. Dans cette scène, Peachum et sa femme découvrent que leur fille a épousé Macheath. Il se trouve que les Peachum eux-mêmes n'ont jamais été légalement mariés. La mélodie que Gay a choisie pour cet extrait provient d’une chanson populaire "Grim King of the Ghosts", une ballade sur une jeune fille forcée d'épouser un fantôme. Le public aurait apprécié le lien entre la situation de Polly et celle de la jeune fille dans la chanson originale. Le dialogue utilise un langage franc :

MRS. PEACHUM: I knew she was always a proud slut; and now the wench hath played the fool and married, because forsooth she would do like the gentry. Can you support the expense of a husband, hussy, in gaming, drinking, and whoring? Have you money enough to carry on the daily quarrels of man and wife about who shall squander most? There are not many husbands and wives who can bear the charges of plaguing one another in a handsome way. If you must be married, could you introduce nobody into our family but a highwayman? Why, thou foolish jade, thou wilt be as ill-used, and as much neglected, as if thou hadst married a lord!

PEACHUM: Let not your anger, my dear, break through the rules of decency, for the captain looks upon himself in the military capacity, as a gentleman by his profession. Besides what he hath already, I know he is in a fair way of getting, or of dying; and both these ways, let me tell you, are most excellent chances were white. Tell me, hussy, are you ruined or no?

MRS. PEACHUM: With Polly’s fortune, she might very well have gone off to a person of distinction. Yes, that you might, you pouting slut!

PEACHUM: What, is the wench dumb? Speak, or I’ll make you plead by squeezing out an answer from you. Are you really bound wife to him, or are you only upon liking? (Pinches Polly.)

POLLY (screaming): Oh!

MRS. PEACHUM: How the mother is to be pitied who has handsome daughters! Locks, bolts, bars, and lectures of morality are noth.ing to them—they break through them all. They have as much pleasure in cheating a father and mother as in cheating at cards.
PEACHUM: Why, Polly, I shall soon know if you were married by Macheath’s keeping from our house.


AIR (To the tune of “Grim King of the Ghosts”)

POLLY: Can love be controlled by advice?
Will cupid our mothers obey?
Though my heart were as frozen as ice,
At his flame t’would have melted away.
When he kissed me so closely he pressed,
T’was so sweet that I must have complied:
So I thought it both safest and best
To marry, for fear you should chide

MRS. PEACHUM: Then all the hopes of our family are gone for ever and ever!

PEACHUM: And Macheath may hang his father and mother-in-law, in hope to get into their daughter’s fortune.

POLLY: I did not marry him (as ‘tis the fashion) coolly and deliberately for honor or money. But I love him.

MRS. PEACHUM: Love him! Worse and worse! I thought the girl had been better bred.

The Beggar's Opera - Extrait


À une époque où les productions théâtrales londoniennes qui étaient des succès se jouaient une semaine, The Beggar's Opera () a atteint soixante-deux représentations, ce qui en fait le premier «long-running musical» au monde. Ses paroles ont été chantées dans toutes les tavernes. Tout comme ses blagues, y compris une référence à "Bob Booty", le surnom donné au sans scrupule Robert Walpole.

Lorsque Gay a annoncé qu’il pensait écrire une suite intitulée Polly, le gouvernement de Walpole l'a interdit. Bien que le texte de Polly a été publié et est devenu un best-seller, l'auteur se retira bientôt de Londres pour s'établir dans la propriété d'un bienfaiteur. Quatre ans après la première de The Beggar's Opera (), John Gay meurt à l'âge de quarante-sept ans. Les «Ballad Opera» qui ont suivi ont évité tout contenu politique. Aucune de ces œuvres ultérieures n'est plus jouée aujourd'hui.

The Beggar's Opera () est devenu l'une des œuvres de scène anglaises les plus fréquemment jouées au XVIIIème siècle. Un revival à Londres en 1923 s’est joué durant trois ans, suscitant un nouvel intérêt. Laurence Olivier a chanté le rôle de Macheath au cinéma en 1953, et le rocker Roger Daltrey a été la tête d'affiche d'une production télévisée britannique en 1983.

Le texte a inspiré Die Dreigroschenoper (L'Opéra de quat'sous) () (1928) de Bertolt Brecht et Kurt Weill, dont il a transféré l'action dans le Londres victorien. Avec une toute nouvelle partition, cette œuvre est devenue une succès mondial à part entière. (Nous y reviendrons )

Depuis The Beggar's Opera (), le public britannique et américain a montré une affinité pour les comédies musicales qui se moquent du pouvoir en place. Une longue liste d'auteurs, de Gilbert et Sullivan aux créateurs de The Book of Mormon (), peut regarder en arrière et considérer John Gay comme leur ancêtre artistique.

Voici donc les premières racines connues du théâtre musical. Alors que certaines de ces œuvres sont parfois jouées aujourd'hui, l'arbre généalogique de la comédie musicale moderne ne remonte pas plus loin que dans les années 1850, quand une nouvelle souche de pièce lyrique est apparue à Paris.