0.
Introduction


 1.1.2.D
Les ÉTats-Unis:
Situation militaire

 1.1.2.F
Les ÉTats-Unis:
présidents américains

 1.2.
Immigration

 2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

E) La situation raciale

E.1) Premiers pas contre la discrimination

La situation des Afro-Américains s'améliore lentement. Leur intégration sociale progresse grâce à l'armée qui compte 700 000 Noirs en 1944. La guerre a plutôt tendance à souder la nation, même si des émeutes raciales éclatent en 1943. Le Président Roosevelt prend des mesures pour limiter certaines discriminations raciales dans l'administration fédérale (alors même qu’il édicte à la même époque des lois afin de purger les administrations fédérales des homosexuels : the lavender scare, la peur violette). Il s'agit de la première action fédérale destinée à promouvoir l'égalité des chances et à interdire la discrimination raciale à l'embauche aux États-Unis. En 1942, le Congress of Racial Equality est fondé pour lutter contre la discrimination dans les bâtiments publics du Nord du pays. La Grande migration commencée dans l'entre-deux-guerres se poursuit : plusieurs milliers de Noirs quittent le Sud pour travailler dans les métropoles californiennes. Le nombre de chômeurs noirs est nettement en baisse durant ces années et maints travailleurs afro-américains, bien que souvent en butte aux préjugés raciaux, obtiennent des gains salariaux non négligeables : « En 1947, les salaires des hommes noirs représentaient en moyenne 54 % de ceux des hommes blancs, mais en 1951, ce pourcentage s’établissait désormais à 64 % » (The Truman Encyclopedia). En 1948, le Président Truman promulgue à son tour deux décrets exécutifs qui abolissent les discriminations fondées sur la race, la couleur, la religion ou l'origine nationale dans les Forces armées des États-Unis et dans les services publics fédéraux des États-Unis.

E.2) Brown vs Board of Education

La Cour suprême rend l'arrêté Brown vs Board of Education le 17 mai 1954. Cet arrêté voté à l’unanimité déclare la ségrégation raciale inconstitutionnelle dans les écoles publiques. La Cour suprême, sous la présidence du juge Earl Warren, estime que les installations «séparées mais égales» sont intrinsèquement inégales et violent les protections de la clause de protection égale du XIVème amendement de la Constitution américaine qui accorde la nationalité américaine à toute personne née sur son territoire. La Cour estime que la ségrégation de l'éducation publique fondée sur la race a instillé un sentiment d'infériorité qui a un effet extrêmement préjudiciable sur l'éducation et la croissance personnelle des enfants afro-américains. Le juge Warren, président de la Cour suprême base une grande partie de son analyse sur des informations provenant d'études en sciences sociales plutôt que sur des précédents judiciaires. L’arrêté utilise également un langage relativement accessible aux non-juristes, car la Cour estime qu'il est nécessaire que tous les Américains en comprennent la logique.

E.3) Préparation du Civil Rights Act de 1957

C'est dans ce contexte de déségrégation qu'il est nécessaire que le Congrès vote une loi pour en clarifier la portée au niveau fédéral. Un amendement de la Constitution a accordé le droit de vote aux anciens esclaves affranchis mais il est largement contourné par les Lois Jim Crow et diverses autres dispositions législatives. Certes, des arrêtés mettent fin à la ségrégation scolaire et dans les transports publics mais les droits constitutionnels des Afro-Américains demeurent entravés par d’autres moyens comme les réglementations d'inscription sur les listes électorales.

Le 9 avril 1956 le Procureur général Herbert Brownell écrit au Vice-Président Richard Nixon ainsi qu’au président de la Chambre des représentants une lettre officielle dans laquelle il signale que le Président Eisenhower déplore le fait que des citoyens afro-américains soient privés de leur droit de vote, qu’ils subissent des pressions économiques et qu'il est impensable que le droit de vote qui est un des droits les plus précieux puisse leur être dénié. Il demande qu'une commission bipartisane étudie le problème et fasse des propositions d'actions pour mettre fin à ce problème.

Le 14 février 1957, Herbert Brownell annonce qu'il va présenter un projet d'une nouvelle loi renforçant les droits civiques, qui instituera une commission d'enquête et une division des droits civiques au département de la Justice pour seconder le Procureur général et permettre au gouvernement fédéral d'intervenir dans des cas litigieux.

E.4) Vote du Civil Rights Act

Ce projet de loi est adopté par la Chambre des représentants le 18 juin 1957 par 286 voix contre 126. Le principal obstacle demeure le Sénat où le groupe des Démocrates bloque toutes les lois en faveur de l'amélioration des droits civiques pour les Afro-Américains. Durant les débats, le sénateur de la Caroline du Sud Strom Thurmond va se faire connaître par un discours d’obstruction systématique au projet qui va battre le record de durée d'un discours au Sénat, puisqu'il va durer plus de 24 heures. Le projet de loi est finalement adopté par le Sénat le 29 août 1957 par 60 voix contre 15.

Le président Dwight D. Eisenhower promulgue le Civil Rights Act le 9 septembre 1957. Cette loi interdit les actions de toute personne ayant autorité, y compris des particuliers, visant à intimider, menacer, contraindre les Afro-Américains pour qu'ils ne s'inscrivent pas sur les listes électorales ou de les empêcher de voter comme ils l'entendent. Aussi incomplète soit-elle, cette loi est un premier pas pour la prohibition de la ségrégation. Elle sera complétée par le Civil Rights Act du 2 juillet 1964 et le Voting Rights Act du 4 août 1965 qui mettront fin à toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis.