8.
1943 - Oklahoma!

 9.1.
Golden Age
Introduction

 9.2.2.
Les années '50

 9.2.4.
La fin du
Golden Age

 9.3.
Rodgers & Hammerstein
Les rois de l'époque

 10.
1964-1970
La crise

Le Golden Age touchait à sa fin dans les années ‘60, mais les spectacles produits au cours de ces premières années de la décennie ne sont en aucun cas à voir comme des œuvres au rabais. Elles ont souvent donné lieu à un nombre incroyable de représentations. On peut citer

  • Bye Bye Birdie (607 représentations)
  • Camelot (873 représentations)
  • How to Succeed in Business without Really Trying (1.417 représentations)
  • Oliver! (774 représentations)
  • Hello, Dolly! (2.844 représentations)
  • Funny Girl (1.348 représentations)
  • Fiddler on the Roof (3.242 représentations)

entre autres.

A) Bye Bye Birdie (1950)

Les auteurs se sont inspiré de la star rock and roll de l’époque, Elvis Presley, qui avait été enrôlé dans l'armée en septembre 1957, et avait quitté les États-Unis pour dix-huit mois en Allemagne, provoquant un cirque médiatique… Un exemple ? Il a donné "un dernier baiser" à un membre spécialement sélectionné du Women's Army Corps !

Le livret de Bye Bye Birdie s’en inspire. Nous sommes en 1958 et l’idole tant adorée du rock and roll – Conrad Birdie – a été enrôlé dans l’armée américaine. Son auteur-compositeur et agent, Albert, et la secrétaire d'Albert et ancienne petite amie, Rosie, élaborent un plan pour une performance d'adieu qui aura lieu au Ed Sullivan Show, qui, espèrent-ils, aidera à promotionner la nouvelle chanson de Birdie "One Last Kiss", et finalement, à sauver les disques d'Almaelou de la faillite. Pour couronner la soirée, Birdie donnera « un dernier baiser » à Kim MacAfee, une passionnée de son fan club.

Quand Albert et Rosie se rendent à Sweet Apple pour préparer l'arrivée de Birdie, les choses commencent à se dégrader. Le père de Kim est stupéfait à l'idée de participer au Ed Sullivan Show avec sa fille, et le compagnon de Kim, Hugo, devient jaloux à l'idée que Kim embrasse Conrad à la télévision nationale. Le chaos s’ensuit, Conrad atterrit en prison, Albert le fait sortir pour qu’il puisse se présenter à l’armée, et Albert et Rosie partent pour Pumpkin Falls, lowa, où il sera professeur d’anglais.

Bye Bye Birdie a ouvert le 14 avril 1960, avec une distribution comprenant Dick Van Dyke, Chita Rivera et Paul Lynde. Le livret était de Michaël Stewart, la musique de Charles Strouse et les paroles de Lee Adams. Il a remporté quatre Tony en tout, dont celui du Best Musical et du Best Featured Actor. L’une des chansons, « Put on a Happy Face », est devenue un succès populaire et a été utilisée dans de nombreuses publicités télévisées. Le musical est devenu un film en 1963, avec Dick Van Dyke à nouveau dans le rôle d’Albert, et a été adapté pour la télévision en 1995, avec Jason Alexander dans le rôle principal.

B) Camelot (1960)

Le Camelot de Lerner et Loewe a ouvert ses portes au Majestic le 3 décembre 1960, avec Richard Burton, Julie Andrews, Robert Goulet et Roddy McDowall dans la distribution. Bien que les critiques de la première aient été mitigées, la production a été « promotionnée » par Ed Sullivan dans son émission télévisée The Toast of the Town et aussi par l’adoration que le président John F. Kennedy a apportée au spectacle.

Le majestueux Camelot de Lerner et Loewe donne vie à la légende du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table ronde avec une partition extraordinaire et une histoire qui dramatise de manière poignante le conflit humain au cœur de ce conte classique. Basé sur le roman de TH White, The Once and Future King, Camelot raconte l'histoire d'Arthur, un jeune écuyer qui devient roi après avoir extrait l'épée Excalibur de son rocher légendaire. Camelot s'ouvre au milieu de la bataille qui a détruit le royaume du roi Arthur et remonte le temps pour raconter la naissance cette bataille. Le musical suit Arthur, jeune roi ambitieux et idéaliste, rêvant de créer une société juste, qui va devenir un au roi désespéré. Le musical témoigne de la disparition de son rêve. Le rêve d'Arthur est inspiré par la reine Guenièvre dont il est fou amoureux. Ensemble, ils créent un royaume où la force est au service du droit et où le roi sert à une table ronde sans chef, symbole de collaboration et d'unité. Mais alors que cette vision utopique commence à devenir réalité, tout commence à s’effondrer. Principalement lorsque Guenièvre tombe amoureuse du chevalier Lancet, le plus célèbre, le plus aimé et le plus fidèle d'Arthur. Ils entament une relation passionnée mais aussi vouée à l'échec. Leurs problèmes s'aggravent lorsque le fils illégitime d'Arthur, Mordred, arrive sur les lieux. Dans un monde de réalités humaines, Camelot pourra-t-il réaliser l’utopie dont rêve Arthur ?

Malgré les critiques mitigées, Camelot gagna quatre Tony, dont Best Actor et Best Actress. Robert Goulet a enregistré un succès avec « If Ever I Would Leave You ».

C) How to succeed in business without really trying? (1961)

Un autre grand gagnant de Tony (sept) qui a également remporté le prix Pulitzer pour le théâtre fut How to Succeed in Business without Really Trying, qui a ouvert ses portes le 14 octobre 1961. Robert Morse a joué le rôle de J. Pierrepont Finch, un laveur de vitres qui pense que tout ce qu’il doit savoir pour réussir est contenu dans le livre qu’il est en train de lire. De manière surprenante, il s’élève dans la World Wide Wicket Company et devient finalement président du conseil d’administration avec l’œil sur la course à la présidence des États-Unis.

Le public a adoré, et Morse a remporté le Tony du Best Actor. La production londonienne a ouvert ses portes en 1963. Le spectacle a été repris à Broadway en 1995. Le film de 1967 mettait également en vedette Morse dans le rôle principal.

D) Oliver! (1963)

Le grand succès suivant des années ‘60 fut Oliver!, qui ouvrit ses portes à l’Imperial le 6 janvier 1963. C’était la première adaptation musicale d’une œuvre de Charles Dickens à faire un succès à Broadway. Mais c’est surtout une œuvre qui a été créée à Londres avant Broadway: la production londonienne avait ouvert ses portes en 1960 et comptait 2.618 représentations. Le livret, les paroles et la musique sont signées par Lionel Bart.

Oliver! emmène le public dans une folle aventure à travers l’Angleterre victorienne. On y rejoint le jeune et orphelin Oliver Twist alors qu'il navigue dans le monde souterrain du vol et de la violence à Londres, à la recherche d'un foyer, d'une famille et, plus important encore, de l'amour. Lorsqu'Oliver est récupéré dans la rue par un garçon nommé Artful Dodger, il est accueilli dans une bande d'enfants pickpockets dirigés par Fagin, complice mais charismatique. Lorsqu'Oliver est faussement accusé d'un vol qu'il n'a pas commis, il est secouru par un gentil et riche gentleman, au grand désarroi du violent acolyte de Fagin, Bill Sikes. Au milieu se trouve la chaleureuse Nancy, qui est coincée sous la coupe de Bill, mais qui cherche désespérément à aider Oliver, avec des résultats tragiques. Avec des chansons pleines d'entrain et intemporelles comme « As Long as He Needs Me », « Food, Glorious Food » et « Where Is Love », Oliver! est aujourd’hui un classique incontournable du monde des musicals.

E) Hello, Dolly! (1964)

Un grand succès des années ‘60 a mis en vedette l’incontrôlable Carol Channing dans le rôle de l’incontrôlable Dolly Levi dans Hello, Dolly !. Il a ouvert le 16 janvier 1964 au St. James Theatre. Le livret était de Michael Stewart et les paroles et la musique de Jerry Herman. Carol Channing était en fait le troisième choix pour le rôle. Il était à l’origine destiné à Ethel Merman, mais elle l’a refusé, tout comme Mary Martin, bien que les deux joueront le rôle plus tard. Carol Channing a ainsi eu la chance de créer ce qui est son rôle le plus mémorable à Broadway. L’histoire est basée sur The Merchant of Yonkers, une pièce de théâtre de Thornton Wilder, qui avait été un flop en 1938.

L'entremetteuse Dolly Levi est une veuve mais surtout une fouineuse professionnelle. Tout change lorsqu'elle décide que son prochain défi est de se trouver quelqu'un pour elle-même. Situé à New York au début du siècle, Hello Dolly! est bruyant et charmant du début à la fin. Hello Dolly! Contient des chansons qui sont devenues des standards, comme : « Before the Parade Passes By », « It Only Takes a Moment », « Put on Your Sunday Clothes » et, bien sûr, la chanson-titre «Hello, Dolly! »

Le rôle de Dolly est l'un des rôles principaux les plus forts et les plus riches pour une femme jamais écrit pour le théâtre musical. Les célèbres Dolly Levi ont inclus : Carol Channing, Ethel Merman, Pearl Bailey, Mary Martin, Barbra Streisand, Annie Cordy et, plus récemment, Bette Midler et Bernadette Peters.

La production originale, mise en scène et chorégraphiée par Gower Champion, est devenue le musical de Broadway avec la plus longue série (2.844 représentations), dépassant My fair Lady (2.717 représentations). Le spectacle a remporté dix Tony, dont celui de Best Musical, celui de Best Actress pour Carol Channing et de Best Choreography pour Gower Champion. Le record de dix Tony n’a pas été dépassé jusqu’à ce que The Producers en remporte douze en 2001.

La robe de satin rouge que Channing portait dans la production est maintenant au National Museum of American History, qui fait partie du Smithsonian à Washington, DC. La version cinématographique de 1969, avec Barbra Streisand dans le rôle principal, a été nominée pour sept Oscars et en a remporté trois.

Hello, Dolly! a eu trois revivals à Broadway, en 1975 (une production all-black avec Pear] Bailey) et en 1978 et 1995 (toutes deux avec Crol Channing). Mary Martin a joué dans la production londonienne en 1965 et dans l’US-tour la même année.

F) Funny Girl (1964)

Streisand était de retour à Broadway pour incarner magnifiquement le rôle de Fanny Brice dans Funny Girl, qui a débuté le 26 mars 1964 au Winter Garden. Il a été nominé pour huit Tony mais n’a réussi à en gagner aucun en raison de la rude concurrence de Hello, Dolly !. Le livret était de Isobel Lennart, la musique de Jule Styne et les paroles de Bob Merril.

L’intrigue s’intéresse à Fanny Brice, star de cinéma et comédienne, et de sa relation orageuse avec son mari Nicky Arnstein, joueur invétéré, interprété par Sydney Chaplin. Situé dans la région de New York autour de la Première Guerre mondiale, il revient sur la vie de Brice alors qu’elle attend le retour de son mari de prison. A son retour, ils finiront par se séparer.

Les chansons ont été un grand triomphe pour Streisand, y compris « I’m the Greatest Star », « His Love Makes Me Beautiful », « Don’t Rain on My Parade », « Sadie, Sadie » et « Who Are You Now? ». Elle a également joué dans la version cinématographique en 1968 aux côtés d’Omar Sharif et a partagé l’Oscar de la meilleure actrice avec Katharine Hepburn (pour son rôle dans The Lion in Winter). C’était le film le plus rentable de l’année.

G) Fiddler on the roof (1964)

La dernière grande production du Golden Age a détenu le record de la plus longue série avec 3.342 représentations, record qu’il va conserver durant dix ans. Il s’agit de Fiddler on the Roof, basé sur des contes de Sholem Aleichem et se déroulant dans la Russie tsariste en 1905, dans une petite ville où Juifs et Russes vivent dans un équilibre délicat. Zero Mostel à créé le rôle de Tevye le laitier, qui essaie de garder les traditions religieuses et de voir ses cinq filles se marier. Mais ses trois aînées, Tzeitel, Hodel et Chava, ont un caractère très indépendant et elles souhaitent choisir leur mari à l’écart des anciennes méthodes. Elles vont tomber amoureuses dans une époque de changement extraordinaire. En fin de compte, les Russes forceront Tevye, sa femme et leurs deux jeunes filles à quitter leur village, et à se dirigent vers l’Amérique pour une nouvelle vie.

Après que le départ de Zero Mostel de la série, Herschel Bernardi, Theodore Bikel, puis Leonard Nimoy ont pris le rôle, mais la série a été un tel succès et continue de jouir d’une telle popularité quel que soit l’acteur… Le spectacle et la musique suffisent. Un violon sur le toit a été nominé pour dix Tony et en a remporté neuf. Il a été repris à Broadway en 1976, 1981, 1990 et 2004. Il a été présenté à Londres en 1983, 1994, 2007 et en 2018. La version cinématographique (1971), avec Chaim Topol dans le rôle de Tevye, a remporté trois Oscars.

H) On a clear day you can see forever (1965)

On pourrait dire que le Golden Age du théâtre musical américain se termine avec On a Clear Day You Can See Forever et qui souligne la mutation en cours à Broadway. Le musical a ouvert ses portes le 17 octobre 1965. Ce ne fut pas un grand succès de l’époque, bien que les critiques aient aimé la partition, et il mettait en vedette Barbara Harris. Il tint l’affiche seulement 280 représentations. Le livret et les paroles étaient de Alan Jay Lerner et la musique de Burton Lane.

Une jeune New-Yorkaise folle, Daisy Gamble (Barbara Harris), rend visite à un psychiatre, le Dr Mark Bruckner, pour obtenir de l'aide pour arrêter de fumer afin de faire plaisir à son fiancé, Warren. Cependant, Daisy n’est pas une patiente ordinaire. Elle possède des pouvoirs inhabituels, comme entendre les téléphones avant qu'ils ne sonnent et faire pousser des fleurs rien qu'en leur parlant. Sous hypnose, elle révèle qu'elle peut régresser dans le passé et devient sans le savoir Melinda Welles, une Anglaise du XVIIIe siècle. Le Dr Bruckner devient de plus en plus obsédé par l'idée d'en savoir plus sur Melinda et se rend peu à peu compte qu'il tombe amoureux d'elle… Melinda, pas Daisy. Pendant ce temps, Daisy ignore complètement son alter ego du XVIIIe siècle et se prend d'affection pour le Dr Bruckner. Lorsque Daisy découvre la raison de son intérêt pour elle, elle est horrifiée et tente de partir.

Le musical a reçu trois nominations aux Tony Awards, et la chanson titre a été enregistrée par Barbra Streisand, Robert Goulet et Johnny Mathis. La très mauvaise version cinématographique de 1970, qui s'écarte considérablement du musical à la scène, mettait en vedette Streisand et Yves Montand.

D’Oklahoma! à On a Clear Day You Can See Forever, s’étend une période mémorable du théâtre musical américain… Le Golden Age.