4.
1866 - «The Black Crook», première création américaine

 5.8.
Florenz Ziegfeld

 5.9.B2.
La première guerre mondiale

 5.9.E.
Les oeuvres principales de Kern

 5.10.
La Première Guerre Mondiale

 6.
1927 - «Show Boat»

C) Les musicals du Princess Theatre

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L'intérieur du petit «Princess Theatre»

Après le succès de They Didn't Believe Me, Kern a redoublé d’efforts, composant 19 partitions complètes de comédies musicales dans les cinq années suivantes. Cinq de ces partitions étaient destinées à l’un des plus petits théâtres de Broadway, le Princess Theatre. En 1913, le producteur Ray Comstock a construit ce petit bijou de 299 places tout près de Broadway, sur la 39ème rue. Initialement prévu comme un lieu pour de courtes pièces de théâtre, les premiers spectacles n'ont pas réussi à trouver leur public: durant les 2 premières années, le théâtre a accueilli 33 spectacles, c'est dire le nombre de flops!

L’agent Elizabeth Marbury a suggéré que l’on y joue plutôt des comédies musicales de petite taille: deux décors et une douzaine d'interprètes – un peu le off-Broadway actuel.

Elizabeth Marbury est, entre autres, l’agent de Jerome Kern. Elle suggère alors d'utiliser sa musique pour les futures comédies musicales du Princess Theatre. Kern suggère à son tour le dramaturge d'origine britannique Guy Bolton (1884-1979). Comstock embauche le parolier Schuyler Greene et fixe le budget de production à 7.500 $, un tiers du coût habituel pour une comédie musicale de Broadway à cette époque. Il a également embauché la scénographe Elsie DeWolf, compagne à la vie d’Elisabeth Marbury.

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Nobody Home (20/04/1915 – 07/08/1915)

Pour le premier projet, le directeur Comstock n’a autorisé la nouvelle équipe qu’à faire quelques modifications minimes à une opérette britannique qu’il avait programmée, Mr. Popple d'Ippleton. Lors des premières previews (représentions jouées avant la première officielle avec la presse), la réponse du public a été si négative que Comstock a reporté l'ouverture et a donné à Kern et Bolton l’autorisation de changer ce qu’ils voulaient. Ils ont déplacé l'action de Londres à New York, ont refait l’entièreté de la partition. Ils ont même été jusqu’à changer le titre: Nobody Home () (1915, 135 représentations).

Lorsque le New York Times a critiqué le spectacle comme «fox-trotty», les annonces publicitaires paraissant les jours suivants dans la presse ont utilisé cette citation pour vendre des billets. Bien qu'aucune des chansons ne soit devenue un succès, le spectacle lui a été un grand succès. C'était suffisant pour convaincre Comstock qu’il fallait continuer avec cette équipe, qui créait quelque chose de très différent.

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Moins de deux semaines après l'ouverture de Nobody Home (), Kern devait se rendre à Londres avec le producteur Charles Frohman. Mais Kern a joué aux cartes jusqu'aux petites heures la veille et a raté le départ du navire. Six jours plus tard, le 7 mai 1915, le Lusitania a été coulé par des torpilles allemandes tirées depuis un U-boot. Frohman a été l'un des 1.192 morts. Si Kern s’était réveillé, l'histoire du théâtre musical aurait certainement été sérieusement altérée.

Kern, Greene, et le librettiste Philip Bartholomae ont ensuite proposé une comédie musicale originale impliquant deux couples de jeunes mariés en croisière sur un bateau à vapeur de la rivière Hudson entre lesquels se nouent des tas de malentendus. À cette époque, de telles croisières étaient très populaires. Ce genre de personnages et le cadre de l’intrigue étaient familiers. Comme l'était le titre, Very Good Eddie () (1915, 341 représentations). Après des try-out difficiles à Albany, Kern a exigé que l’on appelle Bolton – le librettiste de Nobody Home () – pour qu’il réécrive le script. Le résultat a été un énorme succès à Broadway. Pour répondre à l’énorme demande de billets, le spectacle a rapidement été transféré au Casino Theatre, un plus grand théâtre (875 places au lieu des 299 places du Princess Theatre).

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Very Good Eddie (23/12/1915 – 14/10/1916)

Toutes les chansons sont liées à l'intrigue, mais une seule, Babes in the Wood, a été un succès. Avec son humour et son atmosphère totalement américaine, Very Good Eddie () était un vrai pionnier. Dans American Musical Theatre: A Chronicle Gerald Bordman affirme que, plus que tout autre, «ce spectacle a formé le moule qui produit un demi-siècle de comédie musicale américaine».

Le soir de la première à Broadway de Very Good Eddie (), le 23 décembre 1915, Jerome Kern présente son librettiste Bolton à l'écrivain d'origine britannique P.G. Wodehouse (1881-1975). Auteur prolifique, il écrira plus 70 romans, 20 recueils de 200 nouvelles, plus de 100 récits pour magazines, 400 articles, 19 pièces de théâtre et 250 chansons pour 33 comédies musicales (pour Jerome Kern, Cole Porter, Ira Gershwin, etc.). Deux de ses personnages sont devenus internationalement célèbres: Wooster, un aristocrate un peu benêt, et de Jeeves son valet de chambre débrouillard toujours présent pour lui sauver la mise... Wodehouse était un magicien du langage, créant des images aussi insolites que drôles. Il écrivait avec aisance des dialogues naturalistes et des conversations aux rimes inventives. Kern a toujours préféré composer d’abord la musique des comédies musicales auxquelles il participait, avant que les paroliers et y rajoutent des mots. Cela convenait totalement à Wodehouse. Un beau trio s’était formé : le compositeur Jerome Kern, le librettiste Guy Bolton et le parolier P.G. Wodehouse.

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Have A Heart (11/1/1917 – 17/3/1917)

Le directeur du Princess Theatre, Ray Comstock voulait que le trio adapte en comédie musicale une vieille comédie pour son théâtre, mais le trio a estimé que l'histoire ne fonctionnerait pas. Comstock, pensant que n'importe qui pourrait faire le job, a engagé une autre équipe. Go to It () a fermé après 23 représentations!

Entre-temps, la première œuvre signée du trio Bolton-Wodehouse-Kern a été présentée par le producteur américain de The Merry Widow (), Henry Savage. Bien que Have a Heart () (1917, 76 représentations) n'a pas été joué au Princess Theatre, il a toutes les caractéristiques des œuvres crées pour là-bas. Le spectacle suit un jeune couple qui part en lune de miel pour tenter de sauver leur mariage chancelant, mais ils tombent sur l'une des anciennes liaisons du mari. Des quiproquos divers trouvent une solution grâce à un intelligent garçon d'ascenseur. Joué au Liberty Theatre (1.055 places), le spectacle n'a tenu l’affiche que deux mois, mais la tournée post-Broadway a duré deux années et fut très rentable. Kern n’a pas du tout apprécié la manière dont Henry Savage gérait les finances d’une production et le trio décida de retourner au Princess Theatre de Comstock.

À cette époque, Wodehouse écrit dans le magazine Vanity Fair: «Le public a enfin compris qu'il était possible que le livret d'une comédie musicale soit cohérent, sensible et drôle – pour de bonnes raisons, donc liées à l’intrigue – et le public exige maintenant ces qualités d’un spectacle avant qu’il n’accepte de payer le billet de deux dollars à la billetterie du théâtre.»

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Oh, Boy! (20/2/1917 – 30/3/1918)

Oh Boy! () (1917, 463 représentations), le premier du trio au Princess Theatre, est aussi la comédie musicale la plus réussie de toutes celles qu’ils présenteront à trois dans ce lieu. Juste pour souligner la puissance de travail du trio, Have a Heart () a ouvert au Liberty Theatre le 11 janvier 1917 et Oh Boy! () au Princess Theatre, le 20 février 1917, seulement six semaines plus tard. C'est ce qu'on appelle «enchaîner».

L'intrigue de Oh Boy! () suit un jeune homme qui se marie malgré les objections d'une riche tante. Pendant que sa nouvelle épouse est absente, il laisse une collégienne se réfugier chez lui afin d’éviter d'être arrêtée. Mais sa femme revient de façon inattendue, et après quelques malentendus innocents, tous les soupçons sont résolus. Wodehouse a remplacé les blagues indépendantes par de l'humour situationnel. Avec des chansons comme Till the Clouds Roll By, Oh Boy! () a marqué une nouvelle étape de sophistication pour la comédie musicale américaine.

Il s'agissait de la première production de Broadway à vendre 3,50$ la place, mais les revendeurs ne se privaient pas de surfer sur le succès et le billet, chez eux, pouvait monter jusqu’à 50$.

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Oh, Joy
Kingsay Theatre - London (1919)

Oh Boy! () est rentré dans l’histoire quand il a été transféré avec succès à Londres. Le producteur britannique changea le titre en Oh Joy! () (1919, 167 représentations), déplaça l'action à Londres et fit adapter certaines chansons par des auteurs britanniques. C’était difficile de protester, l’adaptation venait de changer de sens… À partir de ce moment, les comédies musicales de Broadway sont devenues des vedettes régulières du West End de Londres.

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Leave It ti Jane (1917)

Avec Oh Boy! () triomphant au Princess Theatre, Leave It to Jane () (1917, 167 représentations) a du être créé au Longacre Theatre, qui avec ses 1.005 sièges était encore plus petit que la plupart des salles de Broadway. Kern a composé 14 chansons de Leave It to Jane () en moins d’une semaine! L’histoire concerne la rivalité entre l’Atwater College et le Bingham College en matière de football et fait la satire de la vie universitaire dans une ville du Midwest américain. Jane est la mascotte de l'Atwater College, car elle a toujours une solution au moindre problème. Tout le corps étudiant la salue :

Leave it to Jane, Jane, Jane.
Jane is the girl with brain.
No problem you can wish on her
Gives her a pain.
She’ll handle gaily
A score or more daily.
If something is on your mind
Comfort you soon will find.
If you have started worrying, kindly refrain.
Just hand the whole thing over to Jane!

Extrait de «Leave It to Jane»(1917)

 

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Oh, Joy
Kingsay Theatre - London (1919)

Pour renforcer l'équipe de football perdante de son école, Jane courtise Billy, le quarterback star de l’école rivale. Envoûté, il accepte de jouer pour l’Atwater College. Alors que Jane se rend compte qu'elle est tombée amoureuse de Billy, lui se rend compte qu'il a été manipulé par la jeune fille. Mais Jane n'aura besoin que d'un duo d'amour – il est vrai écrit par Kern et WodehouseWhat I'm Longing to Say pour arranger les choses, avant que Billy ne mène l'équipe d'Atwater à la victoire. Leave It to Jane () s’est joué devant des salles pleines à craquer, mais il dut fermer en janvier 1918 après 167 représentations suite à un conflit interne au théâtre. Une reprise dans le off-Broadway en 1959 s'est transformée en un succès surprise, accumulant 928 représentations!

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The Riveria Girl (1917)

Rien qu’en 1917, Kern a composé la musique de 5 comédies musicales complètes, mais aussi des adaptations pour d'autres spectacles. Alors que la guerre sous-marine totale contre le transport maritime commercial avait repris dans l’Atlantique (elle s’était calmée après le Lusitania), l'entrée en guerre des États-Unis dans le conflit mondial était devenue presque inévitable.

Les propriétaires de théâtre Klaw et Erlanger se sont retrouvés coincés avec les droits d'une opérette viennoise intitulée Gypsy Princess (). Pour rendre le spectacle moins germanique, Guy Bolton a écrit un nouveau livret, transformant le personnage principal en danseur de vaudeville américain. Rebaptisé The Riviera Girl () (1917, 100 représentations), Kern et Wodehouse ont écrit une chanson supplémentaire. À une époque où les New-Yorkais rêvaient d'obtenir de petites maisons de week-end (des «bungalows») sur Long Island, c'était amusant d'entendre un jeune couple planifier l'un des leurs:

Let’s build a little bungalow in Quogue
In Yaphank or in Hicksville or Patchogue.
Where we can sniff the scented breeze,
And pluck tomatoes from the trees,
Where there is room to exercise the dog.
How pleasant it will be through life to jog
With Bill the bull and Hildebrand the hog:
Each morn we’ll waken from our doze,
When Reginald, the rooster, crows,
Down in our little bungalow in Quogue.

Extrait de «The Riviera Girl»(1917)

 

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Oh, Lady! Lady! (1918)

Kern a mis ces paroles ludiques en musique grâce à une mélodie simple qui a utilisé plusieurs ensembles de notes répétées, une technique risquée, mais dont le résultat final a ravi les auditeurs.

En 1918, Kern construisait une nouvelle maison dans le Bronx, de sorte que sa production ralentit: seulement quatre comédies musicales. Et une seule était pour le Princess Theatre. Dans Oh Lady! Lady! () (1918, 219 représentations), les plans de mariage d'une jeune femme sont en péril lorsque sa couturière s'avère être l'ex-petite amie de son fiancé. Plusieurs malentendus surviennent lors d'une fête sur un toit à Greenwich Village.

La ballade Bill a été coupée lors des previews, car elle a été jugée trop mélancolique. Mais Kern a cru en la chanson et l'a déposée. Il la réutilisera en 1927 dans ce qui restera son plus célèbre musical, que beaucoup consièdrent comme le premier vrai musical de tous les temps: Show Boat ().

Avec cette comédie musicale, la «Princess Team» a mis fin à son partenariat. Et pourtant, cette collaboration a été couverte de louanges, comme celle de Gerald Bordman, écrivant dans The Musical Times:

These shows built and polished the mold from which almost all later major musical comedies evolved. As they all dealt with the smart set they were stylishly mounted .... The characters and situations were, within the limitations of musical comedy license, believable and the humor came from the situations or the nature of the characters. Kern's exquisitely flowing melodies were employed to further the action or develop characterization. ... P. G. Wodehouse, the most observant, literate, and witty lyricist of his day, and the team of Bolton, Wodehouse, and Kern had an influence which can be felt to this day.

Gerald Bordman, "The Musical Times".


A propos de Oh Lady! Lady! (), en avril 1918, Dorothy Parker a écrit dans Vanity Fair:

Well, Wodehouse and Bolton and Kern have done it again. Every time these three are gathered together, the Princess Theatre is sold out for months in advance. (...) You can get a seat at the Princess, somewhere along around the middle of August, for just about the price of one on the stock exchange. (...) Wodehouse and Bolton and Kern are my favorite indoor sport, anyway. I like the way they go about a musical comedy. (...) I like the way the action slides casually into the songs. (...) I like the deft rhyming of the song that is always sung in the last act, by two comedians and one comedienne. And oh, how do I like Jerome Kern's music – those nice, soft, polite little tunes that always make me wish I'd been a better girl. And all these things are even more so in Oh Lady! Lady!! than they were in Oh Boy!

Dorothy Parker, "Vanity Fair", avril 1918.


Aucun d'entre eux n'a jamais expliqué pourquoi ils s’étaient séparés. Il se peut que les livrets de Bolton et Wodehouse s'appuyant souvent sur des malentendus devenaient trop prévisibles et récurrents. Il est plus probable que Bolton et Wodehouse n'étaient plus disposés à se contenter de 5% chacun des bénéfices quand Kern en obtenait 10%. Bolton et Wodehouse font équipe avec le compositeur Louis Hirsch (1887-1924). Hirsch était bon, mais pas du même niveau que Kern, et leur Oh, My Dear! () (1918, 189 représentations) fut le premier sans Kern, mettant fin à une magnifique aventure de trois ans du trio magique au Princess Theatre.

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De gàd: Morris Gest, P.G. Wodehouse, Guy Bolton, Ray Comstock et Jerome Kern (env. 1917)

Le trio Bolton-Wodehouse-Kern demeura ami et se retrouva une seule fois, dans Sitting Pretty () (1918, 189 représentations) (1924, 94 représentations). Mais les charmes mélancoliques des comédies musicales du Princess Theatre semblèrent totalement hors de propos au milieu du rugissement des années ‘20.

D) L’importance des « Princess Years »

Beaucoup ont tenté d’analyser pourquoi les «Princess Years» furent si importantes. Mais beaucoup semblent faire fausse route dans cette analyse. Les membres du trio Bolton-Wodehouse-Kern n'ont pas été les premiers auteurs à intégrer avec succès les chansons dans l'histoire. Nous en avons vu beaucoup dans les chapitres précédents. Et quant à qualifier ces comédies musicales d’«américaines», n’oublions pas que Bolton et Wodehouse sont nés en Angleterre. Donc ces succès ont une «paternité» internationale. Mais qu'est-ce qui a vraiment rendu les «Princess Years» historiques? Voici un certain nombre de pistes:

  • L'intimité du Princess Theatre, et de ses 299 places, a rendu possible un style de jeu plus naturel (il n’y avait pas de micro à l’époque), préfigurant l'attrait du film sonore.
  • Il s'agissait de la première série de comédies musicales dont l’action se déroulait à New York. Jusqu'à présent, la plupart des comédies musicales se passaient à des époques anciennes ou dans des lieux lointains, ou dans de petites villes. À partir de maintenant, le cadre le plus courant pour les comédies musicales contemporaines de Broadway serait New York, l'endroit où la culture populaire se créait.
  • Dans les meilleures comédies musicales du Princess, chaque élément était logique et naturel, survenant à cause de l'histoire ou des personnages. Cela a permis à ces spectacles de se débarrasser des numéros des stars, des chansons à succès importées dans le show sans raison et forcé des numéros d’«humoristes» que l’on trouvait dans les comédies musicales précédentes.
  • Ce sont les premières comédies musicales à bénéficier pleinement du génie créatif de Jerome Kern. Les paroles de Bolton et Wodehouse étaient très réussies, mais le fait que lorsque Kern a été remplacé par Kern, le succès a été nettement moindre, cela démontre que la musique de Louis Hirsch était un facteur clé. Qu'est-ce qui a rendu sa musique unique? Peut-être Stephen Sondheim est celui qui est le plus proche de la vérité quand il affirme que les compositions de Kern montrent une «hard-won simplicity», une simplicité durement gagnée.
  • Ce sont les premières comédies musicales américaines qui ont été si bien écrites qu'elles peuvent encore divertir aujourd’hui.
  • Les comédies musicales du Princess ont inspiré la génération d'auteurs-compositeurs qui va alimenter Broadway dans les années ‘20, y compris Richard Rodgers, George Gershwin et Cole Porter.
  • Dans la plupart des comédies musicales de l’époque, les spectateurs avaient réellement quelques minutes de véritable plaisir. Dans les meilleures comédies musicales Princess, ce plaisir durait deux heures et demie, en continu.

Jerome Kern était un artiste sérieux. Il a répondu un jour lors d’une interview: «J'essaie de confronter la musique légère à l’art moderne, comme Debussy (moderniste prophétique de la fin du XIXe siècle; avec Pelléas et Mélisande, l’opéra français sort des ornières de la tradition du drame lyrique) l'a fait pour une musique plus sérieuse.» En tant que vétéran de Tin Pan Alley (surnom de la musique populaire américaine de la fin du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle), il a équilibré l'ambition artistique avec un désir sain d'écrire des chansons à succès commercial. Comme nous le verrons dans les chapitres à venir, la double orientation de Kern (qualité ET populaire) a conduit à certains des plus grands succès de la scène musicale des deux décennies suivantes.

Laissons la conclusion de ce chapitre à George Gershwin:

Kern was the first composer who made me conscious that most popular music was of inferior quality, and that musical-comedy music was made of better material. I followed Kern’s work and studied each song that he composed.

George Gershwin