2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

 3.1.
Robbins / Bernstein
Laurents / Sondheim
Les créateurs

 3.2.2.
Age d'or des musicals
Oklahoma! (1943)

 3.2.4.
Age d'or des musicals
Les plus grands succès

 3.3.
West Side Story
La création en 1957

 4.
L'après 1957

C) Le début et la fin de l'«âge d'or» des musicals

Ethen Mordden écrit dans son livre Coming Up Roses: The Broadway Musical in the 1950s (1998): « Si les années 1950 ont donné une place cruciale aux musicals dans la culture, c'est au moins en partie parce que la révolution Rodgers et Hammerstein des années 1940 a poussé les musicals à chercher le développement de personnages plus réalistes: en un mot, à devenir drame. Ainsi, les années 1940 en ont introduit la notion et les années 1950 l'ont exploitée. »

Même les comédies musicales médiocres qui appliquent la formule de Rodgers & Hammerstein peuvent rapporter de l’argent. Happy Hunting (qui reste à l’affiche pour 408 représentations en 1956) souffre d’une partition peu inspirée et écrite par un dentiste de Brooklyn, mais qui s'en soucie tant qu'Ethel Merman est là pour la chanter ? L’intrigue n’est pas très originale : une mondaine de Philadelphie de basse naissance qui n'est pas invitée au mariage royal de Grace Kelly à Monaco se venge en fiançant sa fille à un grand-duc appauvri. Comme nous sommes dans un musical, maman et le noble tombent bientôt amoureux l'un de l'autre, tandis que la fille tombe amoureuse d'un jeune avocat.

Lorsque le contrat d'un an de Merman se termine, Happy Hunting baisse le rideau après avoir cependant engendré un profit. Mais sans Merman, il n'y a pas de tournée ni de film.

Une variante inhabituelle du format post-Oklahoma! rencontre un succès particulier : l’adaptation par George Forrest et Robert Wright des thèmes d'Alexandre Borodine qui composent Kismet (1953 - 583 représentations). Ce conte de style mille et une nuits est un musical déguisé en sketch burlesque et sexy mais sonne comme une opérette à l'ancienne. Les critiques les plus arrogants de New York sont sur le point de détruire cet hybride inhabituel, mais une grève des journaux les empêche d'être imprimés pendant quelques semaines. Le public adore les somptueuses scènes de harem et les mélodies romantiques ; au moment où la grève se termine, les critiques cinglantes sortent mais il est trop tard : le bouche à oreille a fait de ce musical un succès éclatant.

Kismet est récompensé par six Tonys, dont best musical. Il est encore joué occasionnellement par des compagnies d'opéra (en raison de la difficulté vocale de la partition).

Le 15 juin 1953, la Ford Motor Company célèbre son cinquantième anniversaire en parrainant une revue télévisée dont le point d’orgue est un récital des stars de Broadway Ethel Merman et Mary Martin, celle qui créera quelques années plus tard le rôle de Maria von Trapp dans La Mélodie du bonheur (The Sound of Music). La mise en scène est réalisée par Jerome Robbins. L’émission est retransmise en direct depuis l'immense Center Theater de Broadway et attire plus de soixante millions de téléspectateurs ; un enregistrement live se vend à plus de 100 000 exemplaires en deux jours.

Dans les années 1950, les musicals de Broadway sont un élément central de la culture populaire américaine. Chaque saison, des chansons qui en sont issues se hissent au sommet des charts. La demande du public, une économie en plein essor et de nombreux talents créatifs font vibrer Broadway.