0.
Introduction

 1.2.
Immigration


 1.3.1.B
Historique & origines:
origines

 1.4.
Urbanisme
à New York

 2.
Un mythe:
Romeo & Juliet

A) Vampires, dragons et rois égyptiens

La mention la plus ancienne de gangs à New York date de 1825: The Forty Thieves (les 40 voleurs) étaient un gang irlandais dans le quartier de Five Points.

Le phénomène des gangs adolescents explose aux USA après la Seconde Guerre mondiale. A la fin des années '50, on estime le nombre de gangs à New York à 100-150 pour un total d’environ 6.000 membres, âgés en moyenne de 12 à 19 ans.

  •   À Brooklyn :  les Mau Maus, les Jokers, les Vampires et les Barons;
  •   Dans le Bronx :  les Fordham Baldies et les Golden Guineas
  •   A East Harlem :   les Dragons, les Red Wings et les Egyptian Kings
  •   A Washington Heights :   les Jesters et les Amsterdams

Les chefs de gangs ont rarement plus de 20 ans, les membres les plus jeunes ont à peine 8 ans.

Chaque gang revendique son propre micro-quartier, parfois pas plus de six pâtés de maisons voire une simple rue pour les plus petits. Toute incursion d'un gang rival est considérée comme un acte d'agression et donne souvent lieu à un rumble (une bagarre).

Les gangs sont plus ou moins divisés en groupes ethniques, et ils ne sont pas subtils à ce sujet. Dans Hell's Kitchen, par exemple, il y a un gang irlando-italien appelé les Nordics. Les Mau Maus, un gang portoricain, tirent leur nom d’un soulèvement contre les colons britanniques au Kenya. Beaucoup de gangs ont cependant un mélange d'origines ethniques. L’historien Eric Schneider explique dans son livre Vampires, Dragons, and Egyptian Kings que les gangs sont en fait des organisations qui s'identifient à l'ethnicité déclarée du quartier plutôt qu'à celle des membres individuels.

Les gangs fournissent un moyen de se forger une identité masculine et d'obtenir « le pouvoir, le prestige et l'adulation des filles. »

Comme le rappelle un ancien membre de gang, appelé Bobby, dans le livre d’Eric Schneider:

«Tout ce que vous aviez, c'était votre territoire, il n'y avait rien d'autre. Tout ce que vous aviez, c'était cette fierté d'être un hombre, d'être un mauvais garçon et de prendre soin de votre gang.»

Témognage de "Bobby" dans «Vampires, Dragons, and Egyptian Kings» d'Eric Schneider


Ce sentiment d'identité est renforcé par les vêtements qu'ils portent, car malgré leur attitude et la violence de leur comportement, ces adolescents aiment être beaux. Beaucoup ont des sweaters spéciaux avec l'insigne de leur gang sur la poitrine, comme un "MM" cramoisi pour les Mau Maus. Certains gangs sont connus pour leurs chapeaux. Les Beavers, un gang de Brooklyn, préféraient les chapeaux noirs en feutre, tandis que les Tiny Tims portent des bérets bleus.

Le Dr Lewis Yablonsky, un criminologue et sociologue qui a travaillé avec des membres de gangs dans les années '50, dit que West Side Story () est un reflet relativement exact des conflits entre gangs:

«Je suis allé voir la pièce originale à Broadway », dit-il. Beaucoup de choses étaient justes, comme les vêtements, le langage et les lieux ; les terrains de basket, les toits et les immeubles d'habitation.»

Dr Lewis Yablonsky


La scène de la salle de danse - où Tony et Maria se rencontrent pour la première fois - lui est également familière:

«J'avais l'habitude d'organiser des danses et des matchs de baseball pour ces gars-là, afin de les réunir. Je me souviens d'un bal où il y avait 500 personnes dans la salle de bal de l'université de Columbia. Il n'y avait pas de bagarre, mais on pouvait sentir la tension.»

Dr Lewis Yablonsky


Les gangs de cette époque sont différents de ceux d’aujourd’hui. Ils ne se battent pas pour la drogue. Bien qu’elle soit très répandue à New York, en particulier avec l'augmentation de l'héroïne à la fin des années '50 et dans les années '60, les guerres de gangs se déroulent principalement pour le turf (territoire) et les filles. En fin de compte, les drogues ont contribué à la disparition des gangs de combat. Les membres des gangs sont devenus accros à l'héroïne, ce qui les a amenés à se détourner du gang pour se consacrer à leur prochaine dose. Les drogués étant notoirement peu fiables dans les rixes, ils sont souvent taquinés sans pitié ou ostracisés par le gang dans l'espoir qu'ils se débarrassent de leur dépendance et deviennent un membre "productif" du gang.