La moelle de Flaubert, sa féroce lucidité.

Bouvard et Pécuchet est une œuvre géniale, clairvoyante, visionnaire…et drôle de l’histoire de la pensée unique. C’est une lecture éblouissante du mythe de l’éternel recommencement, c’est un moment de rage bienveillante de Gustave Flaubert, ultime roman de la personnalité majeure de la littérature française.

Si Bouvard et Pécuchet sont des « cloportes » selon leur créateur, ils sont aussi capables d’analyses pertinentes et ironiques des gens et de la société qui les entourent.


Bouvard et Pécuchet, copistes de leur état, la cinquantaine venue, se retirent à la campagne et décident, après avoir inspecté l’univers, d’embrasser la totalité des connaissances humaines. Ils veulent ainsi comprendre et maîtriser le monde par le savoir. Dans une débauche de recherche de travail, de bonne volonté, d’amitié… et de sottises, ils vont être les représentants de la bêtise humaine, chose, chacun le sait, la mieux partagée de l’univers.

" La bêtise n'est pas d'un côté et l'esprit de l'autre, c'est comme le vice et la vertu. Malin qui les distingue. "
Bouvard et Pécuchet - Flaubert


CREATEURS
AuteurGustave Flaubert 
AdaptateurMichel Tanner 
Mise en scèneMichel Tanner 
Assistanat mise en scèneBéatrix Férauge 
ScénographieVincent Lemaire 
CostumesIsabelle Chevalier 
LumièreGuy Simard 
MusiqueEloy Baudimont 
AVEC
Guy Pion 
Jean-Marie Petiniot 
Une co-Production du Théâtre de l’Eveil, du Manège.Mons, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar

Chapeau bas, Messieurs ! Vos Bouvard et Pécuchet vous collent à la peau et nous captivent. Ils excitent la pensée, frôlent l'émotion et mettent en joie ! Mercredi, dans la petite salle montoise des Arbalestriers assommée de chaleur, les applaudissements ont trouvé une énergie inespérée pour répondre à la vôtre, magnifique.
Ne tournons pas autour du pot : nous étions sceptique. Non sur votre talent. Mais avouez que pour ramener en une heure quarante et en théâtre les cinq cents pages de Gustave Flaubert, où les strates du savoir universel du XIX e siècle - et sa critique féroce - se télescopent à la vitesse de la lumière, il fallait une bonne dose d'inconscience... et d'intelligence !

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Michèle FRICHE - Le Vif/L'Express, 12/01/2007

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On n'oubliera pas de sitôt le tandem composé par Guy Pion et Jean-Marie Pétiniot, complices naguère dans le "Fin de partie" de Beckett, écrivain auquel on ne peut manquer de songer en voyant ce spectacle. Guy Pion campe un Bouvard débonnaire, tendre et un tantinet suffisant, face au Pécuchet névrosé et introverti de Jean-Marie Pétiniot. Ils n'en font ni trop ni trop peu, promenant leurs personnages dans le labyrinthe du savoir avec une faconde à la fois ludique et pathétique.

Il faut saluer chaleureusement l'adaptation de Michel Tanner, également responsable de la mise en scène. Il est parvenu, en effet, en l'espace d'une heure et demie, à embrasser l'ensemble de l'œuvre, à restituer sa tonalité et ses enjeux, à être com­plet sans se perdre dans une chimérique exhaustivité (le roman fait quatre cents pages bien tassées). Il a judicieusement puisé dans le "Dictionnaire des idées reçues" et dans les notes laissées par l'écrivain pour la suite de son projet interrompu par la mort le 8 mai 1880.

Philip TIRARD - La Libre Belgique, 07/07/2006

Toute la presse :


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Ouvert sur le monde, le Festivâl au carré se veut aussi ancré dans sa région. Michel Tanner, direc­teur de la Fabrique de théâtre (Frameries) et par­tenaire de longue date du Manège, s'attaque à Bouvard et Pécuchet eri signant l'adaptation et la mise en scène pour deux monstres des plateaux, Guy Pion (à l'origine du projet) et Jean-Marie Pétiniot, tous deux à la source du Théâtre de
!'Eveil, longtemps en résidence montoise.

Comment concentrer l'ultime et gros chef d'oeuvre inachevé de Flaubert en une heure quarante?
« Je ne joue pas du tout le jeu du roman, ex­plique Michel Tanner, il n'y a ni commentaire, ni soliloque, mais des dialogues entre les deux prota­gonistes. Tout ce que se disent Bouvard (Pion) et Pécuchet (Pétiniot) est dans le conflit amical, très aimant. L'un n'agit jamais sans l'autre ... Mais il y a des prises de pouvoir de l'un sur l'autre, alternative­ment. J'ai réinventé environ les deux tiers des dialo­gues en y incluant une vingtaine de définitions puisées dans le très grinçant Dictionnaire des idées reçues de Flaubert».
« J'ai essayé de traverser toutes ces connaissances que les deux commis copistes partis à la campagne, rêvent d'acquérir, de la philosophie à l'agriculture en passant par le théâtre. ajoute Michel Tanner. Flaubert y fait une critique sociale et politique dévastatrice. Ces deux cloportes comme il les appelle mais qu'ils ne sont pas seion moi, échouent bien évidemment dans toutes leurs tentatives de maîtriser le savoir universel, ils ratent même leur suicide. Ils sont sots, naïfs, prêts à tout croire, mais aussi très attachants, et pas très loin des héros de Beckett.
Nous tenterons de jouer en équilibre entre la comédie affirmée, le jeu pur, l'ironie, la charge politique, sans perdre de vue la dimension humaine. Je pense que le public ne rira pas toujours de la même cho­se, et qu'il ne sera pas ému au même moment.
»

Michèle FRICHE - Le Soir (Mad), 28/06/2006