La moelle de Flaubert, sa féroce lucidité.

Bouvard et Pécuchet est une œuvre géniale, clairvoyante, visionnaire…et drôle de l’histoire de la pensée unique. C’est une lecture éblouissante du mythe de l’éternel recommencement, c’est un moment de rage bienveillante de Gustave Flaubert, ultime roman de la personnalité majeure de la littérature française.

Si Bouvard et Pécuchet sont des « cloportes » selon leur créateur, ils sont aussi capables d’analyses pertinentes et ironiques des gens et de la société qui les entourent.


Chapeau bas, Messieurs ! Vos Bouvard et Pécuchet vous collent à la peau et nous captivent. Ils excitent la pensée, frôlent l'émotion et mettent en joie ! Mercredi, dans la petite salle montoise des Arbalestriers assommée de chaleur, les applaudissements ont trouvé une énergie inespérée pour répondre à la vôtre, magnifique.
Ne tournons pas autour du pot : nous étions sceptique. Non sur votre talent. Mais avouez que pour ramener en une heure quarante et en théâtre les cinq cents pages de Gustave Flaubert, où les strates du savoir universel du XIX e siècle - et sa critique féroce - se télescopent à la vitesse de la lumière, il fallait une bonne dose d'inconscience... et d'intelligence !

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Michèle FRICHE - Le Vif/L'Express, 12/01/2007

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On n'oubliera pas de sitôt le tandem composé par Guy Pion et Jean-Marie Pétiniot, complices naguère dans le "Fin de partie" de Beckett, écrivain auquel on ne peut manquer de songer en voyant ce spectacle. Guy Pion campe un Bouvard débonnaire, tendre et un tantinet suffisant, face au Pécuchet névrosé et introverti de Jean-Marie Pétiniot. Ils n'en font ni trop ni trop peu, promenant leurs personnages dans le labyrinthe du savoir avec une faconde à la fois ludique et pathétique.

Il faut saluer chaleureusement l'adaptation de Michel Tanner, également responsable de la mise en scène. Il est parvenu, en effet, en l'espace d'une heure et demie, à embrasser l'ensemble de l'œuvre, à restituer sa tonalité et ses enjeux, à être com­plet sans se perdre dans une chimérique exhaustivité (le roman fait quatre cents pages bien tassées). Il a judicieusement puisé dans le "Dictionnaire des idées reçues" et dans les notes laissées par l'écrivain pour la suite de son projet interrompu par la mort le 8 mai 1880.

Philip TIRARD - La Libre Belgique, 07/07/2006