7.
1927 1943 - Difficultés

 8.18.
Principales versions
d'Oklahoma!

 8.19.5.
1 ère production
I Remember Mama

 8.19.7.
2 ème production
Annie get your Gun


 9.
1943 1964 - Golden Age

Mais il était certain qu'après le succès d'Oklahoma! (), la finalisation de projets antérieurs, l'écriture d'un film musical et la production de spectacles dont ils n'étaient pas les auteurs, Rodgers et Hammerstein allaient tôt ou tard devoir créer un second musical pour Broadway. Comme ils s'étaient inspiré de la pièce Green Grow the Lilacs pour la création de Oklahoma! (), ici encore, ils vont repartir d'une œuvre théâtrale existente.

A) Source originale: Liliom

A.1) Création en Hongrie en 1909

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«Liliom» (1910) de Ferenc Molnár
Edition originale 1910 - Franklin-Társulat

Carousel va s’inspirer de la pièce de théâtre hongrois Liliom, un drame de Ferenc Molnár. Elle avait été créée à Budapest en 1909. Le public a été intrigué par cette œuvre qui n’a tenu l’affiche qu’une trentaine de performances, première ombre dans la carrière réussie de Molnár en tant que dramaturge. Liliom n’a été re-programmée qu’après la Première Guerre mondiale. Quand elle est a été rejouée à ce moment à Budapest, ce fut un énorme succès.

Sauf pour la fin, Liliom et Carousel sont très similaires. Andreas Zavocky, à qui l’on a donné le surnom de Liliom - le mot hongrois pour «lily» est un terme argotique signifiant «dur à cuire» – est un aboyeur dans les fêtes foraines. Il tombe amoureux de Julie Zeller, une servante, et ils commencent à vivre ensemble. Quelques temps plus tard, ils perdent tous deux leurs jobs. Liliom est très énervé par cette situation et envisage de quitter Julie. Il décide de ne pas le faire en apprenant qu’elle est enceinte. Une intrigue secondaire implique l’amie de Julie, Marie, qui est tombée amoureuse de Wolf Biefeld, un portier d’hôtel. Après le mariage, il devient propriétaire de l’hôtel.

Liliom cherche désespérément à gagner de l’argent pour que Julie, lui et leur enfant puissent immigrer en Amérique pour y vivre une vie meilleure… «le rêve américain». Liliom conspire avec un certain Ficsur pour commettre un vol. Mais ce dernier se passe mal et Liliom se tire une balle dans la tête. Son esprit est amené au tribunal de police du Ciel. Comme Ficsur l’avait mentionné lorsque les deux préparaient leur crime, les petits voleurs comme eux ne passent pas devant Dieu lui-même. Le magistrat propose à Liliom de retourner sur Terre pour un jour afin de tenter de racheter les torts qu’il a fait à sa famille, mais doit d’abord passer seize ans dans un purgatoire ardent.

À son retour sur Terre, seize ans plus tard, Liliom rencontre sa fille, Louise, qui, comme sa mère, est maintenant ouvrière d’usine. Disant qu’il connaissait son père, il essaie de lui donner une étoile qu’il a volée dans les cieux. Quand Louise refuse de la prendre, il la frappe. Ne réalisant pas qui il est, Julie le confronte, mais se retrouve incapable d’être en colère contre lui. Avec ce geste violent, Liliom a décidé de son destin, vraisemblablement l’enfer. Louise demande à sa mère s’il est possible de ressentir une dure gifle comme si c’était un baiser. Julie dit à sa fille qu’il est très possible que cela se produise.

A.2) Création à New-York par la Theatre Guild

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«Liliom» dans la production de la Theatre Guild (1921)
Avec Joseph Schildkraut (Liliom), Evelyn Chard (Louise)
et Eva Le Gallienne (Julie)

© Theatre Guild - Photographe Ira D. Schwartz

Une traduction anglaise de Liliom a été faite assez rapidement. Elle a été créditée à Benjamin "Barney" Glazer, même si de nombreuses rumeurs l’attribuent au premier partenaire majeur de Rodgers: Lorenz Hart. La Theatre Guild la présenta à New York le 20 avril 1921, avec Joseph Schildkraut dans le rôle de Liliom, Eva Le Gallienne (Julie) et Evelyn Chard (Louise). Ce fut un gros succès avec 300 représentations, le spectacle étant joué au Garrick Theatre puis au Fulton Theatre.

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«Liliom» dans la production de Vinton Freedley (1940)
Avec Ingrid Bergman & Burgess Meredith

© Theatre Guild - Photographe Ira D. Schwartz

Deux reprises de cette pièce ont eu lieu: la première en octobre 1936 au Civic Repertory Theatre avec Eva Le Gallienne reprenant son rôle. Mais la pièce ne s’est jouée que 30 représentations. Une vraie déception, surtout avec Eva Le Gallienne reprenant l'un de ses rôles fétiches...

La seconde reprise est programmée à pein quatre ans après cet échec, le 25 mars 1940 avec Burgess Meredith (Liliom) et Ingrid Bergman (Julie). Bergman n'est pas encore la star qu'elle va devenir deux ans plus tard avec le film Casablanca. Mais tout son talent est déjà là. Liliom est son premier spectacle à Broadway. Le spectacle a tenu l’affiche 56 représentations au St. James Theatre. Cette dernière version a été vue par Rodgers et Hammerstein et les a fortement intéressés.

Glazer, en introduisant la traduction anglaise de Liliom, a écrit:

«And where in modern dramatic literature can such pearls be matched — Julie incoherently confessing to her dead lover the love she had always been ashamed to tell; Liliom crying out to the distant carousel the glad news that he is to be a father; the two thieves gambling for the spoils of their prospective robbery; Marie and Wolf posing for their portrait while the broken-hearted Julie stands looking after the vanishing Liliom, the thieves' song ringing in her ears; the two policemen grousing about pay and pensions while Liliom lies bleeding to death; Liliom furtively proffering his daughter the star he has stolen for her in heaven. ... The temptation to count the whole scintillating string is difficult to resist.»

Benjamin "Barney" Glazer - Traducteur de Liliom

 

B) Création du musical Carousel

B.1) Survivre à Oklahoma!

«Oklahoma! () est l’œuvre la plus influente du théâtre musical américain. En fait, l’histoire de la comédie musicale de Broadway peut précisément être divisée en ce qui est venu avant Oklahoma! () et ce qui est venu après lui.»

Thomas Hischak - The Rodgers and Hammerstein Encyclopedia


Oklahoma! () est une vraie innovation pour son époque en intégrant complètement le chant, le personnage, l’intrigue et la danse. Selon Hischak toujours : «Oklahoma! () est devenu le modèle pour les spectacles de Broadway pour des décennies.». Il s’est avéré un énorme succès populaire et financier. Mais ce triomphe eut une conséquence directe pour ses créateurs…

Que faire après cela qui ne paraisse terne et fade?

Le producteur de film Samuel Goldwyn, après avoir vu Oklahoma! (), a conseillé à Rodgers de se tirer une balle dans la tête. Selon Rodgers : «C’était une façon brutale mais drôle pour Sam de me dire que je ne créerais jamais plus un aussi bon spectacle qu’Oklahoma! ()» Alors qu’ils travaillaient à de nouveaux projets, Hammerstein a écrit: «Nous sommes des imbéciles. Quoi que nous fassions, tout le monde sera obligé de nous dire: «Ce n’est pas un autre Oklahoma! ()» »

On l’oublie souvent, mais Oklahoma! () avait été une lutte de chaque instant pour parvenir à boucler son financement. À cet effet, Rodgers et Hammerstein rencontraient chaque semaine en 1943 les producteurs d’Oklahoma! (), Theresa Helburn et Lawrence Langner de la Theatre Guild (toujours cette magnifique maison!). Ils ont d’ailleurs formé ensemble ce qu’ils appelaient le Gloat Club. Après la première d’Oklahoma! (), lors d’un déjeuner, Helburn et Langner proposèrent à Rodgers et Hammerstein de transformer Liliom de Molnár en musical. Les deux hommes ont refusé: ils n’avaient aucun attrait pour un spectacle se déroulant à Budapest et ils pensaient que la fin malheureuse n’était pas propice au théâtre musical. En outre, compte tenu de la situation politique instable en temps de guerre (nous sommes au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale), ils pourraient avoir besoin de changer le contexte de la Hongrie pendant les répétitions. Au déjeuner suivant, Helburn et Langner revinrent à la charge avec leur proposition de Liliom, suggérant de déménager l’action en Louisiane et faisaient de Liliom un créole. Rodgers et Hammerstein ont analysé l’idée pendant les semaines suivantes, mais ont décidé que le dialecte créole, rempli de "zis" et "zose", sonnerait ringard et qu’il serait difficile d’écrire des paroles efficaces.

Une fenêtre s’est réouverte quand Rodgers, qui possédait une maison dans le Connecticut, a proposé pour cadre la Nouvelle-Angleterre (région située au Nord-Est des États-Unis dont le Connecticut est un des six états). Hammerstein a écrit à propos de cette proposition en 1945:

«J’ai commencé à voir un bel ensemble — des marins, des baleiniers, des filles qui travaillaient dans les moulins en amont de la rivière, des palourdes sur les îles voisines, un parc d’attractions sur la côte, des choses que les gens pouvaient faire en foule, des gens forts, vivants et vigoureux, des gens qui avaient toujours été représentés sur scène comme des puritains aux sourires figés — une diffamation que j’avais hâte de réfuter… Quant aux deux personnages principaux, Julie avec son courage, sa force intérieure et sa simplicité extérieure semblait plus indigène au Maine qu’à Budapest. Liliom est, bien sûr, un personnage international, indigène de nulle part.»

Oscar Hammerstein II

B.2) Écriture de Carousel

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M. Bascombe (Franklyn Fox), le patron du moulin où Julie travaillait auparavant, combat Jigger Craigin (Murvyn Vye) et menace Billy Bigelow (John Raitt) avec une arme à feu. Le cambriolage est un échec et Billy va être arrêté.
Acte II, Scene 2 - «Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library
https://digitalcollections.nypl.org/items/7b58749c-8e96-480a-e040-e00a180668d3

Rodgers et Hammerstein étaient également préoccupés par ce qu’ils appelaient le «tunnel» de Molnár au deuxième acte — une série de scènes sombres qui menaient au suicide de Liliom — suivi d’une fin sombre. Ils ont également estimé qu’il serait difficile d’exprimer en chanson la motivation de Liliom pour accomplir le vol. L’opposition de Molnár à l’adaptation de ses œuvres était également un problème; il avait refusé Giacomo Puccini – rien que ça ! – de transformer Liliom en opéra, déclarant qu’il voulait que la pièce soit considérée comme la sienne, pas celle de Puccini. Autre exemple? En 1937, Molnár, qui avait récemment émigré aux États-Unis, avait refusé une offre de Kurt Weill pour adapter la pièce en comédie musicale.

En travaillant sur la chanson exprimant la motivation de Liliom pour accomplir le vol [Julie est enceinte], Rodgers se souvenait que lui et Hart avaient été confrontés à un problème similaire dans Pal Joey (). Rodgers et Hart l’avaient surmonté avec une chanson que Joey se chante à lui-même, I’m Talking to My Pal. Cette réflexion a inspiré Soliloquy. Les deux auteurs raconteront plus tard que dans les premières ébauches, Soliloquy était une chanson sur les rêves de Liliom d’avoir un fils. Mais que Rodgers, ayant deux filles, a insisté pour que Liliom considère que Julie pourrait aussi avoir une fille. Dans les notes prises à leur réunion du 7 décembre 1943 on retrouve la mention suivante: «M. Rodgers a suggéré un numéro musical pour la fin de la scène où Liliom découvre qu’il est père, dans lequel il chante d’abord avec fierté la naissance et la croissance d’un garçon, puis se rend soudainement compte qu’il pourrait être père d’une fille et change complètement.»

Hammerstein et Rodgers se sont replongé dans le projet Liliom au milieu de l’année 1944. Hammerstein était mal à l’aise en travaillant, craignant que quoi qu’ils fassent, Molnár désapprouve leur travail. Liliom était vraiment une œuvre reconnue, lui donnant une image d’«intouchable». Le texte de Molnár contenait également de très nombreux commentaires sur la politique hongroise de 1909 et la rigidité de cette société. Enfin, un barman licencié dans une fête foraine qui frappe sa femme, commet un vol et se suicide semblait un personnage central peu crédible pour un musical à Broadway. Hammerstein a fait le pari fou d’utiliser les mots et l’histoire pour que le public sympathise avec le couple Julie-Liliom. Il a également construit un couple secondaire, qui est totalement accessoire à l’intrigue dans Liliom; ce seront Enoch Snow et Carrie Pipperidge.

La fin de l’œuvre de Molnár ne convenait pas, et après quelques «mauvaises idées», Hammerstein conçut la scène de remise des diplômes qui termine le musical. Si l’on en croit Frederick Nolan: «À partir de cette scène, la chanson You’ll Never Walk Alone a surgi presque naturellement.» Malgré les paroles simples écrites par Hammerstein pour You’ll Never Walk Alone, Rodgers a eu beaucoup de difficulté à les mettre en musique. Rodgers explique cela par le fait qu’il s’agit d’une fin modifiée :

«Liliom était une tragédie à propos d’un homme qui ne peut pas apprendre à vivre avec d’autres personnes. De la façon dont Molnár l’a écrit, l’homme finit par frapper sa fille et doit ensuite retourner au purgatoire, laissant sa fille sans défense et sans espoir. On ne pouvait pas accepter ça. La façon dont nous avons terminé Carousel est peut-être toujours une tragédie, mais elle est pleine d’espoir parce que dans la scène finale, il est clair que l’enfant a enfin appris à s’exprimer et à communiquer avec les autres.»

Richard Rodgers

 

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Act III, Scene 6: The graduation - «Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945
©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library - https://digitalcollections.nypl.org/items/a1083dd0-f3ff-0135-3dd9-5f73cbf443e9

Rodgers décida très tôt de se passer d’une ouverture, sentant que la musique était difficile à écouter pendant que les retardataires s’installaient. Dans son autobiographie, Rodgers se plaint que seule la section cuivres peut être entendue lors d’une ouverture car il n’y a jamais assez de cordes dans le petit orchestre d’un musical. Il a décidé de forcer le public à se concentrer dès le début en ouvrant avec une scène de pantomime accompagnée de ce qui est devenu connu comme The Carousel Waltz. La pantomime respectait la pièce de Molnár, dont l’ouverture servait aussi à présenter les personnages et la situation au public. L’auteur Ethan Mordden a décrit l’efficacité de cette ouverture:

«D’autres personnages retiennent notre attention: M. Bascombe, un homme digne et riche, propriétaire de l'usine où Julie et Carrie travaillent / Mme Mullin, la veuve qui dirige le carrousel et, apparemment, aussi Billy / un ours dansant / un acrobate. Mais ce qui nous attire avant tout, c’est l’intensité avec laquelle Julie regarde Billy — la façon dont elle se tient figée, le fixant, tandis que tout le monde à la foire se balance au rythme du baratin de Billy. Et alors que Julie et Billy tournent ensemble sur le carrousel tourbillonnant, et que la scène s’emballe avec l’excitation de la foule, et que l’orchestre prend son apogée, et que le rideau tombe, nous comprenons que Rodgers & Hammerstein ont non seulement supprimé l’ouverture musicale et le numéro d’ouverture, mais aussi l’exposition. Ils nous ont plongés directement dans l’histoire, au beau milieu de celle-ci, dans la première scène la plus intense qu’un musical ait jamais eue.»

Ethan Mordden

 

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Act I, Scene 1: Prelude - «Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945
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B.3) Casting et répétitions

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Jan Clayton (Julie Jordan) et John Raitt (Billy Bigelow)
«Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library
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Le casting de Carousel a commencé quand l’équipe de production d'Oklahoma! (), dont Rodgers et Hammerstein, cherchait un remplaçant pour le rôle de Curly (le lead masculin dans Oklahoma! ()). Lawrence Langner avait entendu parler, par l’intermédiaire d’un parent, d’un chanteur californien du nom de John Raitt, qui pourrait convenir au rôle. Langner alla écouter Raitt, puis pressa les autres d’amener Raitt à New York pour une audition. Raitt a demandé de chanter Largo al factotum, l’air de Figaro du Barbier de Séville, pour s'échauffer. L'échauffement a été suffisant pour convaincre les producteurs que non seulement ils avaient trouvé un Curly, ils avaient trouvé un Liliom (ou Billy Bigelow, comme le rôle a été renommé). Theresa Helburn a fait une autre découverte californienne, Jan Clayton, une chanteuse/actrice qui avait réalisé quelques films mineurs pour MGM. Elle a été amenée vers l’est et a été auditionnée avec succès pour le rôle de Julie.

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Jean Casto (Mrs. Mullin - la propriétaire du carrousel)
«Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library
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Les producteurs ont cherché à engager des «artistes plutôt inconnus». Bien que beaucoup aient joué dans des œuvres précédentes de Hammerstein ou de Rodgers, une seule avait déjà joué à Broadway auparavant: Jean Casto (engagée ici pour jouer la propriétaire du carrousel, Mme. Mullin – elle avait joué dans Pal Joey () à Broadway). Il s’est par contre avéré plus difficile de trouveur les acteurs de l’ensemble que ceux des rôles principaux, en raison de la guerre (beaucoup étaient au front en Europe ou dans le Pacifique) — Rodgers a dit à son directeur de casting, John Fearnley, que la seule qualification que devait avoir un danseur était celle d’être vivant.

En ce qui concerne l’équipe de création, Rodgers et Hammerstein ont rassemblé une grande partie de l’équipe créative travaillé sur Oklahoma! (). Ce fut le cas du metteur en scène Rouben Mamoulian et de la chorégraphe Agnes de Mille. Miles White a été le costumier du spectacle tandis que Jo Mielziner (qui n’avait pas travaillé sur sur Oklahoma! ()) en fut le scénographe et le créateur lumière. Même si l’orchestrateur sur Oklahoma! (), Russell Bennett, avait informé Rodgers qu’il n’était pas disponible pour travailler sur Carousel en raison d’un contrat à la radio, Rodgers a insisté pour qu’il fasse le travail durant ses temps libres. Russell Bennett a orchestré The Carousel Waltz et (When I Marry) Mister Snow avant d’être finalement remplacé par Don Walker. Un nouveau membre a rejoint l’équipe de création en la personne de Trude Rittmann, qui a arrangé la musique des ballets. Rittmann a dans un premier temps ressenti que Rodgers se méfiait d’elle parce qu’elle était une femme et a éprouvé de vraies difficultés à travailler avec lui. Mais finalement Rodgers et Rittmann travailleront ensemble sur les spectacles de Rodgers jusqu’aux années '70.

Les répétitions ont débuté en janvier 1945. Rodgers et Hammerstein y assistèrent tous deux avec assiduité. La présence des deux auteurs a vraiment permis de créer les choses différemment même si tout ne fut pas résolu facilement. On a par exemple présenté à Raitt les paroles de Soliloquy sur une feuille de papier d’un mètre cinquante de long (!!!) dont la lecture a duré près de huit minutes… La mise en scène d’un numéro solo aussi long posait des problèmes, et Raitt déclara plus tard qu’il estimait qu’on n’y avait jamais réussi entièrement.

À un moment donné pendant les répétitions, Molnár est venu voir ce qu’ils avaient fait de sa pièce. Il existe un certain nombre de versions sur l’histoire de cette visite. Comme le raconte Rodgers lui-même, alors qu’il regardait les répétitions avec Hammerstein, le compositeur a aperçu Molnár à l’arrière du théâtre et a murmuré la nouvelle à son partenaire. Tous deux ont transpiré pendant tout l’après-midi de cette répétition où rien ne semblait fonctionner normalement. A la fin, les deux, s’attendant à une réaction de colère de Molnár, se dirigèrent vers le fond du théâtre. Au lieu de cela, le dramaturge a dit avec enthousiasme:

«Ce que vous avez fait est si beau. Et vous savez ce que je préfère? La fin!»

Ferenc Molnár, auteur de Liliom


Hammerstein écrit que Molnár a participé de manière régulière aux répétitions par la suite.

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Jan Clayton (Julie Jordan) et Bambi Linn (Louise)
«Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library
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Comme la plupart des œuvres du duo R&H, Carousel contient un long ballet, Billy Makes a Journey. Il est situé dans le deuxième acte, alors que Billy regarde la Terre de Up There et y observe sa fille. Dans la production originale, le ballet est chorégraphié par de Mille. Il commence avec Billy regardant du ciel sa femme en plein travail, avec les femmes du village rassemblées pour l’accou­che­ment. Le ballet implique tous les personnages de la pièce, dont certains ont même des lignes de dialogue, et contient un certain nombre de sous-intrigues. Le focus était centré sur Louise, interprétée par Bambi Linn, qui d’abord grandit presque dans sa danse, exprimant l’innocence de l’enfance. Elle est taquinée et raillée par ses camarades de classe, et Louise devient attirée par les gens rudes de la fête foraine, qui symbolisent le monde de Billy. Un jeune de cette fête foraine tente de séduire Louise, alors qu’elle se sent prête à découvrir ses propres envies sexuelles, mais il décide qu’elle est encore une fille et pas une femme, et il la quitte. Après que Julie l’aie réconfortée, Louise se rend à une fête d’enfants, où elle est rejetée. Les gens de la foire réapparaissent et forment un anneau autour de la fête des enfants, avec Louise perdue entre les deux groupes. À la fin du ballet, les interprètes forment un énorme carrousel avec leur corps.

C) Création à Broadway (1945)

C.1) Try-out à New Heaven (22 25 mars 1945)

La pièce a ouvert pour des Try-Out le 22 mars 1945 à New Haven, dans le Connecticut. Le premier acte a été bien reçu, mais pas le second. Casto se rappelle que le deuxième acte n’a pris fin que vers 1h30 du matin! L’équipe de création s’est immédiatement retrouvé pour une réunion de deux heures. Cinq scènes, la moitié du ballet et deux chansons ont été coupées du spectacle. John Fearnley a commenté:

«Maintenant, je vois pourquoi ces gens ont des succès.
Je n’ai jamais rien vu d’aussi vif et courageux de ma vie.»

John Fearnley


Agnes de Mille
dit de cette réunion:

«Personne n’a perdu une seconde pour plaider pour quelque chose qui lui était cher. Il n’y eut pas non plus de plaisanteries oisives [...] Nous avons coupé, coupé et coupé, puis nous nous sommes couchés.»

Agnes de Mille


Au moment où la troupe quitta New Haven, le ballet de de Mille ne durait plus que quarante minutes.

C.2) Try-out à Boston (27 mars 15 avril 1945)

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Billy Bigelow (John Raitt) avec le Starkeeper (Calvin Thomas), à droite,
et le frère Joshua (Jay Velie)
Acte II, Scène 3 - «Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

©Billy Rose Theatre Division, The New York Public Library
https://digitalcollections.nypl.org/items/60089880-f400-0135-9c53-0991a1411db4

Une préoccupation majeure avec le deuxième acte était l’efficacité des personnages Lui et Elle (plus tard rebaptisés par Rodgers Mr et Mme Dieu), devant qui Billy paraissait après sa mort. Mr et Mme Dieu) ressemblaient à un ministre de la Nouvelle-Angleterre et sa femme, vus dans leur salon. Le couple faisait toujours partie du spectacle à l’ouverture au second Try-Out, celui de Boston débutant le 27 mars 1945. Rodgers a dit à Hammerstein: «Nous devons sortir Dieu de ce salon». Quand Hammerstein demanda où il devait mettre la divinité, Rodgers répondit: «Je me fiche d’où tu les mets. Mets-les sur une échelle si tu veux, mais sors-les de ce salon!» Et Hammerstein a donc mis Mr God (rebaptisé Starkeeper) sur une échelle, et Mme God a été retirée du spectacle. Selon Meryle Secrest, biographe de Rodgers, ce changement est une erreur car il conduit à une représentation de la vie après la mort plus imaginaire. Cela a été critiqué par The New Republic comme «une atmosphère Rotarienne [rappelons que le Rotary est né aux Etats-Unis en 1905] sympathique pour un public qui ne cherche pas la réalité mais plutôt à échapper à la réalité, qui ne cherche pas la vérité mais plutôt à échapper à la vérité».

Hammerstein a écrit, dans ses Mémoires, que le conseil de Molnár de combiner deux scènes en une seule, fut essentiel pour resserrer le deuxième acte et représentait «le changement le plus radical que nous ayons fait par rapport à l’original.» Une reprise de If I Loved You a été ajoutée dans le deuxième acte, qui, selon Rodgers, avait besoin de plus de musique. Le try-Out de Boston dura trois semaines d’essais après la brève série à New Haven, et le public y a accueilli chaleureusement le musical. Une version encore plus courte du ballet a été présentée les deux dernières semaines à Boston, mais le dernier soir, de Mille sans prévenir Rodgers ou Hammerstein, a demandé que l’on rejoue la version de quarante minutes de son ballet. Ce fut un triomphe absolu auprès du public, ce qui a amené Rodgers et Hammerstein à l’embrasser.

C.3) Création à Broadway (19 avril 1945 24 mai 1947)

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Affiche - «Carousel» - Majestic Theatre - Broadway - 1945

La production originale de Broadway a ouvert au Majestic Theatre le 19 avril 1945. La répétition générale de la veille s’est très mal passée, et le duo R&H craignait que leur nouveau musical ne soit pas bien reçu. Un changement réussi de dernière minute a été de demander à de Mille de chorégraphier la pantomime. Le mouvement de la foule dans la foire lors de la pantomime avait été confié à Mamoulian mais sa version ne fonctionnait pas. Rodgers s’était blessé au dos la semaine précédente, et il regarda la première étendu sur une civière, dissimulé dans une loge derrière un rideau. Sous morphine, il ne voyait qu’une partie de la scène. Comme il ne pouvait pas entendre les applaudissements et les rires du public, il a supposé que le spectacle était un flop. Ce n’est que lorsque des amis l’ont félicité plus tard dans la soirée qu’il s’est rendu compte que les applaudissements à la fin avaient été très chaleureux. Bambi Linn, qui jouait Louise, a été accueillie avec tant d’enthousiasme par le public pendant le ballet qu’elle a été «obligée de sortir de son personnage» à la fin sous les applaudissement et de saluer. La fille de Rodgers, Mary, aperçut son ami, Stephen Sondheim - ils étaient tous deux encore adolescents - à quelques rangées d’elle; tous deux avaient les yeux remplis de larmes.

La production originale s’est jouée durant 890 représentations, fermant le 24 mai 1947. La distribution originale comprenait John Raitt (Billy), Jan Clayton (Julie), Jean Darling (Carrie), Eric Mattson (Enoch Snow), Christine Johnson (Nettie Fowler), Murvyn Vye (Jigger), Bambi Linn (Louise) et Russell Collins (Starkeeper). En décembre 1945, Jan Clayton quitta le show pour participer à la reprise de Show Boat () à Broadway et fut remplacée par Iva Withers; John Raitt sera lui remplacé par Henry Michel en janvier 1947 et Jean Darling par Margot Moser.

C.4) US Tour (29 mai 1947 22 janvier 1949) puis Return Engagement à New York

Après avoir fermé à Broadway, le spectacle est parti immédiatement en US Tour pendant deux ans. Rien qu’à Chicago, au Shubert Theatre, il s’est arrêté pendant cinq mois (29 mai 1er novembre 1947. L’US Tour a visité vingt États et deux villes canadiennes, parcouru 24.000 km et joué devant près de deux millions de personnes. La troupe de cet US Tour a également joué une série de quatre semaines au New York City Center – sorte de Return Engagement – du 25 janvier 1949 au 20 février 1949. Après la course du City Center, le spectacle a été transféré le 22 février 1949 au Majestic Theatre, dans l’espoir de remplir le théâtre jusqu’à l’ouverture de South Pacific () début avril, mais les ventes de billets furent médiocres, et le spectacle a fermé presque un mois plus tôt, le 5 mars 1949.

D) Productions suivantes

D.1) Londres (1950)

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Souvenir Brochure - «Carousel» - Drury Lane - Londres - 1950

Carousel est créé dans le West End de Londres, au Theatre Royal Drury Lane, le 7 juin 1950. La production a été mise en scène par Jerome Whyte, avec un casting qui comprenait Stephen Douglass (Billy), Iva Withers (Julie) et Margot Moser (Carrie).

Carousel a été un beau succès sans être un triomphe absolu, se jouant 566 représentations, soit plus d’un an et demi.

Il est «amusant» de signaler que le spectacle précédant au Theatre Royal Drury Lane était Oklahoma! () qui s'y est joué depuis le 29 avril 1947. Mais Oklahoma! () ne s'est pas arrêté, il a été transféré le 29 mai 1950 au Stoll Theatre pour laisser la place au «nouveau musical de Rodgers et Hammerstein. Et pour continuer à faire des liens, rappelons que c'était toujours dans ce magnifique Theatre Royal de Drury Lane que fut créée la version européenne de Show Boat () le premier triomphe d'Oscar Hammerstein II, cette fois avec Jerome Kern.

D.2) New York City Center Revivals 2 et 3 (1954 et 1957) & Bruxelles (Expo ’58)

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Souvenir Brochure - «Carousel» - New York City Center - 1957

Après le triomphe du «return engagement» au NY City Center en 1949, Carousel a été reprogrammé en 1954 (1er juin au 8 août – 80 représentations) et en 1957 (10 au 29 septembre – 23 représentations) au même New York City Center, présenté par la New York City Center Light Opera Company. Les deux fois, la production mettait en vedette Barbara Cook, mais pas dans le même rôle: elle a joué Carrie en 1954 et Julie en 1957 (aux côtés de Howard Keel dans le rôle de Billy).

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Kay Meford (Mrs. Mullin), Howard Keel (Billy),
Barbara Cook (Julie) et Pat Stanley (Carrie)
«Carousel» - New York City Center - NY - 1957

Cette production est ensuite transférée en Belgique pour être interprétée à l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958, avec David Atkinson comme Billy, Ruth Kobart comme Nettie, et Clayton reprenant le rôle de Julie, qu’elle avait créé. Ce fut l'un des musicals présentés comme exemple de la culture américaine lors de l'Expo ‘58 à Bruxelles. L'autre était une production de Wonderful Town (). Les deux étaient des productions de la New York City Center Light Opera Company. Le New York City Opera a aussi présenté l'opéra Susannah de Carlisle Floyd entre les séries des deux musicals. À l'époque, le New York City Opera et la New York City Center City Center Light Opera Company se produisaient tous deux au New York City Center et les deux compagnies partageaient également du personnel. Jean Dalrymple, directeur de la Light Opera Company, était le coordinateur du United States Performing Arts Program pour l'Expo ’58 de Bruxelles.

D.3) Lincoln Center (1965)

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Affiche - «Carousel» - New York City Center - 1965

En août 1965, Rodgers et le Music Theater du Lincoln Center produisent Carousel pour 47 représentations.

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Edward Everett Horton
«Carousel» - New York City Center - NY - 1965

John Raitt reprend le rôle de Billy, avec Jerry Orbach comme Jigger et Reid Shelton comme Enoch Snow. Les rôles du Starkeeper et du Dr. Seldon ont été joués par , ce qui furent ses derniers rôles à la scène. L’année suivante, la New York City Center Light Opera Company ramena Carousel au City Center pour 22 représentations, avec Bruce Yarnell comme Billy et Constance Towers comme Julie.

D.4) New York City Opera (1986) ANNULÉ

Un article paru dans le New York Times le 13 février 1985 indiquait que Beverly Sills (la directrice générale du New York City Opera à l'époque) avait annoncé que sa compagnie produirait Carousel au printemps 1986, avec Agnes de Mille recréant sa chorégraphie originale. Ce serait le premier musical présenté par la compagnie. Aucun metteur en scène n'était encore mentionné, mais dans le numéro de mai 1985 du magazine Plays , il y avait une interview avec Hal Prince dans laquelle il a déclaré qu'il dirigerait Carousel pour le New York City Opera l'année suivante.

En octobre 1985, un nouvel article du New York Times mentionnait que Brigadoon () «avait remplacé» Carousel pour inaugurer l’entrée des musicals au répertoire. La raison mentionnée est que les négociations pour obtenir les droits de Carousel ont échoué.

Dans un autre article du Times environ quatre ans plus tard (26 février 1989), Berverly Sills a déclaré que la société n'avait pas pu obtenir les droits car

«il s'est avéré qu'il y avait déjà des plans pour que Carousel aille au Kennedy Center. L'attrait d’un grand orchestre n'était pas suffisant, et il y avait des craintes quant à la taille de notre théâtre. La réponse du bureau Rodgers & Hammerstein fut un non catégorique.»

Berverly Sills

D.5) 1er revival de Londres: National Theatre (1992)

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Affiche - «Carousel» - National Theatre - Londres - 1992

Carousel fut produit au National Theatre de Londres (Lyttelton Theatre) avec pour metteur en scène le tout jeune Nicholas Hytner (36 ans à l’époque et ne sachant pas qu’il dirigerait ce même National Theatre de 2003 à 2015). Ce fut une toute nouvelle production avec une chorégraphie de sir Kenneth MacMillan et une scénographie de Bob Crowley. Dans cette mise en scène, l’histoire commence à l’usine où Julie et Carrie travaillent, avec une musique ralentie pour souligner la lourdeur du labeur. À la fin de la journée de travail, elles traversent les chantiers navals puis se rendent à la fête foraine. Tandis qu’ils avancent sur une scène tournante, des personnages de carnaval apparaissent, et enfin le carrousel est assemblé sur la scène pour que les filles puissent y monter.

L’ouverture du magnifique revival Hytner-MacMillan, au National Theatre (salle Lyttelton) fimé en mars '93.

Autre modification d’importance, Louise est séduite par le jeune voyou lors de son ballet de l’acte 2, sur les ruines d’un carrousel.

Michael Hayden a joué Billy non pas comme un gros bourru, mais comme un petit frustré, une bombe à retardement qui attend d’exploser. Joanna Riding (Julie) et Janie Dee (Carrie) ont remporté un Olivier Award pour leurs prestations, la production a remporté l’Award du Best Musical Revival et Hytner a remporté l’Award du Best Director. Patricia Routledge a joué Nettie. Clive Rowe, en tant qu’Enoch, a été nominé pour un Olivier Award. Enoch et Carrie ont été mis en scène comme un couple interracial dont les huit enfants, selon la revue du New York Times, ressemblaient à «une annonce de United Colors of Benetton».

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Michael Hayden (Billy Bigelow) et Joanna Riding (Julie Jordan)
«Carousel» - National Theatre - Londres - 1992

© Photo de Michael Le Poer Trench
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Programme - «Carousel» - Shaftesbury Theatre
Londres - 1993

La série limitée – comme toujours au siège du National Theatre – de décembre 1992 à mars 1993 s’est jouée à bureaux fermés. Il a été transféré dans le West End au Shaftesbury Theatre de Londres en septembre 1993, présenté par Cameron Mackintosh, où il s’est joué jusqu’en mai 1994.

Hytner connaissait bien Cameron Mackintosh puisque ce dernier l’avait engagé encore plus jeune (à 32 ans) pour mettre en scène Miss Saigon () qui tint l’affiche près de 10 ans au Drury Lane.

Il est intéressant de notifier que lors du tansfert dans le West End, le musical a changé de visuel. La scénographie a été légèrment adaptée cat le Shaftesbury Theatre n'a pas, à l'époque, les mêmes spécificités techniques ultra-modernes du Lyttleton Theatre, la salle moyenne du National Theatre. Ici encore, le musical a récolté un grand succès et a tenu l'affiche pour 220 représentations. Vu la longueur de la série, des changements de distribution ont lieu.

La performance magistrale de You'll Never Walk Alone de Patricia Routledge, a rappelé au public londonien la puissance de cette chanson majeure du répertoire.

D.6) Transfert au Vivian Beaumont Theater; 2ème revival à Broadway (1994)

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Affiche - «Carousel»
Vivian Beaumont Theatre
Broadway - 1994

La production de Hytner a été transférée au Vivian Beaumont Theater de Broadway, où elle a ouvert le 24 mars 1994 pour 322 représentations. Cette production a remporté cinq Tony Awards, dont le Best Musical Revival, ainsi que des prix pour Hytner, MacMillan, Crowley et Audra McDonald (dans le rôle de Carrie). La distribution comprenait également Sally Murphy en tant que Julie, Shirley Verrett en tant que Nettie, Fisher Stevens en tant que Jigger et Eddie Korbich en tant qu’Enoch.

Un changement apporté à Broadway par rapport à la version de Londres a été que Billy frappe ici Louise sur le visage plutôt que sur la main. Selon Hayden « il fait la seule chose impardonnable, la chose que nous ne pouvons pas pardonner. C’est un défi pour le public de l’aimer après cela

Le public de Broadway est séduit par la grandeur visuelle du show. Par exemple, ce paysage vallonné de petites collines vert foncé avec des sentiers irréguliers peu stables et fournissent une perspective légèrement décentrée, peut-être préfigurant les relations fragiles. Au-dessus, on voit une lune incroyablement grande et irrésistiblement fascinante, ce qui est une incarnation physique constante de Billy. La scène révèle une clôture blanche qui a disparu presque à l’infini avant qu’elle ne s’arrête brusquement à la porte d’une église… Ici aussi un judicieux rappel que Billy et Julie se sont dit If I loved you («Si je t’aimais») au lieu de «Je t’aime».

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«Carousel» - Vivian Beaumont Theatre - Broadway - 1994

D.7) Version d’Hytner au Japon et en US Tour (1995 à 1997)

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Programme - «Carousel»
US Tour 1996-1997

Le Carousel d’Hytner a été présenté au Japon en mai 1995. Un US Tour, avec une production réduite, a débuté en février 1996 à Houston et a pris fin en mai 1997 à Providence, dans le Rhode Island. Les producteurs ont cherché à mettre en vedette de jeunes talents sur la tournée, avec Patrick Wilson dans le rôle de Billy et Sarah Uriarte Berry, puis Jennifer Laura Thompson dans le rôle de Julie.

Une fois encore, cet US Tour a été un succès se jouant pendant plus d'un an. Pour être un peu plus parlant, il faut dire que cette tournée s'est arrêtée dans 41 villes américaines!!! Il s'agit souvent d'une semaine de représentations lais cela peut-être plus comme 3 semaines à Seattle et Detroit. Ou même 7 semaines à Los Angeles, à l'Ahmanson Theatre.

La version de Hytner, née au National Theatre de Londres se sera donc joué pendant plus de cinq ans au total.

D.8) 2ème revival à Londres au Savoy Theatre (2008)

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Affiche - «Carousel»
Savoy Theatre - Londres - 2008

Un revival a ouvert au Savoy Theatre de Londres dans une mise en scène de Lindsay Posner le 2 décembre 2008, après une semaine d’avant-premières avec Jeremiah James (Billy), Alexandra Silber (Julie) et Lesley Garrett (Nettie).

Un petit clin d'oeil. Des extraits de «Carousel» chantés par l'équipe du Savoy Theatre ... à l'Eurovision de la danse en 2008!

La production a reçu des critiques plutôt mitigées et a fermé en juin 2009, soit un mois plus tôt que la date prévue. Michael Coveney (The Independent) a admiré la musique de Rodgers, mais a écrit que: «L’efficace revival de Lindsay Posner n’arrive pas à la cheville de la version de 1992 du National Theatre ».

D.9) 3ème revival à Londres: ENO (2017)

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Affiche - «Carousel»
ENO - Londres - 2008

Une reprise semi-scénique de l’English National Opera a ouvert au London Coliseum en 2017. La production est dirigée par Lonny Price, sous la direction musicale de David Charles Abell, et met en vedette Alfie Boe dans le rôle de Billy, Katherine Jenkins dans celui de Julie et Nicholas Lyndhurst dans celui de Starkeeper. La production a reçu des commentaires mitigés et positifs.

La qualité des voix et des musiques a été soulignées. Alfie Boe et Katherine Jenkins peuvent tous les deux chanter, c'est certain. Lui est ténor et a joué un sublime Jean Valjean dans Les Misérables () et JM Barrie dans Finding Neverland (), a été nominé pour deux Brit Awards et a vendu plus d'un million d'albums au Royaume-Uni. Elle est une mezzo-soprano qui a vendu plus de quatre millions d'albums au Royaume-Uni et a remporté deux Brit Awards. Mais peuvent-ils agir en même temps ?

D.10) 3ème revival à Broadway à l’Imperial Theatre (2018)

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Affiche - «Carousel» - Imperial Theatre - Broadway - 2018

Le troisième revival à Broadway a débuté ses previews en février 2018 à l’Imperial Theatre et a officiellement ouvert le 12 avril. Il s’est joué jusqu’au 16 septembre 2018.

La production mettait en vedette Jessie Mueller, Joshua Henry, Renée Fleming, Lindsay Mendez et Alexander Gemignani. La mise en scène était de Jack O’Brien et les chorégraphies de Justin Peck. Les chansons Geraniums in the Winder et There’s Nothin' So Bad for a Woman ont été coupées de ce revival.

Ben Brantley a écrit dans le New York Times:

«The tragic inevitability of Carousel has seldom come across as warmly or as chillingly as it does in this vividly reimagined revival. ... With thoughtful and powerful performances by Mr. Henry and Ms. Mueller, the love story at the show's center has never seemed quite as ill-starred or, at the same time, as sexy. ... The Starkeeper ... assumes new visibility throughout, taking on the role of Billy's angelic supervisor.»

Ben Brantley - New York Times


Brantley fait l’éloge de la chorégraphie, du jeu et des designers. Il n’était pas convaincu, cependant, par le "mother-daughter dialogue that falls so abrasively on contemporary ears", où Julie tente de justifier l’amour d’un homme abusif, et d’autres scènes dans l’acte 2, en particulier celles se déroulant «au Ciel» ou l’optimisme de la scène finale.

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Jessie Mueller (Julie Jordan) et Joshua Henry (Billy Bigelow)
«Carousel» - Imperial Theatre - Broadway - 2018

© Photo: Julieta Cervantes

La plupart des critiques ont convenu que, bien que la chorégraphie et le jeu (surtout le chant) aient été excellents, qualifiant la production de sexy et somptueuse, la direction d’O’Brien n’a pas fait grand-chose pour aider le spectacle à composer avec les sensibilités modernes sur le traitement des femmes par les hommes, au lieu de s’adonner à la nostalgie.

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Renée Fleming (Nettie Fowler) au centre
«Carousel» - Imperial Theatre - Broadway - 2018

© Photo: Julieta Cervantes

D.10) 4ème revival à Londres: Regent's Park Open Air Theatre (2021)

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Affiche - «Carousel»
Regent'sPark Open Air Theatre - Londres - 2021

De juillet à septembre 2021, en plein air, au Regent’s Park Open Air Theatre de Londres, le directeur artistique du lieu, Timothy Sheader, a présenté Carousel dans sa mise en scène avec des chorégraphies de Drew McOnie.

La distribution comprenait Carly Bawden dans le rôle de Julie, Declan Bennett dans celui de Billy et Joanna Riding dans celui de Nettie.

Les critiques furent très positives à l'exemple de «PHÉNOMÉNAL… une production courageuse et puissante. You''ll never walk alone, chantée magnifiquement par Joanna Riding, demeure un moment de pure majesté.» (Time Out)

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Renée Fleming (Nettie Fowler) au centre
«Carousel» - Regent'sPark Open Air Theatre - Londres - 2021

© Photo: Julieta Cervantes

 

Trailer - «Carousel» - Regent'sPark Open Air Theatre - Londres - 2021
«You'll Never Walk Alone» par Joanna Riding - «Carousel» - Regent'sPark Open Air Theatre - Londres - 2021