7.
1927 1943 - Difficultés

 8.3.
Un producteur:
la Theatre Guild

 8.4.4.
Comparaison avec le futur Oklahoma!


 8.5.
Rodgers et Hammerstein
avant le duo R&H

 9.
1943 1964 - Golden Age

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«Green Grow the Lilacs»
© The New York Public Library Digital Collections. 1931

Quand la Theatre Guild a pour la première fois envisagé de programmer la pièce de Riggs, ses directeurs ont aussi manifesté des inquiétudes quant à la fin du texte. Après avoir lu le texte, Theresa Helburn fit un rapport à Lawrence Langner le 14 juin 1929: «Globalement, aucun d’entre nous n’est totalement enthousiaste au sujet de Green Grow the Lilacs (), mais nous pensons qu’il est de qualité et nous aimerions connaître ton avis.» Assez vite, en octobre 1929, Riggs a signé un contrat avec la Guild pour la production du spectacle. Mais Helburn a aussi fait des demandes, et même sans doute des suggestions de changements. Cela était typique de la pratique de la Guild, Helburn et son conseil d’administration intervenant souvent dans la finalisation de l’écriture d’une pièce.

Le 16 avril 1930, elle a reçu un texte révisé. Elle confirma à Riggs que selon elle, les choses s’étaient beaucoup améliorées. Mais elle a ajouté: «Nous avons toujours l’impression que vous n’avez pas tout à fait réussi avec la dernière scène, et j’espère que vous n’arrêterez pas d’y penser. Si vous pouvez obtenir une dernière scène aussi bonne que les quatre autres, vous aurez une pièce assez réussie; non pas que nous nous attendions à du théâtre violent dans la dernière scène, mais tout ce qui aidera à soutenir le suspense sera d’une valeur réelle.» Sur sa copie de la lettre, Riggs a écrit dans la marge à côté du commentaire d’Helburn sur «les quatre autres», «elle veut dire cinq».

Mais Riggs a accepté la critique et a présenté une nouvelle version révisée de son texte le 30 avril. Pour la mise en scène, la Guild a pensé à Rouben Mamoulian (il sera le metteur en scène d'Oklahoma! () plus de dix ans plus tard) puis à George Abbott, avant de se décider pour Herbert Biberman. Le 8 mai 1930, Biberman, fidèle à ses principes stanislavskiens, écrit à Riggs pour lui demander comment mieux appréhender la vie «dans un ranch». Le 14, il demande conseil à la Rodeo Association de Madison Square Garden sur l’endroit où il pouvait se rendre dans l’«Ouest» pour vivre un rodéo. Riggs a rejeté ces idées, les jugeant hors de propos car sa pièce parlait d’une époque révolue: «Bien sûr, Curly est un cowboy, avec le mélange en lui de caractéristiques étonnamment variées que les cowboys avaient à l’époque. Il est aventureux, humoristique, fringant, sentimental, blagueur, un peu stupide, un peu romantique et entièrement engageant. J’ai connu des dizaines de cow-boys — mon père en était un

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Scène de «Elizabeth the Queen» (de Maxwell Anderson) au Guild Theatre, 1930.
Mise en scène de Lee Simonson.
Lynn Fontanne comme Elizabeth et Alfred Lunt comme comte d’Essex.
© The New York Public Library Digital Collections. 1930

Le New York Times avait annoncé le 27 avril 1930 que Green Grow the Lilacs () serait la première pièce de la Guild de la saison 1930-1931. Mais le 6 juillet, il était devenu le deuxième spectacle et, le 9 septembre, on parlait d’une programmation «plus tard dans la saison». Ce sera finalement le cinquième spectacle. La date de première avait été repoussée parce que Riggs était occupé à mettre en scène sa pièce Roadside - qui a ouvert ses portes le 26 septembre au Longacre Theatre et fut un terrible flop de 11 représentations. L’autre raison de ce report en 5ème position est que la Guild présentait une autre «pièce romantique», Elizabeth the Queen de Maxwell Anderson dès le 3 novembre.

Finalement la pièce a ouvert à Boston le 8 décembre 1930. Elle s’est ensuite jouée à Philadelphie, Baltimore et Washington avant sa première à New York le 26 janvier 1931, restant à l’affiche à Broadway jusqu’au 21 mars avant de faire une autre tournée qui s’est terminée à Detroit vers le 23 mai. Même à Boston, Riggs semble avoir encore apporté des modifications, dont une fois de plus, une révision de la dernière scène, en partie, semble-t-il, à cause des réactions négatives du public au spectacle. Le spectacle ne fut ni un flop ni une succès. La presse fut elle très mitigée, relevant des aspects positifs et des aspects négatifs.

Malgré tout, la pièce a finalement attiré un certain intérêt des studios d’Hollywood sur le scénario. Riggs cède les droits cinématographiques à RKO Pictures le 10 septembre 1935 qui voulait tourner un film avec Richard Dix en vedette. Le film ne se tourna jamais et Riggs transfère les droits à la MGM le 10 mars 1936 voulant cette fois Franchot Tone (le Curly original) dans le rôle original. Ce film n’a pas été réalisé non plus.

Si Green Grow the Lilacs () n’avait pas été repris par Rodgers et Hammerstein, Il serait sans doute tombé doucement dans l’obscurité.