1.
Les origines

 2.1.
Frustration, mère de l'invention

 

 

 2.4.
Des ballades de bar

 3.
XIX ème siècle

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Anonyme - Attribué à William Hogarth (1697–1764)
Brittons attend -- view this harmonious Stage
And listen to the notes which charm the Age
This shall your tastes in Sounds and Sense be shown
And Beggars Opera ever be your own
Printed for John Bowles at the Black horse in Cornhill

A) Prologue

The Beggar's Opera () (L'Opéra du mendiant) (1728) s'ouvre sur un humble mendiant expliquant qu'il a écrit un opéra. Il se vante d’en suivre les formes requises sans être «contre nature, comme ceux à la mode». Il présente ensuite les personnages de la pièce, dans l’ordre: Lucy et son père, le gardien de prison Lockit, la jeune Polly Peachum, Madame Trapes, Macheath, Madame Peachum, les hommes de Macheath, puis «ces dames de la ville» (prostituées), et enfin Monsieur Peachum. Dans une référence aux divas du duel de Haendel, le mendiant dit que les deux rôles féminins principaux sont si égaux «qu'il est impossible pour l'une ou l'autre d'entre elles de se sentir offensée».

B) Acte 1

Filch informe son patron, le receleur Peachum, que plusieurs de ses collègues de sa bande vont passer en jugement (Black Moll, Tom Gagg, Betty Sly) et qu’elles ont besoin d’aide. Peachum promet d’intervenir. Madame Peachum survient et apprend à son mari que leur fille Polly est amoureuse du brigand Macheath. Pour Peachum, il est hors de question qu’ils se marient. Peachum parti, sa femme demande à Filch ce qu’il sait des relations entre sa fille et Macheath. En fait, le mariage a eu lieu. Polly avoue a cédé aux avances de Macheath «par peur d’être grondée».

Madame Peachum défaille alors que Peachum cherche une stratégie à adopter. Ils décident alors d'y remédier en faisant arrêter et pendre Macheath. Le problème est que Macheath a sans doute plusieurs épouses et qu’il y aura donc un conflit à prévoir au moment de l’héritage. Ce seront donc les avocats qui se rempliront les poches. Les parents proposent alors à leur fille de dénoncer Macheath, afin qu’il soit pendu et qu’elle devienne une riche veuve (tel est son « devoir filial »).

Polly ne peut s’y résoudre et décide d’aider son mari à s’enfuir. Macheath entre en scène et les deux jeunes s’expriment leur amour. Polly l’aime «comme dans les romans» et, pour lui : «M’arracher à toi, c’est impossible.» Polly lui apprend que ses parents en veulent à sa vie, et qu’ils doivent provisoirement se séparer. La séparation est déchirante.

C) Acte 2

Notre mendiant explique au public le changement de lieu - on se trouve maintenant dans une taverne près de Newsgate - et présente maintenant la bande de brigands. Macheath informe ses hommes de son différend avec Peachum et qu'il ne peut les accompagner pour leur prochain coup car il doit s’absenter quelque temps. Il reste seul mais est vite rejoint par une bande de prostituées. Macheath les salue et se prépare à une nuit de plaisirs. Jenny et Betty se mettent à le câliner et l’enlacent puis font un signal à Peachum, venu arrêter Macheath. Ce dernier est emmené en prison, tandis que le père de Polly récompense les dames en jetant en l’air une poignée de pièces d’or.

Peachum n’a qu’un but: voir le mariage de sa fille annulé. Il apprend que Lucy, la fille du geôlier Lockit, est une autre conquête amoureuse de Macheath. Pire encore, Lucy est enceinte. Lucy reproche à Macheath son mariage avec Polly mais ce dernier affirme que c’est une pure invention de Polly. Les deux femmes se disputent mais Lucy croit Macheath. Elle vole les clés de son père et fait s’évader Macheath.

D) Acte 3

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William Hogarth - Une scène de The Beggar's Opera (1731) - Tate Gallery (London)
Cette peinture montre une scène de l’acte 3 dans laquelle le capitaine Macheath (au centre), est enchaîné dans la prison de Newgate et menacé de mort. Il se tient entre deux femmes agenouillées, insistant toutes les deux pour être sa femme et implorant leurs pères de l'épargner. Lucy Lockit, en turquoise, est la fille du gardien de prison. Polly Peachum, vêtue de blanc, est la fille du corrompu pourchasseur de voleurs .

Lucy regrette rapidement son geste, car Macheath va rejoindre Polly. De leurs côtés, les deux pères, Peachum et Lockit, s'arrangent pour remettre Macheath sous les verrous. Lucy reçoit Polly avec l'intention de l'empoisonner, mais la scène est interrompue lorsque les deux jeunes filles apprennent que Macheath a été à nouveau capturé et qu'il va être pendu. Elles se précipitent à la prison.

Mais quatre autres femmes apparaissent affirmant que Macheath est le père de leurs bébés. Le scélérat dit alors au bourreau qu'il est prêt à mourir.

Mais l'auteur-mendiant de la pièce réapparaît. Lorsqu'on lui reproche qu'«un opéra doit se terminer avec bonheur», il admet que «dans ce genre de drame, peu importe l'absurdité des choses». Et donc, Macheath est gracié. Il jure de trouver des partenaires pour les femmes qu'il a lésées, et confirme publiquement son mariage avec Polly, tout en l'appelant «salope».

The Beggar's Opera () a suscité des réactions très diverses. Le journal Craftsman mentionnait sa popularité :

«This Week a Dramatick Entertainment has been exhibited at the Theatre in Lincoln’s-Inn-Fields, entitled The Beggar’s Opera, which has met with a general Applause, insomuch that the Waggs say it has made Rich very Gay, and probably will make Gay very Rich.»

The Craftsman - 3 février 1728


«We hear that the British Opera, commonly called The Beggar's Opera, continues to be acted, at the Theatre in Lincoln's-Inn Fields with general Applause, to the great Mortification of the Performers and Admirers of the Outlandish Opera in the Haymarket.»

The Craftsman - 17 février 1728


Deux semaines après la soirée d'ouverture, un article parut dans The Craftsman, le principal journal d'opposition, protestant ostensiblement contre le travail de Gay et en fait, plein d'ironie, l'aidant ironiquement à faire la satire de l'établissement de Walpole en prétendant prendre parti pour le gouvernement:

«It will, I know, be said, by these libertine Stage-Players, that the Satire is general; and that it discovers a Consciousness of Guilt for any particular Man to apply it to Himself. But they seem to forget that there are such things as Innuendo’s (a never-failing Method of explaining Libels)… Nay the very Title of this Piece and the principal Character, which is that of a Highwayman, sufficiently discover the mischievous Design of it; since by this Character every Body will understand One, who makes it his Business arbitrarily to levy and collect Money on the People for his own Use, and of which he always dreads to give an Account – Is not this squinting with a vengeance, and wounding Persons in Authority through the Sides of a common Malefactor?»

The Craftsman - 17 février 1728


Le commentateur note la dernière remarque du mendiant: «That the lower People have their Vices in a Degree as well as the Rich, and are punished for them», ce qui implique que les gens riches ne sont pas aussi punis.