«Un extraordinaire monologue des plus savoureux.
Une farce truculente!»
Roger Simons – Les Feux de la Rampe

Dans un lieu improbable débarque un homme barbu.
Il traîne derrière lui une énorme malle qu’il transporte difficilement. ll ressemble un peu à… Il a soif, il a faim. Il bénéficie d’une permission de l’au-delà pour laver son nom. Il nous regarde. Intrigué de voir ce monde groupé devant lui. Après quelques regards envers ces gens étranges d’un autre monde, celui de la terre, l’homme raconte…


Au ciel, Karl Marx (1818–1883) en a marre de voir ce que les hommes ont fait – ou pas – de ses idées. Après pas mal d’activisme auprès de Dieu, il a enfin obtenu une permission pour revenir (une heure) laver son nom. Le voilà qui débarque pour interpeller le public : « J’ai lu vos journaux. Ils proclament tous que mes idées sont mortes ! Mais il n’y a là rien de nouveau. Ces clowns le répètent depuis plus d’un siècle. [...] J’ai vu vos magazines et vos écrans avec toutes ces images. Vous voyez tant de choses et vous en savez si peu. Personne ne lit-il l’Histoire ? Quel genre de merde enseigne-t-on dans les écoles par les temps qui courent ? »

Le philosophe évoque l’exil à Londres avec sa famille, la pauvreté, son ami Engels, son travail intellectuel et militant. Il raconte aussi l’engagement de sa fille, des polémiques tendres et drôles avec sa femme, les rivalités entre révolutionnaires réfugiés et des débats avec d’autres, comme Proudhon ou Bakounine. Il évoque la Commune de Paris, critique les expériences dévoyées et dogmatiques de l’application de ses idées, mais ses attaques les plus virulentes vont au capitalisme dont il mesure l’évolution jusqu’à aujourd’hui. « J’avais tort en 1848, quand je pensais que le capitalisme était sur le déclin, lance-t-il. Mon calcul était un peu en avance. Peut-être de deux cents ans (sourire). » Le revenant passe notre époque au crible, fustige « la guerre pour soutenir l’industrie, pour rendre les gens tellement fous de patriotisme qu’ils en oublient leur misère ».

Résumé complet
CREATEURS
AuteurHoward Zinn 
Metteur en scèneFabrice Gardin 
Décor sonoreLaurent Beumier 
AVEC
Karl MarxMichel Poncelet 
Une création de la Compagnie Peg Logos

L’acteur, naturel, bonhomme, questionne la salle – ”êtes-vous contrariés par mon retour ?” – et certains spectateurs se prennent au jeu, lui répondent, certains sourient, d’autres restent sérieux, tous applaudiront chaleureusement.

Suivant le slogan libertaire :“Défaites-vous de vos idées toutes faites sur…” et parodiant cet autre: “Rendez à Marx ce qui est à Marx”, c’est sans effort que tous auront été à la rencontre à la fois de l’homme et de ses idéaux. Ils auront vécu un torrent d’émotions avec ce Marx inattendu, fougueux et si humain, si drôle.

Suzane Vanina - Rue du Théâtre - 26/4/2013

Intelligent, incisif le texte d’Howard Zinn est tout à la fois caustique, pertinent et plein d'humour. Discrète, épurée, la mise en scène de Fabrice Gardin est un véritable écrin pour la prestation de Michel Poncelet. Tendre lorsqu’il se rappelle Jenny son épouse et leurs souvenirs, piquant pour relater la Commune, fougueux quand il clame son indignation face à la situation actuelle, le comédien alterne diatribes nerveuses et moments vibrants d’émotion.

Karl Marx, le retour Mais, si certains en retiennent l’agitateur, l’indigné, celui qui essaye de réveiller nos consciences assoupies ne serait-ce pas là pour Marx un retour réjouissant et réussi ? Hors toute politique et polémique, Karl Marx, le retour est une véritable réussite.

Michel Poncelet dont le talent n’est plus à démontrer est bluffant de réalisme et de vérité dans ce seul en scène touchant et passionnant.

Muriel Hublet - Plaisir d'offrir

Michel Poncelet est à la fois drôle et émouvant. Il est entré magnifiquement et généreusement dans le personnage de Karl ! Tous deux, Fabrice et lui, ont travaillé avec passion et entrain sur ce spectacle pendant près d’une année.

Roger Simons - Les Feux de la Rampe

Michel Poncelet est en ébullition, campe admirablement le personnage dans son costume recréé à l’identique de celui de Karl Marx. Les deux hommes se fondent à s’y méprendre, barbe y compris. Une très brillante performance, fort efficace qui convaincrait les capitalistes les plus endurcis !

Dominique-Hélène Lemaire - Demandez le programme

Toute la presse :


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Extrait du texte - Ils prétendent que, du fait de l’effondrement de l’Union soviétique, le communisme est mort. (Il secoue la tête.) Ces imbéciles savent-ils seulement ce qu’est le communisme ? Pensent-ils qu’un système mené par une brute qui assassine ses compagnons de révolution est communiste ? Scheissköpfe !… Et ce sont des journalistes et des politiciens qui racontent ce genre de salades ! Qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire comme études ? Ont-ils jamais lu le Manifeste qu’Engels et moi avons écrit quand il avait vingt-huit ans et moi trente ?

(Il prend un livre sur la table et lit.) « En lieu et place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classe, nous devons avoir une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. »

Vous entendez ça ? Une association ! Comprennent-ils le but du communisme ? La liberté individuelle ! Que chacun puisse devenir un être humain plein de compassion. Pensez-vous que quelqu’un qui se prétend communiste ou socialiste mais se comporte comme un gangster comprenne quoi que ce soit au communisme ? Abattre tous ceux qui ne sont pas d’accord avec vous, est-ce possible que ce soit ça le communisme pour lequel j’ai donné ma vie ? Ce monstre qui s’est accaparé tout le pouvoir en Russie — et qui a tout fait pour interpréter mes idées comme un fanatique religieux —, est-ce qu’il a permis à ses vieux camarades qu’il collait au peloton d’exécution, de lire la lettre dans laquelle je disais que la peine de mort ne pouvait être justifiée dans aucune société se disant civilisée ? (En colère.) Le socialisme n’est pas censé reproduire les erreurs du capitalisme ! Ici, en Amérique, vos prisons sont surpeuplées. Qui les remplit ? Les pauvres. Certains ont commis des crimes violents, de terribles crimes. La plupart sont des cambrioleurs, des voleurs, des bandits, des revendeurs de drogue. Ils croient tous à la libre entreprise ! Ils font ce que font les capitalistes, mais à une plus petite échelle… (Il prend un autre livre.) Savez-vous ce qu’Engels et moi avons écrit sur les prisons ? « Plutôt que de punir les individus pour leurs crimes, on devrait éliminer les conditions sociales qui engendrent le crime, et fournir à chaque individu tout ce dont il a besoin pour développer sa propre vie. » D’accord, nous avons parlé de « dictature du prolétariat ». Mais ni de dictature du parti, ni de dictature du comité central, encore moins de dictature d’un seul homme. Non, nous avons parlé d’une dictature provisoire de la classe ouvrière. Le peuple prendrait la tête de l’État et gouvernerait dans l’intérêt de tous – jusqu’à ce que l’État lui-même devienne inutile et disparaisse progressivement.



Version pleine page (seule version disponible monde Apple)


- Pour faire connaitre ce texte d’Howard Zinn, donc pour faire connaître Howard Zinn.
- Pour mettre en évidence le travail de ce merveilleux comédien : Michel Poncelet.
- Parce que Karl Marx n’est pas mort.
- Car ce texte ne nous prend pas pour des cons. C’est intelligent, érudit et pourtant drôle et ‘spectaculaire’

Suite

 

« Ok, ok, tu peux y aller, mais pas d’agitation ! » Monsieur Karl Marx, né en 1818, décédé en 1883, a enfin obtenu une autorisation spéciale du paradis : revenir sur Terre – une heure, pas plus – afin de donner une ultime leçon de philosophie. Mais l’administration, un peu bordélique et paresseuse - même aux cieux -, cafouille, et Marx atterrit non pas dans le Soho londonien, où il avait trouvé refuge, mais dans le Soho new-yorkais. Damned ! Aux States, le pays du libéralisme le plus forcené, son ennemi de toujours !

Suite

 

J’ai écrit cette pièce à une période où l’effondrement de l’Union soviétique générait une liesse presque universelle : non seulement l’« ennemi » était mort mais les idées du marxisme étaient discréditées. […] Je voulais montrer Marx furieux que ses conceptions eussent été déformées jusqu’à s’identifier aux cruautés staliniennes.

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