Un Fou Noir au Pays des Blancs
ou comment survivre dans la jungle européenne

Réfugié congolais en Belgique, Pie Tshibanda a exercé précédemment le métier de psychologue. Son livre "Un Fou Noir au Pays des Blancs" s'est vendu à plus de dix mille exemplaires et en est à sa 1500ème représentation théâtrale.
Dans cette pièce pleine d'humour, il retrace les sentiments qui habitent tous les réfugiés: l'angoisse du refoulement, les premières difficultés d'adaptation, la nostalgie du pays, de la famille où les enfants grandissent sans leur père et se demandent les raisons de cet abandon. Mais, surtout, l'écrivain congolais scrute d'un œil aigu la société qui l'accueille.
Il décrit les cercles qui peu à peu s'agrandissent pour lui faire place, depuis ce jour où le fou venu d'Afrique, fou de solitude, assoiffé de contacts, prend l'initiative d'aller frapper aux portes de ses voisins belges pour se présenter à eux, les saluer comme les nouveaux venus le font dans son pays. Jusqu'au jour où le curé du village l'invite à venir parler de lui, donner les raisons de son exil, évoquer sa famille lointaine. Pie Tshibanda découvre alors que la solitude n'est pas inéluctable, que la bulle de ses voisins peut aussi cacher des trésors de gentillesse.


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"En ce moment, il y a une épuration ethnique au Katanga contre les Kasaïens. Il faut qu'ils partent tous! Ils ont été renvoyés de leurs maisons... ils ont perdu leur travail... Kolwezi et Likasi ont mis dehors leurs Kasaïens... Ils sont dans des gares, parqués comme du bétail. A la Gare de Likasi, la mortalité a été stabilisée à dix-sept morts par jour." Pie Tshibanda, son épouse et ses enfants ont été de ceux qui durent subitement quitter le Katanga.

L'histoire vraie et touchante de Pie Tshibanda, auteur congolais, psychologue, reconnu, marié, père de 5 enfants, témoin gênant et menacé de mort qui débarque un matin d'hiver à Zaventem.

Il est seul, il est noir, il a perdu sa respectabilité, et surtout sa présomption d'innocence. Il entreprend alors le parcours du combatant du candidat réfugié politique qui dure plusieurs années. D'autres années s'écouleront encore avant que sa femme et ses enfants ne puissent le rejoindre.

Un moment bouleversant qui vous touchera droit au coeur.

Psychologue, écrivain auteur d'une dizaine de livres, Pie Tshibanda estime alors devoir dénoncer les massacres dont il est le témoin. Il réalise à cette fin un film vidéo, publie une bande dessinée et écrit des articles qu'il adresse à plusieurs maisons de presse du monde entier.

Il devient alors rapidement un "témoin gênant", et n'a finalement d'autre choix que de quitter son pays et prendre le chemin de l'exil, vers la Belgique.

Dés son arrivée à Zaventem, Pie Tshibanda prend conscience de la différence de culture à laquelle il va être confronté: on le tutoie, on le fouille, on met en doute sa licence en psychologie. Il comprend à cet instant, qu'en franchissant la frontière belge, il n'est plus l'intellectuel estimé qu'il était auparavant.

Il est désormais "un étranger", qui va devoir trouver sa place et faire ses preuves. "En Europe, tu n'as pas droit à l'erreur. Dans le métro, en train, n'égare jamais ton titre de transport. N'oublie jamais d'acheter ton billet... Un noir n'oublie pas, il ne se trompe pas, il n'égare pas... Il triche !" Les premiers mois de Pie Tshibanda en Belgique vont le confronter à la complexité de la procédure d'asile, à la difficulté de trouver un logement lorsqu'on est étranger, à la suspicion que certains réservent à un nouvel arrivant.

Mais ce que nous montre Pie à travers son spectacle, c'est la manière dont de tels préjugés peuvent tomber, la manière dont il est lui-même finalement accepté et reconnu, comme être humain. Il prend lui-même l'initiative de se présenter aux gens du village où il s'est installé, il obtient la reconnaissance de son diplôme de psychologue, et décroche une licence en sciences de la famille et sexualité à l'UCL.

Sa formation l'amène à donner des cours de rattrapage aux enfants. La commune de Court Saint Etienne lui attribuera, à travers un projet d'école de devoirs itinérante une camionnette aménagée en petite salle d'étude, qui le conduit dans six écoles différentes.

Son histoire, Pie Tshibanda nous la conte à travers son spectacle "Un fou noir au pays des blancs". Humaines et nuancées, les paroles de Pie nous touchent, en mettant en évidence le regard que nous portons parfois sur ceux que nous ne connaissons pas, la méfiance que peut nous inspirer la différence.

Un conte plein de poésie qui résonnera encore longtemps après; un spectacle plein d'humour qui nous renvoie nos peurs et nos angoisses, qui nous tend un miroir et reflète nos préjugés, nos comportements d'occidentaux... Pie Tshibanda va droit au coeur et touche au plus profond, et ç'est plus que nécessaire.

Un spectacle à voir ou à revoir pour être 'up to date' car le spectacle évolue d'année en année, toujours aussi touchant, poétique et infiniment drôle !

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