Un musical romantique, captivant et plein de suspense
Après «Elisabeth», nous sommes très heureux de vous présenter un autre musical de Michael Kunze et Sylvester Levay, basé sur le célèbre roman de Daphne du Maurier et le film d’Alfred Hitchcock.
Le Festival Bruxellons! s’est surpassé cet été avec la création impressionnante du musical Rebecca, à découvrir jusqu’à la fin du mois d’août dans le cadre majestueux du Château du Karreveld. Cette version scénique du roman mondialement célèbre de Daphné du Maurier, mise en musique par Sylvester Levay et portée par les paroles de Michael Kunze, déploie ici une force théâtrale saisissante qui vous prend aux tripes. La traduction française des chansons et des dialogues est signée Stéphane Laporte – le spectacle est intégralement joué en français.
Au cœur de l’histoire, une jeune femme sans nom (Laura Tardino), dame de compagnie de l’extravagante Mrs Van Hopper (Marie-Aline Thomassin), fait la rencontre du riche veuf Maxim de Winter (Jérémy Petit) qu’elle épouse sur un coup de tête. Mais une fois installée à Manderley, le somptueux domaine de son mari, le bonheur espéré se révèle bien vite illusoire. Le souvenir de Rebecca, la première épouse décédée de Maxim, plane tel une ombre menaçante sur la demeure – incarné avec un zèle fanatique par l’intendante Mrs Danvers (Liesbeth Roose), gardienne obsessionnelle du mythe.
Laura Tardino livre une performance bouleversante : elle insuffle à la narratrice une délicate vulnérabilité tout en rendant tangible son émancipation progressive au fil du récit. Sa transformation – d’une jeune femme effacée à une héroïne affirmée – constitue l’un des arcs émotionnels les plus puissants de la soirée.
Jérémy Petit incarne avec intensité un Maxim de Winter intérieurement déchiré. Sa présence scénique et sa voix expressive impressionnent, particulièrement dans les instants de silence, où il laisse transparaître toute la complexité de son personnage avec une grande justesse.
Mais l’un des sommets de la soirée reste sans conteste Liesbeth Roose dans le rôle de Mrs Danvers. Sa performance hypnotique, d’une froide autorité et d’un dévouement obsessionnel, fait d’elle une antagoniste fascinante. Son solo « Rebecca » constitue un moment d’une intensité rare – à la fois somptueux, inquiétant et envoûtant.
Nathan Desnyder campe avec brio un Jack Favell à la fois charmeur et sans scrupules. Son jeu nuancé et sa voix chaleureuse attirent irrésistiblement l’attention dès son entrée en scène.
Marie-Aline Thomassin, quant à elle, propose une Mrs Van Hopper délicieusement outrancière, haute en couleur, portée par une exubérance comique savamment dosée et une autodérision réjouissante.
L’ensemble de la distribution est d’une qualité remarquable. Damien Locqueneux brille vocalement en Frank Crawley, Raphaëlle Arnaud apporte une belle chaleur humaine à Béatrice, Mathias Fleurackers touche avec sincérité en Ben, ce marginal perturbé, et Laurent Kiefer prête au colonel Julyan une autorité mesurée et un sens du timing très fin.
En réalité, on devrait citer chaque membre de cet ensemble exceptionnel tant chaque rôle est interprété avec précision et engagement. C’est un privilège rare d’assister à une telle production dans un décor aussi enchanteur, portée par des interprètes aussi talentueux.
La scénographie est une réussite en soi: des accessoires changeants recréent avec fluidité les différents lieux, des ambiances lumineuses travaillées et un concept scénique ingénieux donnent vie à Manderley – à la fois mystérieuse, majestueuse et parfois inquiétante. Certains effets visuels saisissent : un incendie soudain, des rideaux qui volent, des jeux d’espace et de perspective… La mise en scène ose de grandes images sans jamais s’y perdre – un équilibre rare entre technique, dramaturgie et direction artistique.
Côté musique, le niveau est tout aussi élevé. L’orchestre de 18 musiciens accompagne l’action avec puissance et subtilité. La direction musicale maintient un parfait équilibre entre tension dramatique et émotion. Les compositions de Levay offrent des mélodies marquantes, dont certaines resteront longtemps dans l’oreille des spectateurs, les entraînant à travers les sommets et les abîmes du récit.
Cette version de Rebecca marie avec finesse la puissance musicale à une véritable profondeur psychologique. Elle explore la mémoire, la culpabilité, l’affirmation de soi – et la difficulté de s’extirper de l’ombre des autres.
Si vous êtes à Bruxelles cet été – ou si vous avez l’occasion de vous y rendre – ne passez pas à côté de ce moment de théâtre unique.
Time4Theatre - 2025 07 12 (traduit de l'allemand)

.png)
.png)




