L’une fuit sa maison de retraite,
l’autre sa famille.
Louise Rocco et Marie-Hélène Remacle

L’essentiel est de fuir. Ces deux malaimées que tout oppose font du stop au même moment et au même endroit. D’abord concurrentes, elles vont peu à peu devenir des complices. Entre fou rire et tendresse, la bonne humeur contagieuse de ces héroïnes nous emmène sur le chemin de la vie.

Personne ne sait où elle est ma place!
Margot et Claude se la disputent, cette place au bord de la nationale. Il est trois heures du matin: les pouces levés, les deux femmes tentent leur chance. Les amateurs de stop pourront certifier qu’à moins d’avoir une bonne étoile, en cette nuit d’été, les deux rivales n’iront pas bien loin… "Je joue ma vie ! – moi c’est du sérieux"... Elles finissent par avouer la raison de leur présence incongrue: Margot est partie après les 18 ans de sa fille, "20 ans de guerre des nerfs, 20 ans de résistance" ; et Claude fuit la vie moche et ennuyeuse des Glaïeuls, sa maison de retraite "où il ne pousse que des chrysanthèmes".


Louise Rocco et Marie-Hélène Remacle dans les rôles de Claude et Margot. Était-ce pour vous une évidence ?
Oui ! Ce sont deux actrices qui ont des tempéraments qui correspondent bien aux personnages. Dans le rôle de celle qui est plus âgée et qui quitte sa maison de repos, on imagine évidemment une dame qui a plus ou moins l’âge du rôle, mais qui a aussi une énergie, une pétillance, une foi en la vie… Et c’est tout à fait le caractère de Louise Rocco ! Loulou est comme ça à la ville ! C’est quelqu’un de terriblement positif, de dynamique, et d’enthousiaste qui a beaucoup de fantaisie. Ce qui s’accorde parfaitement avec le personnage de Claude.
Pour ce qui est de Margot, j’ai tout de suite pensé à Marie-Hélène. Elle a une nature comique évidente, ce qui est très important pour ce rôle. Elle peut jouer beaucoup de choses. Elle a une force qui correspond bien au personnage. Mais Margot possède aussi une fragilité que Marie-Hélène a également dans la vie. Voilà pourquoi je trouvais que ces deux comédiennes s’imposaient dans ces rôles. Et d’ailleurs je ne suis pas le seul ! Il y a un autre producteur qui était intéressé par le spectacle - mais nous avons eu les droits avant lui - qui m’a confié qu’il avait exactement la même idée de distribution !

Quelle est la facette de Fugueuses qui vous a le plus touché ?
C’est ce côté « je transmets le flambeau de la vie, l’énergie de la vie ». Ce que j’aime particulièrement dans la pièce de Pierre Palmade et Christophe Duthuron, ce sont les échanges et la notion de respect de l’autre. Au début de la pièce, on a deux personnages qui sont en conflit : elles ne se connaissent pas, elles ne sont pas amenées à se connaître, elles n’ont rien en commun… Au départ, elles ne s’aiment pas ! Et puis, elles vont faire un très beau parcours ensemble… Je dirais donc que ce qui me plait, c’est l’idée d’apprendre à connaître l’autre.

La mise en scène de Fugueuses est très cinématographique (incluant musique, projection, etc.). Qu’est ce que cela apporte à la pièce ?
Il y a beaucoup de lieux différents dans la composition du spectacle et l’utilisation des projections permet de les symboliser. Cela apporte aussi une touche de modernité. Je trouvais cette idée très intéressante dans la mise en scène du spectacle à Paris, et elle m’a forcément inspiré dans ma conception… En plus, la pièce s’y prête vraiment très bien, elle est écrite sur ce principe.

Quelle est la petite touche personnelle que vous avez tenté d’apporter au spectacle ?
Je n’ai pas la prétention de vouloir apporter une touche personnelle. Quand je mets en scène, je ne me dis pas que je ferai mieux que les autres... Au contraire, j’essaye plutôt d’être très fidèle à ce que l’auteur a voulu, ou à ce que je crois qu’il a voulu. Je tente de restituer cela avant de mettre en avant mes éventuelles touches personnelles.

C’est la première fois que vous mettez en scène une pièce avec si peu d’acteurs. Comment abordez-vous cette situation ?
Cela va me changer ! Je travaille généralement avec de grosses distributions. Je me souviens de La Présidente où ils étaient dix-neuf. Quand je mets Le Mariage de Mademoiselle Beulemans en scène ils sont quatorze et dans La Revue ils sont douze… J’ai déjà abordé des distributions plus restreintes avec Le Squat (Saison 2002-2003) ou Le Jeu de la Vérité de Philippe Lellouche (Saison 2007-2008)… J’ai commencé par dix-neuf, puis ils étaient quatorze, puis ils étaient douze, puis ils étaient six, puis quatre… et ils ne sont plus que deux maintenant ! On peut dire que je diminue au fil du temps… J’espère que je ne vais pas continuer dans cette voie là, sinon il y aura plus de travail pour les comédiens !
Ce que j’espère surtout de Fugueuses c’est provoquer une très belle rencontre. J’ai la chance de très bien connaître Marie-Hélène et Louise. Je me réjouis de les faire travailler ensemble, car je crois qu’il y a entre nous une confiance réciproque qui nous permettra d’aller vite dans un travail très intimiste.

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