Entrez dans un monde fantastique et loufoque

Des histoires signées Stefano Benni, l'un des auteurs contemporains italiens parmi les plus étonnants, les plus intéressants; un auteur en colère, inventif et drôle ! Benni s'amuse des codes de nos vies modernes, y répond par ses mots aussi légers que perspicaces et parvient à réveiller, le temps de quelques chroniques,nouvelles ou fables, notre envie de résistance, notre imagination et nos espoirs d'enfants.


En duo, à la scène comme à la ville, Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux s’amusent. Ils ont choisi des textes brefs de Stefano Benni teintés d’humour, de nonsense, de critique sociétale.
Après « Tout au bord » et ses féroces et amusantes scènes de couple, voici « L’éthique du nombril ». Il s’agit d’une succession de textes courts de Benni dont on avait vu naguère au théâtre « Le Bar sous la mer ». Ce sont des espèces de mini-fables. C’est dire combien les interprètes doivent s’adapter rapidement à des situations et à des personnages fugaces.

Pour des comédiens habitués à endosser des rôles, il n’est pas facile de prendre à la fois celui de conteur qui suppose une façon particulière de narrer et celui des protagonistes qui surgissent dans chaque texte et qui réclament des modifications de gestes, d’attitude, de voix. La brièveté ne leur permet pas toujours d’y parvenir. D’où une sensation de frustration, une sensation d’inabouti, une impression de ne pas voir des acteurs complètement impliqués dans ce qu’ils font.

Pourtant, ils se démènent. Le prologue, composé d’essais musicaux au moyen d’une panoplie d’objets insolites est drôle, inventif, rythmé. Certains éléments reviendront éparpillés çà et là, tels des refrains de plus en plus familiers. Par la suite, c’est inégal, selon l’écriture et les thèmes de Benni. Il est vrai que ce genre de spectacle est plus à l’aise dans un lieu intimiste que dans une grande salle où on perd un peu contact et connivence avec ce qui se passe sur le plateau.

Par bonheur, la scénographie est un atout. Un promenoir en claies de bois entoure un bac à copeaux (comme un bac à sable pour jeûnes enfants). De dessous, surgissent des éléments de décor, des accessoires qui créent des surprises. Cogniaux et Kumps font appel à des marionnettes, à des ombres chinoises pour varier les approches scéniques.

Les histoires se veulent variées. Il y a la compétition pour la plus belle crèche de Noël vivante entre deux communes. Il y a le guichet automatique à réactions humaines inquisitrices et vengeresses. Et encore le couple qui ne se regarde pas, une poule au label philosophique, un mendiant qui sans être un gâteau devient comestible, un rassemblement d’intellos à ce qui pourrait être un dîner de cons… Plus quelques autres à densité variable.

En demi-teinte avec l’un ou l’autre éclat, cette représentation qui fourmille de bonnes idées laisse un goût de trop peu tant au point de vue littéraire que théâtral. Une impression que le duo pétulant n’arrive plus à la générosité qui le portait quand il jouait ses propres textes.

Rue du théâtre - 12/12/2011 - Michel Voiturier

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