Amour, amitié, passion, émotion, haine…
La plus célèbre des pièces de Shakespeare au Karreveld

Cinq jeunes gens Roméo et Juliette, Mercutio, Tybalt et Paris devront perdre la vie pour que trois vieux puissent continuer la leur… A quoi sert le sacrifice des jeunes gens?
Roméo et Juliette n'est pas une tragédie … C'est plutôt une comédie qui tourne mal.
Malgré l'interdit de leurs parents, Roméo et Juliette se trouvent, se rencontrent, se marient, font l'amour… Sans le contretemps d'une lettre qui n'arrive pas à son destinataire, l'issue pourrait en être heureuse….
La vie est parfois tragique, mais elle est aussi parfois terriblement bête. La pièce est une course-poursuite, très brève, entre le malheur et le bonheur, et jusqu'à l'ultime péripétie, on ne sait toujours pas qui va gagner.


Les éditions des pièces de Shakespeare
La première édition rassemblée (recueil) de trente-six pièces a lieu en 1623 (soit sept ans après la mort de Shakespeare). Ce recueil est l'œuvre d'acteur issus de la compagnie de Shakespeare. Ce livre est habituellement connu sous le nom de Premier Folio. Il s'agit d'un grand livre, impressionnant, imprimé sur des feuilles de papier pliées seulement une fois. On trouve sur la page de titre Mr William Shakespeare's Comedies, Histories, and Tragedies.

Premier Folio

Dix-huit des 37 pièces de Shakespeare existent aussi dans des éditions simples publiées pendant la vie de Shakespeare. Ces premières éditions sont appelées quartos, parce que l'imprimeur a plié une feuille simple de papier dans des quarts, produisant huit côtés destinés à être imprimés. Le résultat était un petit livre relativement bon marché.

Nous ne savons pas comment les imprimeurs ont obtenu les textes leur permettant de réaliser ces quartos. Ils varient d'ailleurs énormément dans la qualité: certains semblent être précis, d'autres, par contre, sont imprécis d'une manière extravagante.

Les éditions actuelles des œuvres de Shakespeare proviennent ou du texte du Folio, ou des quartos et du Folio, quand les deux existent.

Lorsqu'il y a et quarto et un texte de folio, le rédacteur moderne doit souvent choisir entre les lectures différentes d'un mot simple, d'une ligne ou même d'une scène entière. Parfois un rédacteur ne peut pas signifier quelque chose d'un mot imprimé et fournit sa conjecture la meilleure quant à ce que Shakespeare a écrit.

Création de "Roméo et Juliette"
La meilleure information qui nous soit parvenue quant à la date de création de Roméo et Juliette vient de la page de titre du premier Quarto, qui nous dit que la pièce a été jouée souvent et avec de grands applaudissements par la troupe de l'honorable Hunsdon, nom de la troupe de Shakespeare.

Cette référence indiquerait que la pièce n'a pas été composée plus tard que 1596, vu que la troupe d'Hunsdon change de nom après cette date. En fait elle porte ce nom du 22 juillet 1596 au 17 avril 1597.

Certains critiques ont placé la création de la pièce en 1591, suite à une allusion de la nourrice dans la pièce à un tremblement de terre:"Cela fait maintenant onze années depuis le tremblement de terre". Or, un tremblement de terre fut ressenti à Londres le 6 avril 1580. Il est cependant peu probable que Shakespeare se soit soucié à ce point d'une précision chronologique… Et quoi qu'il en soit, dans ce cas, il ne devrait s'agir que d'une "pré-version" de la pièce qui sera encore fortement adaptée par après.

Et c'est en général à 1595 qu'on attribue la création de la pièce, entre Peines d'amour perdues et Le Songe.

La première représentation de Roméo et Juliette dont on a une trace date de 1662. Elle est organisée par William Dave-nant, le poète et le dramaturge qui a tout fait pour être considéré comme le fils illégitime de Shakes-peare. La pièce est restée très populaire et a donc été jouée très souvent par après.

Mais, étrangement, les pro-ducteurs au XVIIème siècle ont jugé nécessaire de prendre une "grande distance littéraire" avec le travail original de William Shakes-peare. On va même jusque, dans certaines productions, à présenter un Roméo et une Juliette qui réchappent à leur épreuve pour vivre heureux… accomplies.
Le poète et dramaturge William DAVENANT a été baptisé le 3 mars 1606. Il est né à l'Auberge de Couronne à Oxford, dont son père, un riche marchand de vin, était le propriétaire.
Il est avéré que Shakespeare s'arrêtait toujours à cette maison lorsqu'il passait par la ville d'Oxford et son admiration pour la maîtresse de maison - une très belle femme - est reconnue. C'est ce qui provoque la rumeur que Davenant serait un fils illégitime de Shakespeare, affirmation que Davenant lui-même va se plaire à entretenir…

Et puis, il ya aussi les "copieurs", ou les inspirés!. En 1679, Thomas Otway a créé une version de la pièce appelée l'Histoire et la Chute de Caius Marius, se déroulant dans la Rome Antique. Otway a transformé la pièce afin qu'elle tourne autour de deux sénateurs opposés, Metellus et Marius Senior, qui se battent pour obtenir le contrôle politique de Rome. Metellus représente la "vieille noblesse", vouée à détenir le pouvoir et il se considère un chef incarnant l'honneur bien que les disciples de Marius le considèrent comme un patricien sans gloire. Marius senior est un "nouveau", n'étant sénateurs que depuis six termes. Il appartient à une faction moins importante au sénat que celle de Metellus et ce dernier veut l'empêcher d'obtenir un septième terme. Après une série de confrontations physiques et une âpre lutte au sénat, Marius Senior et ses partisans sont bannis. Pris par les tourments de cette lutte politique entre leurs pères, ont retrouve deux jeunes amants. On peut noter la ressemblance entre les lignes d'Otway et la célèbre scène du balcon chez Shakespeare :

O Marius, Marius! Pourquoi est-tu Marius ?
Renie ta famille, renonce à ton nom
Ou si tu ne le fais pas, sois mon amour juré,
Et je ne m'appellerai plus le parent de Metellus..

La version d'Otway a été à ce point acclamée que pendant 70 ans il a pratiquement empêché toute production propre du Roméo et Juliette de Shakespeare et Juliette.

A partir de 1740, la version de Shakespeare regagne de nouveau toute sa popularité, suite à des productions de la pièce décidée par de grands "chefs de troupes": David Garrick et Theophilus Cibber. Cependant, la pièce n'est toujours pas l'originale et ils ne se sont pas privé pour mélanger d'autres textes avec le texte de Shakespeare. Cibber rajoute des passages provenant des Deux Messieurs de Verona dans sa production et Garrick commence sa version de la pièce avec un Roméo follement amoureux de Juliette.

Dix-neuvième siècle
Ce n'est qu'au XIXème siècle que Roméo et Juliette a été représentée avec relativement peu de modifications et la pièce est devenue la plus jouée de l'œuvre de Shakespeare, un véritable pilier de la scène anglaise. Mais ce n'est pas pour autant que tout est rose…

On dit souvent du théâtre de cette époque - le théâtre victorien, du nom de la reine Victoria - que, s’il n’a permis l’éclosion d’aucun auteur dramatique de génie, c’est, entre autres, en raison de la primauté accordée, tant par les spectateurs que par de nombreux critiques, aux qualités visuelles des productions par rapport à celles du texte et du jeu des acteurs.

Charles Kean

Au Princess, entre 1855 et 1859, Shakespeare lui-même se trouva bien souvent sacrifié sur l’au-tel des effets scéniques spectaculaires: taillant impitoyablement dans sa prose ou dans ses vers pour dégager du temps pour de fastueuses pro-cessions de figurants dé-filant devant de somptu-euses toiles peintes len-tement déroulées, ou pour des descentes d’an-ges savamment éclairées à travers des gazes im-palpables, Charles Kean - fils du très célèbre Edmond Kean, prétendait néanmoins rendre au dramaturge un hommage digne de lui, en proposant à un public émerveillé des visions féériques, seules susceptibles de l’attirer en grand nombre.

Lorsqu’un quart de siècle plus tard, Henry Irving s’installa au Lycéum, il tenta de dépasser l’aspect purement récréatif des mises en scène de Kean, et de réconcilier respect du texte et reconstitution méticuleuse et savante, à partir de documents authentiques, de décors et de costumes archéologiquement corrects.

Si nombre de critiques louèrent les qualités pédagogiques de ces re-créations prestigieuses, d’autres, et non des moindres, n’y virent qu’une résurgence, à peine plus raffinée, des coûteux “son et lumière” du Princess, s’inscrivant dans la même logique d’asservissement du verbe shakespearien aux fastes d’une débauche d’images redondantes ou parasites. Pouvons-nous, à leur suite, rejeter dos à dos ces deux serviteurs infidèles, ou convient-il d’établir un distinguo subtil entre récréation pure et effort de re-création?

Avec l'apparition du cinéma, la diffusion des œuvres de Shakespeare s'est encore amplifiée…. Une page entière de ce site est consacrée à Shakespeare au cinéma…

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