Voici une bien poétique façon de raconter l’Histoire.

Et de poésie nous avons tant besoin. Jean-Claude Grumberg est un immense conteur! Il livre ici l’un de ses plus beaux récits, d’une force et d’une densité sans égal, qui laissera une trace durable dans les mémoires. Grumberg à travers l’horreur et la folie meurtrière, la déportation, raconte l’amour d’une mère et d’un père, la force de sauver, la plus précieuse des marchandises.

Il n’y a aucune morale à tirer de cette fable d’une centaine de pages, juste un peu d’espoir dans l’humanité même dans les pires moments de l’Histoire.


Pour écrire un conte, il faut un décor : une masure, une forêt bien dense, de la neige ; des personnages dans la masure : un homme et une femme. Il est bûcheron, elle n’a pas d’enfant. Voilà, le décor est planté. Ah non, pas tout à fait, il faut un élément porteur de malheur qui va démarrer le conte. Ici c’est un train à travers la forêt. Un train de marchandises. Un jour, comme par miracle, une petite marchandise va tomber du train… et la pauvre bûcheronne va la ramasser. Mais pour tout cadeau du ciel, il y a un prix à payer, surtout en ces temps où sévissait autour de ce grand bois touffu, la guerre mondiale.

Grand Prix de l’Académie française, Molièrisé et Césarisé, Jean-Claude Grumberg écrit en quelques pages la quintessence de son œuvre. Fils et petit-fils de déportés, l’auteur relate la Shoah sans en prononcer le nom mais avec de doux euphémismes. Sous la forme littéraire du conte, son humour pétri de rage et d’absurde – politesse du désespoir – interdit la résignation et l’oubli.


CREATEURS
AuteurJean-Claude Grumberg 
Mise en scèneJanine Godinas 
Assistanat mise en scèneHélène Catsaras 
ScénographieRenata Gorka 
CostumesRenata Gorka 
LumièreZvonocK 
Musique originalePascal Charpentier 
AVEC
Jeanne Kacenelenbogen 
Une production du Théâtre Le Public
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement Fédéral Belge via Belga Films

"Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron […] Dans ce grand bois régnaient grande faim et grand froid […] La faim, elle, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale."


Sa présence est forte et sa voix ne cesse de s’adapter aux personnages qu’elle incarne. À l’image des contes de notre enfance, l’histoire fait place à des monstres et des êtres malveillants. L’ennemi est clairement désigné et sa présence fait monter un certain suspens. Le public s’accroche alors aux paroles de la comédienne pour savoir si le Bien finira par triompher.
Connu pour son humour et son habilité à choisir les mots essentiels sans tomber dans le pathos, Jean-Claude Grumberg livre un récit empreint de merveilleux pour raconter l’une des plus tristes histoires.

Ségolène Misselyn - RTBF - 20/1/2022

Jeanne Kacenelenbogen habite, avec aplomb et humanité, chaque mot, chaque phrase, glissant sans accroc d’une scène à l’autre. Un regard, quelques pas, des bras qui se serrent, les feux d’un train dans la nuit…, la mise en scène épurée et suggestive de Janine Godinas soutient adroitement l’interprétation de ce récit qui se suffit à lui-même.
Superbe et raffinée, la scénographie de Renata Gorka suscite l’imaginaire en distillant ça et là sur le plateau quelques éléments constitutifs de l’histoire (un tas de bois, un châle, une chèvre…). Forme toute particulière de récit, le conte de Grumberg est, ici, façonné en un… précieux petit bijou, à découvrir sans tarder.

Stéphanie Brocart - La Libre Belgique - 19/1/2022

On pourrait résumer le spectacle en évoquant un conte, une forêt, une pauvre bûcheronne et son mari, tous deux affamés. Autour des bois, la guerre, la Shoah. On pourrait parler des convois de marchandises qui transportaient des milliers de Juifs dans les camps. On pourrait conclure en se disant qu’il s’agit d’une nième histoire qui se passe pendant la guerre 40-45. Tout ça est vrai mais ce spectacle, c’est bien plus que cela. Jeanne Kacenelenbogen, seule en scène, captive. Changeant de personnage à la vitesse de l’éclair, elle est impressionnante de justesse et de sensibilité. Une interprétation qui magnifie le chef d’œuvre de Jean-Claude Grumberg. N’hésitez pas.
L’amour est au centre du récit, la guerre et ses drames servent de toile de fond. Attendrissant et sobre, le conte mis en scène par Janine Godinas, s’adresse à tous.

Catherine Sokolowski - Demandez le programme - 25/1/2022

Toute la presse :


1

Magnifique spectacle ! Beaucoup d émotions, j ai vraiment été touchée. Impressionte interprétation de cette comédienne seule en scène. Merci pour ce beau moment . Je le recommande vivement.

Lucienne Melice - vendredi 04 février 2022 -

2

Remarquable interprétation et performance de cette jeune actrice. Tout dans le ton du livre (conte). Un public séduit et conquis hier soir. Du bonheur, un cadeau. Merci !

Anne - jeudi 10 février 2022 -

Tous vos 2 avis :




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Janine Godinas et Jeanne Kacenelenbogen explorent ensemble le texte de Jean-Claude Grumberg : "Un spectacle, c’est d’abord une voix, un ventre, un texte, tout part de là. Ensuite, on se met à plusieurs parce que le théâtre est un art collectif, même quand il s’agit d’un monologue."
Quand vous vous êtes retrouvées toutes les deux autour de La plus précieuse des marchandises, où et comment le lien s’est-il fait ?
Janine Godinas : Le lien ? Le lien s’est fait par le biais du théâtre.
Le lien c’est un texte et un acteur qui nous le fait entendre.
Un spectacle, c’est d’abord une voix, un ventre, un texte, tout part de là. Ensuite, on se met à plusieurs parce que le théâtre est un art collectif, même quand il s’agit d’un monologue. Et après, l’empathie se fait (ou pas). Ici, heureusement elle s’est produite (rires).
Jeanne Kacenelenbogen : Dans cette histoire, il y a un lien transgénérationnel sur lequel tout repose. Et entre Janine et moi aussi. C’est une histoire de femmes et de transmission. C’est une histoire qui s’ancre dans une époque que Janine a connue et dont je suis beaucoup plus loin. Elle a donc beaucoup à me transmettre pour incarner l’histoire de cette petite fille au milieu d’une guerre. Même si ce sont des récits qui restent intemporels. Il y a hélas, toujours, des petites filles victimes collatérales de guerres qui les dépassent.
C’est là que Jean-Claude Grumberg a été brillant en choisissant le modèle du conte qui donne à la perfection cette impression d’infini et d’éternel recommencement. Même si on sait qu’il parle de la Shoah, il réussit une mise en perspective qui relie tout le monde, parce que, au fond, toutes les petites filles sont des survivantes.
Janine : Et quelle meilleure façon de mettre en exergue à quel point tout recommence et recommence et recommence encore ! Comme si on n’apprenait jamais rien de ce qui s’était passé. On avait dit plus jamais ça, pourtant aujourd’hui, partout, on voit qu’on a toujours des murs, des barbelés, des stigmatisations… On en ajoute, même !
Jeanne : Et en plus, maintenant, avec la situation sanitaire, on fait comprendre aux gens qu’ils sont mieux chez eux, repliés sur eux-mêmes que dehors.

Propos recueillis par Deborah Danblon

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