Triomphe en Avignon cet été
«Le soir à la nuit close quand le genre humain repose, je travaille à mon Palais. De mes peines nul ne saura jamais.»

Né au siècle dernier Ferdinand Cheval, surnommé « Le facteur Cheval » a passé plus de trente ans de sa vie à construire une sorte de palais extraordinaire, tout seul, avec ses petites mains, ses outils et sa brouette. La plupart des gens le qualifient encore de fou aujourd’hui. Mais c’était un fou génial ! Oscar Wilde a écrit que : « Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais ».
Chacun sur cette terre a sa part de bonheur et de malheur. Certains trinquent plus que d’autres. Et le facteur Cheval ne sera pas épargné par les ronces de la vie. Il va perdre son jeune fils, puis Alice sa fille chérie s’en ira au pays d’à l’envers. Elle avait à peine quinze ans. Comment survivre à la mort de ses enfants ? C’est bien la pire des douleurs. Son épouse suivra un peu plus tard. Ferdinand Cheval, fou de chagrin, aura pourtant la force de construire un palais inouï, né d’un songe. C’est sans doute ça qui lui a maintenu la tête hors de l’eau. La passion, quelle qu’elle soit, nous sauve de tout.


Cet homme était plus que lui-même, il est une idée de l'inaccessible étoile que chantait un Jacques Bre! qu'a écouté sans doute l'autrice Nadine Monfils, belge elle aussi, tout comme le metteur en scène Alain Leempoel qui tire profit du décor minéral et poussiéreux du jardin des Halles pour camper le chantier du palais. Au-delà du fascinant monument qui dépasse tous les critères esthétiques, c'est avant tout la beauté intérieure du personnage dont on voit la construction ici, son lent édifice, puisqu'à l’évidence ce facteur Cheval était un homme de l'être.

L'art-vues - juillet 2022

Le jardin du Théâtre des Halles est pour le coup particulièrement intéressant dans sa minéralité teintée de couleurs provençales qu’il offre au metteur en scène Alain Leempoel. Difficile de ne pas avoir d'empathie pour cet homme toujours debout dans ses rêves, les pieds dans le mortier et la tête dans les étoiles. Le comédien Elliot Jenicot éblouit tant il a su en peu de temps se glisser dans la peau de cet homme hors nonnes qui travailla 33 ans à la construction de son idéal. Il parvient à nous faire toucher l’âme de cet homme traité de fou à son époque, qui ne se disait pas artiste mais simplement artisan.

Le Bruit du Off - Pierre Salles - 11 juillet 2022

Adaptant le roman de Nadine Monfils inspiré par la vie du Facteur Cheval, Alain Leempoel donne la parole à ce dernier dans un spectacle conçu pour être joué en plein air. On y découvre tout le parcours du génial concepteur du Palais Idéal, cette œuvre d’art totale construite en 33 ans par un seul homme. Seul à porter ce texte (mais accompagné de temps à autre par le plasticien Philippe Doutrelepont), Elliot Jenicot « est » véritablement Ferdinand Cheval, dans son physique rugueux, sa voix caillouteuse, son parler sans fioritures, ses maladresses touchantes… Une impressionnante performance à l’image de son personnage.

Le Soir - juillet 2022

Une histoire vraie où la fiction se mêle par touches délicates entre tragédie et beauté, un mélange qui paraît si réel et où l'émotion est toujours palpable
Là. la justesse des sentiments mais aussi leur violence trouvent crédibilité et force dans la sobriété élégante de la mise en scène d’Alain Leempoel.
Eliott Jenicot tel un passeur d'histoire nous transmet ce récit de façon grandiose. Son jeu est authentique, d’une rare finesse, d une grande précision et surtout distille une puissante émotion.
Entre sensibilité et pudeur, sa performance d'acteur est bouleversante. En pointillé, le plasticien comme un effet miroir se déplace et illustre le travail réalisé en utilisant la chaux, le bois, la pierre. Une ode à l’art et à la matière.
Une très jolie pièce qu'il faut aller voir

RegArts - Fanny Inesta - juillet 2022

Un comédien exceptionnel s’est emparé de ce texte pour en exprimer les rugosités, les tournures poétiques, les réflexions issues du vécu le plus intime, les contradictions entre une sorte de brutalité spontanée et une sensibilité envers les gens et les matériaux minéraux. Grâce à un travail vocal particulier et une recherche corporelle qui inscrit dans l’espace une silhouette typique, il nous transmet combien son personnage s’épanouit en pratiquant sans le savoir ce qu’on baptisera plus tard « art brut ». Combien l’utopie qui le sous-tend de réunir des cultures hétéroclites en vue d’une société meilleure en fait quelqu’un d’une humanité singulière et idéale.

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WebTheatre - Michel Voiturier - 21 juillet 2022

L’incarnation d’Elliot Jenicot dépasse toutes mes attentes. Il est d’abord un merveilleux conteur. Cette histoire, qui par ailleurs ne changera pas ma vie outre-mesure, il parvient à nous l’imposer comme centre de notre univers pendant 1h30. C’est comme si on avait toujours connu cet homme, comme si son projet nous était familier. Il fait tout passer : cette légère folie, évidemment, qui s’approche plutôt de la passion et qui brille dans ses yeux lorsqu’il parle de son palais ou de ses enfants, mais également une grande humanité dans l’évocation des plaisirs simples de la vie. Il fait exister l’âme rêveuse du personnage par-dessus cet extérieur un peu rustique qu’il lui dessine. Car on est tout autant touché par l’aspect physique de son Facteur, par la force brute qui émane de lui. Cette robustesse impressionne et permet une incarnation totale du personnage, qui rend la puissance de vie et de création du Facteur Cheval.

(…) C’est l’incarnation ultime, le théâtre immersif par excellence. On parle de construction, de force, de fatigue, d’un homme qui a donné ses nuits pour construire ses rêves, pour aller au bout, pour se dépasser, et on voit ce même homme devant nous, suant ce qui lui reste d’eau pour refaire vivre, l’espace d’un instant, celui à qui il prête son corps. Mais qu’est-ce que c’est beau.

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MDT - 20 juillet 2022

Grâce à l'interprétation du comédien endossant comme une seconde peau les postures et les mouvements de pensée du Facteur Cheval autant dans la rudesse de son être que dans sa dimension éthérée. après l’avoir côtoyé une heure et demie de si près, on a la curieuse sensation qu'il fait partie de nos proches Et peut-être plus troublant encore ce sentiment d'inquiétante étrangeté flottant autour de lui, un peu comme si quelque part en nous il existait.

La revue du spectacle - juillet 2022