Un magnifique texte de Pietro Pizzuti qui fait passer du rire aux larmes…

Trois femmes, dans une chambre d’hôpital, se retrouvent pour se parler, beaucoup, en esquivant toujours l’essentiel…
Dans cet espace épuré et redouté, un dialogue (souvent de sourdes…) s’installe, qui balance des vérités et des clichés, un peu de mauvaise foi, pas mal d’humour et beaucoup d’amour.


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Fasciné par la perpétuation aveugle de la famille à travers la femme, Pietro Pizzuti plonge, avec humour et finesse, dans l'intimité des mères. Le comédien et metteur en scène, qui signe ici un beau retour à l'écriture, décortique les liens familiaux immuables, les non­dits, les tabous, les silences consentis qui se transmettent de génération en génération. Ce sont les tripes de l'auteur qui parlent. La tendresse aussi.

Le tout couronné par le talent de trois comédiennes, Suzv Falk, Nicole Valberg et Valérie Bauchau, dont la réunion sur une même scène constitue un cadeau inoubliable pour le public. Le chant mélancolique de la passeuse Ana Rodriguez est la cerise sur le gâteau.

Thierry DENOEL - Le Vif/ L'Express, 12/05/2006

Nicole Valberg et Valérie Bauchau, à qui on se prend à trouver des ressemblances physiques, maitrisent subtilement les tensions de leurs rapports mère­fille, tandis que Suzy Falk, en invitée surprise, casse la baraque avec son énergie et son aplomb.
Se sont-elles rencontrées ? «Il faut apprendre à connaître l'autre par lui-même et non par nous-mêmes», écrit joliment Pizzuti.
Le travail ne fait que commencer.

Laurent ANCION - Le Soir, 27/04/2006

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Une pièce qui frôle la mort, qui vous plante pendant une heure trente devant une chambre d'hôpital, où la dite « longue maladie» grignote inexorablement le futur? Ne reculez pas, foncez dans la petite salle des
Martyrs, vous y découvrirez plein d tendresse, d'humour, d'interrogation, de gravité aussi, mais pas un gramme d'austérité, de pathos ou de pesante démonstration.

Quand le vent de la grande faucheuse se lève, les mots s'accélèrent, affrontent l'indicible, parfois à tort et à travers ...

Trois comédiennes osent la mise à nu de leur talent, pudiques, vraies, frémissantes et franche· ment drôles: Valérie Bauchau et Nicole Valberg, tour à tour patientes et visiteuses, et Suzy Falk, inénarrable, qui emporte l'ultime rebondissement.

A la beauté du texte, répond la subtilité osée de la mise en scène de Christine Delmotte. Sur le fond de la scène, un écran nous renvoie, en driect, le gros plan du visage filmé de l'alitée. Le plus petit battement de cils, le moindre tressaillement des lèvres révèlent ici une palette de nuances et d'émotions rares au théâtre. Une performance sans filet, tout simplement admirable, que le chant sombre et doux de Farida Boujraf soutient comme·un baume, une compassion.

Michèle FRICHE - Le Soir, 24/05/2007

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Il y a seulement un lit et une chaise. Une toile blanche tendue sur le mur du fond accueille l'image mouvante et en gros plan du visage de la comédienne alitée, captée par une ca­méra fixée au plafond. Simple et, en l'occurrence, magistral, ce procédé fonctionne comme une extraordinaire indiscrétion, révélant le plus petit tressaillement des muscles faciaux.
Il faut de grandes comédiennes pour supporter un tel traite­ment, inhabituel au théâtre où le risque permanent de la perfor­mance "live" est compensé par la relative protection des éclairages, des mouvements et des maquillages. Passant l'épreuve haut la main, Valérie Bauchau et Nicole Valberg se prêtent tour à tour à cet impitoyable scanner psychologique, offrant des mondes de subtiles nuances émotionnelles à mesure que le dialogue se développe.
Les chants de Farida Boujdraf assurent une transition fluide entre les différentes scènes.

C'est simple, beau, drôle, grave et délicieux.

Suzy Falk complète ce trio de grandes âmes féminines en une prestation ébouriffante, aussi comique que poignante. Ici aussi la mise en scène joue avec les codes reçus du théâtre. Pour soutenir la mémoire de la comédienne (83 ans!), une "ombre" l'accompagne, la brochure à la main.
A tous les niveaux, un tel spectacle réussit le pari fou du théâtre: faire coïncider l'art et la vie.

Philip TIRARD - La Libre Belgique, 24/04/2006