Toute la poésie de l'un des plus grands auteurs belges
Prix Goncourt de la poésie en 2015 pour l’ensemble de son œuvre

Ironique, cinglant et incisif, Cliff déploie une parole forte qui poursuit à sa manière, dans notre siècle, les mouvements d'âme des " Fleurs du mal ".
Il parle de tout ce qui fait une vie et évoque des bribes d'enfance et d'adolescence, des rencontres et déambulations… L'école, les profs, l'amour, le désir, la mort, l'abîme. Le monde incompréhensible et qu'il faut, malgré tout, tenter de dire.


« je suis né à Gembloux en mil neuf cent quarante
mon père était dentiste et je l’ai déjà dit
ma mère eut neuf enfants et je l’ai dit aussi
pourquoi faut-il que je revienne à cette enfance

j’étais un gosse à grosse bouche et grands yeux vides
qui se jetaient partout pour comprendre le monde
et plus ils se jetaient plus ils étaient avides
et moins ils comprenaient tout ce monde qui gronde »

Autobiographie, Paris, éd. La Table Ronde, 2009


CREATEURS
AuteurWilliam Cliff 
Mise en scèneFrédéric Dussenne 
ScénographieChristine Mobers 
AVEC
Thierry Lefèvre 
Bernard Sens 
Une production du Rideau de Bruxelles

« un jour j’eus la révélation de la littérature
dans le récit que fait Chateaubriand de son enfance
de la terreur qu’il eut devant son père et de sa dure
condition d’enfant à Combourg dont la sinistre ambiance



le soir avec ce père qui n’arrêtait pas de faire
armé d’un bonnet dressé sur sa tête les cent pas
me rappelait celle qui aussi me terrorisa
dans mon enfance avec un père aussi autoritaire

j’appris par ce récit n’être plus tout seul à souffrir
ce fut comme un voile levé sur mon âme sauvage
écrire devint pour moi le geste qui relie

tous ceux qui ont senti au fond d’eux-mêmes ces messages
graves que le monde méprise et tourne en dérision
mais dont par la littérature on a la révélation»

Autobiographie, Paris, éd. La Table Ronde, 2009


...

Comme je tiens William Cliff pour l’une des plus grandes et des plus insolites voix de la poésie francophone d’aujourd hui, j’avais beaucoup d'appréhension en me rendant au Rideau de Bruxelles ou son «Autobiographie » est portée à la scène. Des vers qui tirent leur force de mots si concrets et d une métrique si rigoureuse, ne seraient-ils pas déformés, malmenés par le filtre corporel et verbal de ses interprètes ? La lumière s’est éteinte, deux garçons sont entrés, ils ont entamé la récitation du poeme. Et j’ai été rassuré.

Ils martèlent les syllabes, respectent les césures et les enjambements, marquent les blancs entre les sonnets (car ce sont des sonnets !), et puis soudain font entendre comme la mélopée d’un cœur dont les battements se font chant dans la monodie éclatée d’un trop plein d'images et de sensations. Superbe travail réglé par Frédéric Dussenne comme un office des ténèbres où Couperin rejoindrait Ronsard, et le Rimbaud de «La saison en enfer», les «Répons de la Semaine sainte» du prince de Venosa.

Jacques FRANCK - La Libre Belgique, 21/03/1996

...

Les échappées belles de l'enfance dans la campagne gorgée de vie, les humiliations du père qui ordonne, un quotidien qui, dès l'école, se fait l'esclave d'horaires peu exaltants, la langue des adultes qu'on ne comprend pas et puis le lycée, les premières prises de conscience, le plaisir de découvrir à travers la littérature que ces expériences que l'on croyait uniques, lourdes ou miraculeuses, ont été vécues par d'autres qui en témoignent magnifiquement.
Et puis l'amour que l'on apprend d'abord en solitaire, puis qui se réfugie entre les bras d'un jeune compagnon de collège. L'amour homosexuel, difficile, clandestin, éphémère... Enfin la perdition au cœur de Barcelone, crasse, mi­séreuse mais exaltante, la ren­contre avec le poète Gabriel Ferrater et l'envie d'écrire qui soudain grimpe comme la fièvre ...

Se partageant habilement la parole à offrir, Bernard Sens et Thierry Lefèvre s'approprient chacun à leur belle tacon cette langue troublante de transparence. Avec tendresse, subtilité et ironie, Thierry Lefèvre se charge davantage de l'enfance, des questions que le père, sa soumission au travail, sa peur de cette mort qu'il a si souvent reculée chez ses patients, engendrent. Frondeur, Bernard Sens assume avec langueur, fièvre et fragilité, l'émergence de la sensualité, présente aussi bien dans le tempérament orgiaque de la nature que dans la chair du poète et des hommes qui attirent ses lèvres, ses yeux, sa main.

Fins, justes d'un bout à l'autre dans les mots, dans les gestes, ces deux superbes comédiens font surgir tout l'humour, toute l'émotion, la force charnelle que William Cliff dégage de ces confidences données dans une langue pleine de torsion qui aime rire d'elle mais émeut aussi terriblement.

Christelle PROUVOST - Le Soir, 06/09/1996

Toute la presse :


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« l’auteur de la Recherche en ces années m’a révélé
que notre intime vérité c’est la littérature
Du côté de chez… c’est-à-dire où le voile est levé
sur ce qui toujours est couvert de commune imposture

et qu’on ne vienne pas me parler de « science humaine »
et dégrader à des concepts le chant ou la douleur
qui fut le lot de notre enfance et dont la trace hautaine
continuera à nous tenir jusqu’à la dernière heure…

près du collège se trouvait un château à tourelles
hissé sur un piton rocheux qui dominait la Meuse
quand j’allais là me promener et remuer mes rêves

j’étais comme un second René dont l’âme ténébreuse
se perdait à travers pareil château ou vers des landes
mouvantes pour y prendre le poison de ses tourmentes»

Autobiographie, Paris, éd. La Table Ronde, 2009




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