La vraie vie de Sissi

Une impératrice solitaire qui se bat pour l'amour - Une femme passionnée qui risque tout pour la liberté
Le musical ELISABETH retrace la vie de l'Impératrice Elisabeth - la légendaire et mythique Sissi - de ses 15 ans à son assassinat à Genève en 1898. Son histoire nous est racontée sans complaisance par son assassin, l'anarchiste Luigi Lucheni. L'histoire fascinante de cette femme qui a cru qu'il lui était possible d'être libre tout en étant l'impératrice de l'Empire austro-hongrois, ce grand bateau qui n'allait pas tarder à sombrer.

★★★★★ Douze millions de spectateurs dans le monde


«Le monde est un bateau. Et le bateau coule»


«Elisabeth» ou la véritable histoire de Sissi impératrice

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Loin de la version édulcorée servie par Romy Schneider au cinéma, la comédie musicale programmée par Bruxellons creuse les aspects plus sombres du destin de l’impératrice d’Autriche et reine de Hongrie. Reportage dans les coulisses d’un « musical » contrôlé depuis Vienne.

On a fait de moi une pâtisserie viennoise qu’on voudrait dévorer », a écrit Romy Schneider dans son journal intime. Dégoûtée de la guimauve dans laquelle on a voulu enrober son personnage de Sissi au cinéma (dans les films d’Ernst Marischka, tournés entre 1955 et 1957), l’actrice refusera même de tourner un quatrième volet, malgré le contrat mirobolant qui l’attendait. Plus de trente ans plus tard, c’est une version bien moins sucrée qui naîtra sous les doigts de Michael Kunze et Sylvester Levay. « La pièce leur a été commandée en 1990 par l’Opéra de Vienne (le Vereinigte Bühnen Wien, NDLR), » nous précise Olivier Moerens, co-producteur de ce « musical » à l’affiche du festival Bruxellons. « Alors que l’Autriche était dirigée par Kurt Waldheim (soupçonné de crimes de guerre nazis, NDLR), il s’agissait de créer un spectacle qui regarderait en face le passé de l’Autriche. »

Pas question donc de réitérer la crème bavaroise qui a déferlé sur les écrans. Cette fois, le gâteau – car il s’agit toujours d’une gourmandise que nous avons testée lors d’une « preview » au Château du Karreveld à Molenbeek – assume des notes plus corsées dans son portrait de l’impératrice Elisabeth d’Autriche, reine de Hongrie. Depuis ses fiançailles et son mariage avec François-Joseph en 1854 jusqu’à son assassinat à Genève en 1898 par l’anarchiste italien Luigi Lucheni, on traverse la vie tumultueuse d’une femme passionnée, farouchement libre, d’une beauté exceptionnelle mais aussi d’un égoïsme têtu vis-à-vis de ses enfants et de son peuple.

Une performance exceptionnelle
On y devine les prémices des mouvements nationalistes – « c’est en Autriche qu’a été inventé le salut nazi », souligne Olivier Moerens – on y croise la mort à de multiples reprises (dont le suicide de Rodolphe, le fils héritier de Sissi) et on y côtoie quelques conflits, de la Crimée à la Prusse en passant par la Hongrie, qui menèrent à la Première Guerre mondiale et se répercutent encore aujourd’hui dans les discours impériaux de Poutine. Mais tout cela se fond dans ce qui reste un divertissement musical enlevé, déjà parfaitement maîtrisé, depuis sa mise en scène (Jack Cooper et Simon Paco) jusqu’à la direction musicale (Laure Campion), lorsque nous l’avons découvert en avant-première.

Spectacle déjà culte en Allemagne ou au Japon, Elisabeth nous parvient donc à Bruxelles en création mondiale en français avec une jeune comédienne canadienne, Marie-Pierre de Brienne, qui livre une performance exceptionnelle dans le rôle de Sissi. Avec 17 musiciens, 220 costumes et une trentaine d’artistes (comédiens-chanteurs et danseurs), c’est l’une des productions les plus ambitieuses jamais portées par l’équipe de Bruxellons, à qui l’on doit déjà La Mélodie du Bonheur, Evita, Sunset Boulevard, My Fair Lady et Blood Brothers . « Rien que pour le rôle d’Elisabeth, c’est cinq personnes en coulisses pour assurer le remaquillage et les changements de robes, de coiffure, de bijoux, etc. » Une méga-production qui retrace une vie faite de passions tumultueuses (dont l’amour fou que lui voue l’empereur François-Joseph), de tragédies (Sophie, son premier enfant, meurt à 2 ans), de compromis avec les usages de la monarchie, de voyages et de révoltes politiques. Une vie parmi les plus romanesques du XIXe siècle.

Catherine Makereel - Le Soir - 13 juillet 2022

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