Une passe d'armes amoureuse et drôle


Un membre du gratin social s'éprend d'une personne du monde paysan. L'amour va-t-il se laisser prendre dans les filets tentants de la richesse? C'était l'une des questions favorites de Marivaux. Comme en témoignent "La double inconstance" ou "Arlequin poli par l'amour". Personnages communs, base de l'intrigue identique. Différence majeure: la fin! Dans "La double inconstance", le prince conquiert le coeur de Silvia tandis qu'Arlequin se console fort bien avec l'assistante en magouilles de Sa Majesté.

Dans "Arlequin poli par l'amour", c'est une fée qui s'est entichée d'Arlequin. Mais elle aura beau agiter sa baguette magique, Arlequin restera accroché à Silvia. La magie pour Marivaux serait-elle moins efficace que l'intrigue humaine?

Pour occuper pleinement le château du Karreveld, Bulles Production, outre les repas VIP et buffet à la grange, a décidé de donner à la pièce des allures de fête. Il joint donc aux mots la musique de Jean-Joseph Mondoville, une pastorale pour clavecin, flûte, soprano et baryton, proche de la thématique.

Concernant le spectacle proprement dit, mis en scène par Jean-François Demeyère, il faut attendre l'entrée en scène de Silvia (Laurence D'Amelio) pour que la soirée prenne des allures un peu moins académiques. Avant cela, Arlequin (Emmanuel Guillaume) se contente de caricaturer la belle brute paysanne, la fée (Bernadette Mouzon) récite son texte et Trivelin (Peter Brouns) affiche une raideur de jeu qui ne s'efface même pas lorsqu'il tente de combler un trou de mémoire! Heureusement, une fois que cela roule un peu et que l'on oublie les effets de "jolis" costumes inadéquats du genre "la bergère en longue robe de soie", le spectacle se fait plus naturel et Marivaux ressurgit davantage.

Le Soir - 30/7/1999 - Christelle Prouvost

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