Nous sommes tous l'enfant de…

Un récit magnifique. Nous sommes touchés au plus profond de notre âme parce que l'on nous raconte un drame avec drôlerie, abordant une foule de détails cocasses. Nous suivons l'aventure de ce postier italien qui devient notre vieil ami d'enfance ou notre grand-père. Car c'est notre histoire à tous qu'il raconte.


Hervé Guerrisi. Un talent brut

D’abord, il y a Hervé Guerrisi. D’ailleurs, il n’y a que lui et c’est très bien comme ça.

En effet, Cincali est un monologue que le comédien maîtrise à la perfection. Il faut dire qu’après plus de 600 représentations, il doit être rôdé. Oui, vous avez bien lu, 600 spectacles en français et en italien s’il vous plaît. Le comédien est tellement à l’aise qu’il vous accueille avec un grand sourire dans la salle, blague avec ses amis et vous installe. Bref, à l’aise.

Et puis, comme si de rien n’était, il commence Cincali en plaisantant sur sa vie et sur cette phrase « Mon père m’a toujours dit: ‘N’oublie jamais que tu es le petit-fils d’un mineur italien’ ».

Ceux qui ont la chance d’assister à son spectacle « Histoires d’un tigre » savent qu’Hervé Guerrisi excelle dans l’art du monologue.

Se glissant tour à tour dans la peau de son père, de son oncle mais surtout dans celle d’un facteur d’un petit village italien – le principal narrateur – il convainc et captive son public.

L’histoire est celle des Italiens partis travailler dans les mines belges. Ce qui nous est narré là, c’est une tragédie percutante. La douleur de la séparation, les conditions de travail misérables, les nombreux morts… Cincali n’est, a priori, pas drôle et les larmes – celles du comédien comme celles de son public – coulent à plusieurs reprises.

Et pourtant, on se surprend à rire aux éclats devant les péripéties de ce facteur, seul homme resté au village, seul également à réconforter les femmes tant moralement que physiquement. Pinuccio – Hervé Guerrisi – est hilarant et émouvant à la fois.

Etais-je assise à côté de la personne la plus émotive de la salle ? Je ne sais. Le fait est qu’elle est passée du rire aux larmes en 1 minute chrono. Chapeau l’artiste.

La mise en scène de Cincali est sobre. Une chaise, des lumières, quelques sons et un comédien.

Il n’en faut pas plus pour délivrer un message fort, car universel, : « n’oublie jamais qui tu es et d’où tu viens ». Pour cliché qu’il sonne, cet adage n’est jamais obsolète et a su trouver sa cible dans le public ce soir-là. Comme tous les soirs j’en suis sûre.

Je ne saurais vous conseiller assez cette pièce. Allez-y pour la thématique mais surtout, allez-y pour le comédien. Vous deviendrez à coup sûr, un grand fan de son travail.

Culture remains - 23/11/2013

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