Une soirée `SO BRITISH " qui fuse et qui pétille

"Les rires des spectateurs fusent sans discontinuer, comme autant de bulles de champagne que les comédiens sifflent joyeusement. Le malheur des uns fait le bonheur des autres: la salle est comble, on a dû ajouter des chaises. L’idée d’un canard à l’orange qui n’en finit pas de cuire sous la houlette avertie d’une vielle domestique, fait craquer de rire le spectateur à chacune de ses apparitions." Arts et Lettres


J’ai vu ce spectacle hier soir. Je lui attribue toutes les qualités relevées par les cinq journalistes français. Et même plus !

Pierre Marcabru : Agréable, plaisant, adroit.
André Ransan : L’esprit fuse et pétille.
Jean-Jacques Gautier : Un rôle inimitable.
Bertrand Poirot-Delpech : Une pièce signée par un des maîtres du genre.
Henry Rabine : Une authentique comédie.
Cinq critiques faites par cinq journalistes de l’époque de la création, le six mai 1971.

Du théâtre, du vrai ! De la comédie, de la vraie comédie pas idiote du tout. Ce n’est pas du « boulevard ».
Une comédie de tradition sans faille.
Aucune vulgarité, de l’humour seulement.
Des répliques qui font mouche et qui vont au but.

Synopsis : Après 15 ans de mariage, Liz annonce à Hugh, son mari, qu’elle part le lendemain avec son amant John Brownlow.
Hugh va tout faire pour récupérer sa femme mais d’une manière tout à fait inattendue…Et c’est bien du William Douglas Home !

La voici reprise à Bruxelles, mais cette fois à la Comédie Claude Volter avec Michel de Warzée (Hugh Preston), Catherine Conet (Liz Preston), Laura Savenberg (Patricia Forsyth ou plus simplement Patty Pat), Laurent Renard (John Brownlow) et Françoise Oriane (Madame Gray, la cuisinière, la bonne et autres fonctions)

Ils sont magnifiques tous les cinq !
En tête bien entendu le «cocu» Hugh, joyeux luron occupant un poste important au sein de la BBC.
Michel de Warzée est entré dans son personnage d’une façon étonnante, habile, malicieuse, finaude, roublarde, rusée, désinvolte, irrésistible et terriblement amusante ! Il est à la fois clown, bouffon, fou, insolent, provocateur, diabolique et même charmeur…

Marc- Gilbert Sauvageon : Du bec et des ongles, Hugh va mener, contre une adversaire à sa taille et en utilisant une tactique apparemment farfelue , une lutte pittoresque dont l’issue est incertaine jusqu’à la fin de la pièce.

Entouré par Catherine Conet, une comédienne talentueuse, belle, séduisante que l’on est heureux de revoir sur nos scènes belges. Elle est parfaite dans le rôle de cette femme qui veut encore connaître l’amour passionnel, l’amour sexuel alors qu’avec son mari, le désir s’est éloigné comme cela arrive à pratiquement tous les couples. J’aime beaucoup son côté naturel dans ses jeux de scène.

Une découverte bien appétissante : la venue en scène – et dans cette histoire – de la secrétaire d’Hugh : la magnifique et troublante (et tellement grande) Laura Savenberg. On donnerait facilement un coup de canif dans le contrat de mariage pour passer un moment avec elle. Stop ! Censure !

Laurent Renard est impeccable dans le rôle de l’amant qui n’est pas encore l’amant de Liz. Cela dit, le deviendra-t-il vraiment ? Serait-il un bon amant ? J’en doute ! Il paraît froid et guindé avec sa chemise, sa cravate et sa pochette à la poche du veston..!

Françoise Oriane est rigolote dans Madame Gray. Elle m’a rappelé la célèbre Pauline Carton dans le ton et ses jeux de scène. C’est la bonne à tout faire qui s’occupe des affaires personnelles de ses patrons. On est heureux de la voir en si bonne forme !

Tout ce beau monde est piloté par Danielle Fire, excellente metteuse en scène qui a l’art de faire jouer ses acteurs dans un ton vrai, naturel. C’est bon ça !

Très beau décor dû à Christian Guillemin : le living-room de la maison des Preston à Stonewall, dans une banlieue résidentielle de Londres. On s’y croirait !
Régie et Lumières : Sébastien Couchard.

Si vous vous rendez dans ce théâtre sympathique et chaleureux, et vous aurez raison de le faire, soyez aimable d’apporter à Michel de Warzée une petite cuillère en métal pour déposer ses glaçons dans le petit bac. Merci d’avance !

Roger Simons - Cinemaniacs -

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