Une soirée `SO BRITISH " qui fuse et qui pétille

"Les rires des spectateurs fusent sans discontinuer, comme autant de bulles de champagne que les comédiens sifflent joyeusement. Le malheur des uns fait le bonheur des autres: la salle est comble, on a dû ajouter des chaises. L’idée d’un canard à l’orange qui n’en finit pas de cuire sous la houlette avertie d’une vielle domestique, fait craquer de rire le spectateur à chacune de ses apparitions." Arts et Lettres


Ma femme me trompe. Ciel, je suis cocu ! Au lieu de s’écrier ces paroles, de s’effondrer, de tempêter ou de rager, Hugh Preston (Michel de Warzée), telle une machiavélique araignée tisse une dense toile autour de Liz (Catherine Conet) son épouse. Il provoque son aveu anticipé, à la veille de sa fuite avec son amant, Il invite celui-ci (Laurent Renard) la nuit précédent leur départ pour faciliter les discussions du divorce.
Il propose même de se faire surprendre en flagrant délit d’adultère par leur gouvernante (Françoise Oriane) avec son affriolante secrétaire (Laura Savenberg) pour en prendre les torts à sa charge.
Dans ce rôle de mari complaisant et drôlement retors, décidément trop bon pour être honnête, Michel de Warzée excelle. Œillades égrillardes, provocations gratuites, coïncidences suspectes, suggestions perfides, sous-entendus graveleux, il n’hésite devant aucun procédé pour titiller Liz, l’agacer et qui sait la rendre jalouse. Toute en retenue, cette dernière va se débattre dans un conflit intime dont elle perçoit peut-être elle-même très mal les enjeux.
Qui l’emportera le cœur ou… le cœur ?
Dans ce classique intérieur bourgeois (décor de Christian Guilmin), la mise en scène, précise et rigoureuse, de Danielle Fire fait merveille. Elle exige de chacun précision et rythme, pour mettre en avant le côté caustique et enlevé des répliques. Même si, de temps en temps, se remarque encore un ou l’autre petit bafouillage, Le canard à l’orange est une délicieuse recette douce-amère, tendre et juteuse à point, nappée d’une onctueuse couche d’humour, idéale pour une soirée festive.

Muriel Hublet - Plaisir d'offrir - 11/12/2012

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