" Michel Kacenelenbogen fait palpiter cette histoire simple et belle "
La libre Belgique - Philip Tirard

Ce spectacle est l'un de nos plus beaux coups de cœur. Il s'agit bien sûr de l'un des textes les plus poignants d'Eric-Emmanuel Schmitt mais ce qui nous semble fantastique, c'est que, malgré l'émotion omniprésente, l'on passe son temps à rire. On doit cette alchimie réussie à deux artistes: Michel Kacenelenbogen, le comédien, et Olivier Massart, le metteur en scène.


Le soufisme est reconnu par les quatre écoles juridiques (madhhab) sunnites et par les chiites comme une expression de la foi islamique. Cependant certaines confréries sont à la limite, voire sortent des limites de l’islam quand elles y amalgament des croyances extérieures. Dans ce cas, et bien que se réclamant de l’islam, leur membres se voient parfois refuser le titre de musulmans. Les Wahhabites et les Salafites refusent le soufisme dans son ensemble, en le considérant comme une innovation hérétique (bid`ah).

À cause de son caractère initiatique le soufisme est parfois comparé à la franc-maçonnerie, mais il est sans doute plus juste de le comparer au bouddhisme zen ou au gnosticisme.

Un membre initié du soufisme est généralement appelé un soufi, bien que ce terme désigne un individu parvenu à la réalisation spirituelle totale. Un aspirant à une telle réalisation intérieure devrait être appelé moutaçawwif (مُتَصَوِّف).

Les maîtres soufis se sont servis de la terminologie coranique pour décrire différents degrés de réalisation spirituelle. Ils distinguent trois phases dans l'élévation de l'âme vers la connaissance de Dieu : d'abord l'âme gouvernée par ses passions. Le postulant à l'initiation, qui est considéré comme étant à ce stade, est appelé mourîd (مُريد [murīd], novice; nouvel adepte; disciple). Vient ensuite le degré de l'âme qui se blâme elle-même, c’est-à-dire qui cherche à se corriger intérieurement, l'initié qui parvient à ce stade est appelé salîk (farsi : سالك, voyageur) itinérant, allusion au symbolique « voyage intérieur ». Puis le troisième et dernier niveau est celui de l'âme apaisée, réintégrée à l'Esprit : l'initié arrivé à ce stade est appelé mouradh (parfait).

Les soufis sont organisés en confréries (turuq, pluriel de tarîqa; chemin,voie) fondées par des maîtres spirituels (chaykh) généralement descendants du prophète Muhammad par son cousin Ali et sa fille Fâtima. Chaque soufi doit faire état d'une «chaîne» (silsilah) qui le rattache par différents intermédiaires à l'enseignement du Prophète. L'exercice spirituel que les soufis privilégient est le dhikr (remémoration, souvenir); il s'agit d'une pratique consistant à évoquer Allah (Dieu) en répétant Son nom de manière rythmée et en restant centré sur Sa pensée. Le dikhr est considéré comme une pratique transformatrice de l'âme, car on juge que le nom d'Allah possède une sorte de valeur théurgique qui agit sur l'âme.

Les premiers groupes de soufis s'organisèrent à Koufa et à Bassorah dès le VIIIe siècle de l'ère chrétienne, puis à Bagdad au IXe siècle. Le soufisme est surtout implanté dans les régions tardivement converties à l'Islam: en Asie centrale, en Inde, où il fut l'un des fers de lance de l'islamisation, et dans le monde turc.

Le soufisme est un courant ésotérique qui professe une doctrine affirmant que toute réalité comporte un aspect extérieur apparent (exotérique ou zahir) et un aspect intérieur caché (ésotérique ou batin). Il se caractérise par une forme de renoncement aux biens matériels (piétisme) et une volonté de recherche de l'extase, ou plutôt de «l'extinction» (al-fana'), c’est-à-dire l'annihilation de l'ego pour parvenir à la conscience de la présence de l'action de Dieu en soi :

Mes cieux et ma terre ne peuvent Me contenir, mais le cœur de mon serviteur croyant Me contient .
Hadith divin (قُدْسِيّ [qudsīy], sacré; saint)

Le moi individuel doit être sacrifié pour laisser place à l'Esprit, étincelle divine en l'homme :

Il l'a formé harmonieusement puis lui a insufflé de Son esprit.
Le Coran (XXXII; 9)

Le soufisme se présente donc comme l'aspect intérieur de l'Islam.

Les confréries soufies furent persécutées par certaines autorités du sunnisme car jugées hétérodoxes par certains docteurs de la loi musulmane et alliées au chiisme. Aujourd'hui encore le wahhabisme cherche à diminuer l'influence des confréries soufies dans le monde, le soufisme étant considéré comme un instrument pour sortir du cadre d'une forme d'orthodoxie stricte et littérale définie par les autorités spirituelles du wahhabisme. En Perse la dynastie des Séfévides était issue d'une dynastie soufie.

Au XIXe siècle, le soufisme s'est développé en Afrique et au Maghreb dans une réaction contre la colonisation des européens; il y persiste encore.

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