Il était une fois Marianne, une jeune fille
qui rêvait d'une autre vie…

"Rien ne donne autant le sentiment de l'infini que la bêtise"

Des gens simples qui rêvent, qui s'aiment, qui souffrent, qui se trahissent …
La vie, tout simplement


Dernier refuge de Marianne, dernier espoir de compassion. Ce n’est pas non plus la dernière lâcheté…
LE CONFESSEUR - Bien, récapitulons : à ton pauvre père, qui t'aime plus que tout au monde et qui n'a jamais voulu que ton bien, tu as causé les pires souffrances, soucis et inquiétudes, tu as été désobéissante et ingrate... Poussée par la concupiscence, tu as rompu avec ton fiancé pour te cramponner à un dépravé... Silence ! On connaît ! Et ça va faire plus d'un an que tu vis en dehors des saints sacrements du mariage avec ce lamentable individu, et c'est dans cet affreux état de péché mortel que tu as conçu et mis au monde ton enfant... Quand ?

MARIANNE - Il y a huit semaines.

LE CONFESSEUR - Et cet enfant du péché et de la honte, tu ne l'as même pas fait baptiser... Reconnais-le: que pourrait-il sortir de bon de tout cela ? Rien! Mais il y a pire! Tu as été jusqu'à vouloir le tuer dans ton ventre

MARIANNE - Non, c'était lui ! C'est seulement par amour pour lui que je me suis soumise à la chose !

LE CONFESSEUR - Seulement par amour pour lui?

MARIANNE - Il ne voulait pas de descendance parce que les temps sont de plus en plus difficiles et qu'on n'est pas près d'en voir la fin... Mais je... non, moi ça me brûle dans l'âme d'avoir essayé d'avorter, chaque fois que le petit me regarde. Un silence.

LE CONFESSEUR - Est-ce que tu regrettes?

Un silence.

MARIANNE - Oui.

LE CONFESSEUR - Et d'avoir conçu et mis au monde ton enfant en état de péché mortel... le regrettes-tu aussi?

Un silence.

MARIANNE - Non. Ça, on ne peut pas

LE CONFESSEUR - Qu'est-ce que tu dis ?

MARIANNE - C'est mon enfant, tout de même...

LE CONFESSEUR - Mais tu …

MARIANNE l'interrompant. Non, je ne regrette pas... Non, ça me ferait plutôt peur que je puisse le regretter... Non, au contraire, je suis heureuse de l'avoir, très heureuse .

Un silence.

LE CONFESSEUR - Si tu es inaccessible au regret, qu'attends-tu de Notre Seigneur ?

MARIANNE - Je pensais que Notre Seigneur me dirait peut-être quelque chose

LE CONFESSEUR - Alors tu ne viens à Lui que quand ça va mal?

MARIANNE - Mais II est près de moi, quand ça va bien... Non, non. II ne peut pas attendre de moi que je regrette... Ce serait contre nature

LE CONFESSEUR - Alors va-t'en ! Et ne reparais devant Notre Seigneur que quand tu seras au clair avec toi-même.
Il fait un signe de croix.

MARIANNE - Alors, excusez-moi.

Elle sort du confessionnal

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