Il était une fois Marianne, une jeune fille
qui rêvait d'une autre vie…

"Rien ne donne autant le sentiment de l'infini que la bêtise"

Des gens simples qui rêvent, qui s'aiment, qui souffrent, qui se trahissent …
La vie, tout simplement


Alfred est un jeune garçon qui a une bonne fois pour toute décidé de jouir de la vie. Eternel adolescent? Sans doute. De quoi vit-il? Il traficote, il vit de l’argent des autres…

LA MÈRE - Tu travailles toujours à la banque ?

ALFRED - Non.

LA MÈRE - Où alors ?

Un silence.

ALFRED - J'ai pas l'étoffe d'un employé, ça n'offre aucune chance d'épanouissement. Le travail, au sens traditionnel, ce n'est plus rentable. Quand on veut réussir, de nos jours, faut se servir du travail des autres. Je me suis mis à mon compte. Financements et ainsi de suite.

Il vit une liaison avec Valérie, tenancière d’un tabac. Il la conseille pour les paris hippiques. Mais bientôt, Marianne va entrer dans sa vie.

ALFRED - Tu m'aimes?

MARIANNE - Beaucoup.

ALFRED - Comme tu devrais? M'aimes-tu raisonnablement?

MARIANNE - Raisonnablement?

ALFRED - Sans imprudences, je veux dire… car je ne pourrais pas en assumer la responsabilité.

MARIANNE - Écoute, ne te tourmente pas… ne te tourmente pas… Regarde les étoiles… Elles seront encore accrochées là-haut quand nous serons sous terre depuis longtemps

ALFRED - Moi, je me ferai incinérer.

MARIANNE - Moi aussi… Toi, ô toi, toi. Un silence. Toi… comme la foudre, tu es tombé sur moi et tu m'as fendue… Maintenant je suis absolument sûre. ALFRED - De quoi ?

MARIANNE - Je ne l'épouserai pas

ALFRED - Marianne!

MARIANNE - Qu'est-ce que tu as ?

Un silence.

ALFRED - Je n'ai pas d'argent.

MARIANNE - Oh, pourquoi en parler maintenant!?

ALFRED - Parce que c'est mon devoir, le plus élémentaire! Je n'ai encore jamais brisé de fiançailles de ma vie, par principe! Aimer, oui, mais provoquer une séparation… non! Moralement, je n'en ai pas le droit! Par principe!

Un silence.

MARIANNE - Je ne m'étais pas trompée, tu es quelqu'un de bien. Maintenant, je t'appartiens deux fois plus… Je ne suis pas faite pour Oscar, un point c'est tout!

Un feu d'artifice éclate dans la nuit qui est tombée.

ALFRED - Un feu d'artifice. Pour tes fiançailles.

MARIANNE - Pour nos fiançailles.

ALFRED - Des feux de Bengale.

MARIANNE - Du bleu, du vert, du jaune, du rouge -

ALFRED - Ils vont te chercher.

MARIANNE - Qu'ils nous trouvent… Reste avec moi, c'est le ciel qui t'a envoyé, mon ange gardien.

Des feux de Bengale… bleu, vert, jaune, rouge… éclairent Alfred et Marianne; ainsi que Roimage, le père de Marianne qui, la main appuyée sur le cœur, se tient devant eux.
Marianne pousse un cri étouffé.
Un silence.

ALFRED allant vers Roimage - Monsieur Roimage…

ROIMAGE l'interrompant - Taisez-vous! J'ai pas besoin d'explication, j'ai déjà tout entendu… Plutôt cossu comme scandale! Le jour de ses fiançailles… ! Tout nus dans l'herbe! Je vous baise les mains! Marianne! Habille-toi! Pourvu qu'Oscar n'arrive pas… Doux Jésus!

ALFRED - Je supporterai naturellement toutes les conséquences, s'il le faut.

ROIMAGE - Vous ne supporterez rien du tout! Vous allez me ficher le camp, monsieur! Ces fiançailles ne se briseront pas, ne serait-ce que par moralité ! Pas un mot, à personne, vaurien… Parole d'honneur?

ALFRED - Parole d'honneur!

MARIANNE - Non !!

ROIMAGE - D'une voix retenue. Ne crie pas! Tu dérailles? Habille-toi et plus vite que ça! Petite grue!

OSCAR survient; comprenant immédiatement la situation.- Marianne ! Marianne!

ROIMAGE - Pan dans le melon!

Il ne supportera pas les conséquences de ses actes, dont la principale : son fils…

ALFRED - J'ai le cœur tendre, elle a réveillé mes idéaux de jeunesse. Au début, il y avait une certaine passion bien normale… Et après, une fois le charme initial disparu, c'est devenu de la pitié. Elle est ce genre de femme qui rend les vrais hommes maternels, bien qu'elle soit une vraie garce, parfois. Ma foi, je crois que je suis son esclave!

HIERLINGER - L'esclavage, c'est une question de sang. De température du sang.

ALFRED - Tu crois?

HIERLINGER - C'est certain.Un silence. Sais-tu, Alfred, ce qui me dépasse vraiment? Comment peut-on, dans la crise actuelle, faire un enfant?

ALFRED - Dieu m'est témoin que je n'ai jamais voulu avoir d'enfant, c'est elle qui l'a voulu… et il est venu tout seul. J'ai tout de suite voulu le faire passer mais elle s'y est opposée farouchement, et il a fallu que je me montre très énergique pour qu'elle accepte de se soumettre à la chose… Tu n'imagines pas le cirque! Ça m'a coûté les yeux de la tête… et tout ça pour rien, ma foi ! C'est la faute à pas de chance !

Il abandonnera Marianne, c’est plus simple pour un lâche…

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