La boxe comme art et comme guérison

Il y a mille chemins pour naître à soi. Nous voulions parler de celui d’une jeune femme qui au lendemain d’une séparation va trouver au cœur d’une petite salle de boxe une force nouvelle de vie. Quand le corps est en mouvement, les pensées deviennent précises comme des frappes, moins chaotiques, elles font mouche, s’inscrivent autrement mieux. Les mots prennent un sens nouveau. Dans cette danse du boxeur, tout se concentre, devient plus tranquille. Et au bout du souffle et des forces, on écoute les dictées du cœur. Alors, le temps d’un entraînement, sur le plateau-ring du théâtre-boxe, baisser la garde et retrouver la vie.


Il y a mille chemins pour naître à soi.
Nous voulions parler de celui d'une jeune femme, qui, après blessures, errances, désillusions, va trouver au coeur d'une petite salle de boxe une force nouvelle de vie.
Quand le corps est en mouvement, les pensées deviennent précises comme des frappes, moins chaotiques, elles font mouche, s'inscrivent autrement, mieux.
Les mots prennent un sens nouveau.
Dans cette danse du boxeur, tout se concentre, devient plus tranquille.
Et au bout du souffle et des forces, on écoute les dictées du cœur.
Nous voulions parler de cela, de cette « entrée en boxe ».
De cette reconnaissance de soi dans la reconnaissance du corps.
Le ring de boxe est un plateau de théâtre. Ou peut-être est-ce l'inverse.
C'est dans la chair de l'acteur que les mots prennent vie. Le silence aussi.
L'acteur doute, en équilibre sur le fil des mots. Ici, maintenant. Il suit son instinct.
Il puise dans l'instant. Et les mots qui patientaient au cœur du corps jaillissent comme des uppercuts. Mots coriaces ou mots doux, mais toujours des uppercuts.
Le boxeur se doit d'être exigeant, précis. L'acteur aussi.
C’est une question de bleus ou de vie.

« L'acteur qui joue sait bien que ça lui modifie réellement son corps, que ça le tue à chaque fois. Et l'histoire du théâtre, si on voulait bien l'écrire enfin du point de vue de l'acteur, ça ne serait pas l'histoire d'un art, d'un spectacle, mais l'histoire d'une longue, sourde, entêtée, recommençante, pas aboutie, protestation contre le corps humain. (...)
On est acteur parce qu'on ne s'habitue pas à vivre dans le corps imposé, dans le sexe imposé. (...) et si on se retrouve un jour dans le théâtre c'est parce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas supporté. »
Valère Novarina - Lettre aux acteurs.

Je suis un poids plume, c'est l'histoire de la grande révolte d'une jeune femme.
Une amante trahie, quittée. En prise avec la douleur, se débâtant dans son «carré» mental, prisonnière d'elle-même, corps tendu, bouche tordue vers un désir de vérité. C'est l'histoire d'une violence qui gronde, des coups reçus, des coups bas, des coups imparables. C'est l'histoire de deux histoires croisées.
Destruction - Reconstruction.
C'est l'histoire d'une petite grande action qui fait la révolution de l'âme.
Pousser une porte jamais enfoncée, aller à l'inconnu et y trouver de quoi changer son monde.
C'est l'histoire d'une naissance à soi,
Une re-construction du coeur.
Une re-construction du corps.

C'est le récit physique d'une expérience physique.
C'est un acte d'amour.

La partition et destinée à l'actrice athlétique.
Le récit est aussi exigeant pour l'acteur que peut l'être un sparring pour le boxeur.
Plus encore, la forme du récit emprunte les traits du combat, avec ses phases d'entraînement, ses rounds dont le temps est mesuré, ses moments de résilience.
La narration est donc séquentielle.
C'est l'histoire d'un rituel ou plutôt l'histoire intime ritualisée.
L'objectif est double, rejouer seule l'histoire passée, celle de la rupture, comme pour s'en nettoyer, faire son deuil.
La rejouer aussi dans l'effort de la douleur salvatrice de l'entraînement de boxe,
Une douleur apprivoisée pour soigner une douleur sourde,
Pour réapprendre à aimer l'être perdu, l'absent.
Pour réapprendre à s'aimer.
Livrer l'histoire pour s'en défaire, se débarrasser des pensées parasites qui entravent la liberté de l'être et laisser danser le cœur.
Livrer le combat du sens, du geste, du beau geste.
Il est question d'attention, de calme, de précision et de silence.
Corps est donné à ce double objectif au travers de séquences à la fois répétitives et évolutives dont la trame est un entraînement extrêmement exigeant qu'un boxeur se doit de maîtriser.
Cet entraînement lui-même parasité va se dépouiller des paroles-entraves au fur et à mesure de la narration pour finir par pouvoir être exécuté par la comédienne et dépassé par elle, comme métaphore de son corps/coeur libéré, sous forme d'un sparring, point culminant de la narration/représentation.

DAPHNE D'HEUR

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