" Michel Kacenelenbogen fait palpiter cette histoire simple et belle "
La libre Belgique - Philip Tirard

Ce spectacle est l'un de nos plus beaux coups de cœur. Il s'agit bien sûr de l'un des textes les plus poignants d'Eric-Emmanuel Schmitt mais ce qui nous semble fantastique, c'est que, malgré l'émotion omniprésente, l'on passe son temps à rire. On doit cette alchimie réussie à deux artistes: Michel Kacenelenbogen, le comédien, et Olivier Massart, le metteur en scène.


Vous avez aimé « Oscar et la dame en rose » ? Vous aimerez « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ».

Le nom d'Éric-Emmanuel Schmitt est dorénavant gage de succès. Larguant les amarres du catholicisme pour aborder l'islam, ce deuxième volet du Cycle de l'Invisible nous sert le même philtre d'amour et de tolérance : une histoire d'amitié entre un adulte et un adolescent sur fond de spiritualité, des tirades bien-pensantes qui valent tous les catéchismes, des aphorismes au kilo, de la tendresse et de l'émotion pour inonder les mouchoirs les plus sensibles. Avec Schmitt, c'est l'élévation spirituelle assurée sans mettre un pied en lieu saint. Mis en scène par Olivier Massart, Monsieur Ibrahim apaise nos bobos et rend heureux. Une petite douceur qui ne se refuse pas, en ces temps âpres et intransigeants.

Raconté sur le mode du conte philosophique, avec zeste d'humour et pincée d'esprit, ce solo joliment peuplé par Michel Kacenelenbogen nous emmène d'une petite rue Bleue de Paris aux virevoltants derviches du Croissant d'Or, de la naissance d'une complicité improbable à la consolidation d'une relation espiègle et tendre entre un musulman soufi et un jeune Juif.

Assis sur un banc devant une colonne Morris, l'air sage et les yeux rieurs, Moïse, dit Momo, entame le récit de son enfance, à Paris, dans le quartier juif des années 60. À l'époque, Momo a 13 ans et vit seul avec son père, avocat acariâtre et dépressif. Sa mère les a quittés quand il était bébé avec son grand frère, Popol. Affligé par sa grise vie, Momo cherche le réconfort auprès des prostitués de la rue du Paradis, et de Monsieur Ibrahim, l'épicier arabe du coin, qu'il prend plaisir à défier sur ses coutumes et sa religion avant de découvrir que le vieil homme a bien plus à lui offrir que les quelques conserves chapardées quotidiennement. Peu à peu, les préjugés vont tomber. Au contact d'Ibrahim, Moïse fera l'apprentissage de la vie et du soufisme pour finalement trouver la paix.

Un caramel moulé à la bonté
Michel Kacenelenbogen navigue entre les rôles avec simplicité, générosité et fluidité. Dans une mise en scène qui ne cache pas ses grosses ficelles (colonne à effets de surprises, banc téléguidé) pour animer le monologue, le comédien se délecte de ce récit aussi doux qu'un caramel moulé à la bonté humaine. Comment dès lors ne pas se sentir bien dans la si confortable place de spectateur que nous offre Schmitt et son message d'espoir pour la réconciliation des communautés ?

Le Soir - 4 avril 2006 - Catherine Makereel

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