Un grand éclat de rire…
Molière 1995 du meilleur spectacle comique

Une famille. Un soir. Un restaurant.L'anniversaire de Yolande et un chien qui ne chante plus. Cela devait être un dîner comme les autres et pourtant…


Drôle d'idée que celle de monter « Un air de famille » du duo Jaoui-Bacri, sur la scène en plein air du Karreveld. Drôle d'idée puisque l'intrigue se déroule entièrement dans un café, loin des tragédies et autre féeries qui requièrent habituellement le plein air. Drôle d'idée aussi quand on sait à quel point la pièce originale et surtout le film ont marqué les esprits.

La mise en scène se fait donc discrète, cherchant simplement à rendre les choses aussi justes que possible. Tout repose sur les comédiens. En Betty, Marie-Hélène Remacle trouve le ton juste, proche mais différente d'Agnès Jaoui qui créa le rôle. Face à elle, Marc de Roy a plus de mal avec le personnage de Henri. Fils négligé de la famille, largué le soir même par son épouse, Henri devait beaucoup à la gueule et aux attitudes de Jean-Pierre Bacri. Marc de Roy ne cherche pas à l'imiter mais ne trouve pas vraiment l'épaisseur du personnage. Pierre Plume, dans le rôle du grand frère à qui tout réussit, la joue classique, un peu insipide comme le personnage. Tout l'inverse de Louise Rocco. Énergique, pétulante, elle s'empare du personnage de la mère dominatrice comme s'il avait été écrit pour elle.

Plus complexe, la pauvre Yoyo, dont on « fête » ce soir l'anniversaire, permet à Colette Sodoyez une composition très drôle, proche du modèle de Catherine Frot dans les intonations mais tirant plus vers le rire que vers l'émotion.

Reste enfin Michel Hinderyckx dans le rôle de Denis, le barman. Dès les premières minutes, on est frappé par la ressemblance entre son jeu et celui du fantastique Jean-Pierre Darroussin. On se dit que c'est un peu facile et que l'imitation ne tiendra pas longtemps. Mais au bout d'un moment, l'osmose semble totale et, loin de faire du sous-Darroussin, Michel Hinderyckx se fond si bien dans le personnage que celui-ci devient le vrai pivot de la pièce.

Une pièce qui reste la vraie vedette de la soirée avec ses scènes inoubliables (le collier de chien en cadeau d'anniversaire, le rock de Yoyo et Denis...), ses dialogues irrésistibles et ses répliques fulgurantes permettant à chacun de s'offrir une sympathique soirée de rire sous les étoiles.

Le Soir - 30/7/2005 - Jean-Marie Wynants

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