Le second spectacle de la plus grande humoriste belge

"Qui a dit faible?" aurait pu s'appeler "Le Cid"… mais ça existe déjà! De l'extrême gauche à la priorité de droite, des hauts de forme à la basse classe, en long, en large et en diagonale, "Qui a dit faible?" s'amuse à ausculter, analyser, disséquer et grossir les petites manies, les petits défauts, les petites maladies, bref toutes ces tendres faiblesses qui font l'homme. Et la femme.


La botte du rire Virginie Hock

Attention! Cette jeune fille a tout d'une grande. Bon, d'accord… elle mesure 1 m 80, mais ce n'est pas une raison. C'est essentiellement par son tonus très particulier, fait de sûreté et de générosité, que Virginie Hocq, 27 ans, est en train de s'imposer dans un art réputé pour ses embûches : le solo d'humour.

« Qui a dit faible ? », son tout nouveau one woman show, souffle sur la scène des Tréteaux de Bruxelles comme une tornade aux cheveux bruns. Piquante, précise, étonnante d'habileté dans la composition et le changement de personnage, la comédienne bruxelloise a assurément trouvé là le terrain qui lui convient.

Moins personnel et plus léger que «Dis oui! »
Il y a trois ans, à peine sortie du Conservatoire de Bruxelles, la demoiselle s'essayait déjà au jeu en solitaire avec le très réussi « Dis oui ! », coécrit et dirigé par Victor Scheffer (pilier, comme elle, de la Ligue d'improvisation belge).

S'éloignant d'emblée de la structure classique des sketches, Virginie Hocq y faisait vivre tout un petit monde, réuni autour du mariage de Sophie. Elle y faisait surtout preuve d'un talent déjà indiscutable et d'une drôlerie accomplie, suscitant l'enthousiasme des gens de théâtre comme du grand public.

Avec « Qui a dit faible ? », elle persiste et signe, malgré des textes et une structure de spectacle qui nous ont semblé plus légers que « Dis oui ! ». Avec Patrick Ridremont à l'écriture et Olivier Leborgne à la mise en scène (encore deux… piliers de la Ligue d'impro), Virginie Hocq a opté pour une suite de sketches qui l'éloigne de la force théâtrale de son premier opus, donc d'un terrain plus personnel. Ici, plus d'histoire qui lierait le tout, ni d'intrigue qui exploiterait la force tragi-comique de la comédienne. C'est sur son seul aplomb que le solo se base. Le pari n'est pas vain - au contraire ! Mais il rend finalement le spectacle plus traditionnel.

Le maillon fort: l'aplomb de la soliste
On s'en voudrait de dévoiler trop de gags, puisque l'on vous souhaite quand même de rapidement faire connaissance avec cette spécialiste du solo. On glissera simplement que la parodie est ici le moteur de l'humour. « Le Nouveau Testament » (avec la révélation de « Jésuse ») ou le cinéma d'action (avec une jeune femme spécialisée dans les rôles d'assassinées) sont tournés en dérision par la plume de Patrick Ridremont.

Au total, cette deuxième étape de la traversée en solitaire de Virginie Hocq nous a surtout impressionné par l'aplomb de son principal moussaillon, qui se permet en outre un jeu très maîtrisé avec le public et qui confirme sa puissance de concentration. Resterait à choisir l'orientation de son embarcation…·

Le Soir - 28/1/2003 - Laurent Ancion

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