Un huis clos sur fond de collaboration et des dialogues en forme d’hommage à Audiard

Dans le Paris occupé, un bistrot voit passer occupants et occupés, des résistants aux collabos en passant par les gens simples qui tentent simplement de s’en sortir. La fin de la guerre approchant, la tension monte, les situations s’emballent et les masques tombent.


Dans le Paris occupé, un bistrot voit passer occupants et occupés, des résistants aux collabos en passant par les gens simples qui tentent simplement de s’en sortir. La fin de la guerre approchant, la tension monte, les situations s’emballent et les masques tombent.

Sur un fond légèrement mélodramatique, la troupe du Magic Land incarne encore une fois une palette de personnages surprenants : Marcel, tenancier de l’hôtel, ne fait pas de politique. Il fait ce qu’il faut pour s’assurer de survivre et de traverser la guerre, ce qui a le don d’irriter le colonel qui se voit comme un grand résistant. Gigi, elle aussi dans le commerce, a ses principes : pas de tractation avec l’ennemi. Mais quand un général de la Wehrmacht la sort in extremis d’une arrestation par la brigade canine, elle n’hésite pas à jouer sur la corde sensible pour se donner des armes. Ce qui n’est pas du goût de Tino, son souteneur. Lui non plus ne fait pas de politique, et fait de l’excès de zèle pour assurer ses arrières. Albert, terroriste de la résistance, aide Mathilde à fuir Paris et Louise, jeune bretonne fraîchement arrivée, à y trouver un refuge. C’est sans compter sur un officier de Wafen-SS bien décidé à mériter ses gallons.

Comme d’habitude, le rire est au programme du Magic Land. Cette fois cependant, la troupe se dirige également un peu plus vers une émotion qui n’est pas sans risque pour le rythme de la pièce. Difficulté habilement surpassée, puisque le soufflé ne retombe pas. L’énergie des comédiens soutient habilement le texte et ses nombreuses extravagances. Citons à ce titre deux perles du spectacle, à mourir de rire : Bénédicte Phillipon en soldat allemand, et Philippe Drecq préparant l’attentat.

La scénographie en nuance de gris fait un effet merveilleux. Le peu de couleur sur le plateau se trouvant brutalement rehaussée, les comédiens sont immédiatement mis en valeur. Ambiance cinématographique assurée, entre films noirs et comédies françaises à la Oury ou Lamoureux. Le texte, reprenant de vieilles chansons française et construit comme "un hommage à Audiard", y fait d’ailleurs écho.

Le spectacle signe d’ailleurs déjà complet pour la majeure partie de ses dates. Pour y assister, il ne faut pas tarder à réserver.

Yuri Didion - 2 mai 2017 - Demandez le programme

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