Hilarant et salutaire (Jean-Marie Wynants - Le Soir)

MEILLEUR SPECTACLE 2013 EN Belgique (PRIX DE LA CRITIQUE)
PRIX DU PUBLIC FESTIVAL OFF/AVIGNON, MEILLEUR SPECTACLE THÉÂTRE !

Une langue inimitable, une poésie sautillante, un humour ravageur, à la fois tendre et vipérine, nous vous proposons la nouvelle œuvre théâtrale d’Ascanio Celestini. Un spectacle tout simplement magistral qui raconte la relation entre la classe dominante et la classe dominée, où l’on rit aux éclats mais qui met aussi le doigt là où ça fait mal, sur les aberrations de nos sociétés modernes.


Epoustouflant ! Hilarant ! Féroce ! Trois des qualificatifs qui revenaient sur bien des lèvres à l'issue de cette création.
"Epoustouflant" pour la performance de David Murgia qui porte avec une aisance incroyable les textes de son comparse Ascanio Celestini. Campant une succession de personnages avec un aplomb extraordinaire, il donne constamment l'impression de parler comme il respire, créant diverses personnalités à partir d'infimes détails.
"Hilarant" pour cette succession de discours où le comédien, retrouvant le débit ultrarapide de son auteur et metteur en scène, fait vivre des personnages d'un cynisme achevé.
"Féroce" pour la manière dont Celestini donne pour la première fois la parole aux puissants de ce monde pour mieux montrer à quel point nous avons toutes les raisons de les faire tomber de leur piédestal.

Chemise bariolée, pantalon moulant et santiags aux pieds, David Murgia entre en scène avec un petit côté macho décontracté. Ses premiers mots de bienvenue semblent improvisés mais on comprend vite qu'ils font partie de la succession de textes concoctée par Celestini. Tous sont des discours ou des adresses directes au public. Devant un tas de caissettes en bois et une mappemonde illuminée, le jeune comédien entreprend de nous livrer un petit cours de géopolitique et d'économie. Et c'est aussi percutant que décapant. Le marché globalisé, les révoltes étouffées, la loi de la sélection naturelle, la démission des syndicats, la toute-puissance de l'économie... tout y passe avec une férocité d'autant plus grande que les différents personnages campés par David Murgia n'affichent pas une once de doute ou de remords. Tous sont sûrs d'eux, hilares devant notre soumission. "Camarades !", lance ce grand patron s'adressant aux ouvriers en se marrant comme une baleine.

Avec trois fois rien, l'acteur se construit un podium, une table... A ses côtés, le guitariste Carmelo Prestigiacomo crée des ambiances discrètes et sert de partenaire muet. Un véritable régal où, à travers le rire, les métaphores et les petites fables, on met en lumière les aberrations les plus criantes de nos sociétés modernes. A voir sans hésitation.

JEAN-MARIE WYNANTS

Jean-Marie Wynants - Le Soir - 16/10/2013

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