Madame Sans-Gêne...
… une femme du peuple à la cour de Napoléon.

Cette pièce de Victorien Sardou , créée le 27 octobre 1893 au théâtre du Vaudeville de Paris, est considérée comme l'une des œuvres les plus populaires du répertoire théâtral. Le personnage de madame Sans Gêne s'est imposé d'emblée à la création en 1893 grâce à sa créatrice, la grande comédienne Réjane, qui joua le rôle durant toute sa carrière. D'autres actrices célèbres du théâtre s'y illustrèrent par la suite, comme dans des adaptations au cinéma: Gloria Swanson, Arletty et Sophia Loren.
La pièce fut reprise au théâtre Sarah-Bernhardt en 1957 avec un trio d'acteurs fabuleux: Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault et Jean Desailly.


Fils d'un sous-officier, il est pratiquement orphelin à dix ans. Il est élevé par un oncle curé, n'aime pas les cours mais se montre très doué. Il est d'abord garçon perruquier et à dix-huit ans, s'engage comme simple soldat au régiment des gardes françaises. En 1783, il se marie avec une blanchisseuse, née Catherine Hubscher, passée à la postérité sous le nom de Madame Sans-Gêne, avec laquelle il aura quatorze enfants dont treize mourront en bas âge. Sergent en 1788, il sauve la vie de plusieurs de ses officiers, molestés le 14 juillet 1789. Lieutenant de la garde nationale parisienne mais resté fidèle à son roi, il est blessé en protégeant la famille royale durant sa tentative pour se rendre à Saint-Cloud, puis favorise la fuite des tantes de Louis XVI.

Il intègre pourtant les armées de la République et devient capitaine d'infanterie en 1792. Il sert dans l'armée du Centre puis dans celle de Moselle. Il se fait remarqué et devient général de brigade à la fin de 1793, participe à la bataille de Geisberg et devient général de division en janvier 1794. Il participe à la prise d'Arlon et à celle de Dinant, à la victoire de Fleurus, puis passe à l'armée de Sambre-et-Meuse, sert sous Kléber et Hoche. Il est à Altenkirchen et Wetzlar, à Friedberg, au passage du Rhin à Neuwied, passe à l'armée d'Angleterre et revient à l'armée de Mayence qu'il commande par intérim. Blessé à Pfullendorf, il devient gouverneur militaire de Paris en 1799. il est désigné par le Conseil des Cinq-Cents comme candidat au Directoire mais n'est pas élu.

Rallié à Bonaparte, son poste lui permet de jouer un rôle important durant le coup d'Etat du 18 Brumaire. Napoléon ne l'oublira jamais et pour l'heure, il en fait un président du Sénat en décembre 1799. Maréchal d'Empire lors de la première promotion, Grand Aigle de la Légion d'honneur. Son âge et sa parfaite connaissance des règlements d'infanterie en font un bon commandant d'arrière-garde, mais ses rudes manières et le comportement de sa femme irritent l'Empereur lorsque le couple parait à la Cour.

En 1807, Lefebvre retrouve les champs de bataille. L'Empereur lui confie le siège de Dantzig. Le 27 mai, la place capitule et il reçoit en récompense le duché de Dantzig. Envoyé en Espagne de septembre 1808 au début de 1809, il est victorieux à Durango, prend Bilbao et Santander, bat les Anglais à Guenes, Valmaceda, et prend Ségovie. Revenu en Allemagne pour la campagne contre l'Autriche, mis à la tête des Bavarois, il est à Abensberg, Eckmühl, et à Wagram. En Russie, il commande l'infanterie de la vieille Garde, et se bat admirablement lors de la campagne de France.

Il persuade Napoléon d'abdiquer à Fontainebleau et vote sa déchéance. Aux Cents-Jours, il rejoint Napoléon qui le nomme pair de France sans commandement d'effectif. Viens waterloo et la seconde Restauration, Louis XVIII le fait destitué de la chambre mais finira par lui rendre son titre en 1819. Il meurt le 14 septembre 1820 à Paris, après avoir choisi lui-même sa place au Père-Lachaise.

Anatole de Montesquieu disait de lui : "Lefebvre avait une franchise soldatesque, un accent germanique et une bonhomie bourrue, qui composaient une singulière physionomie."

Napoléon confia à Montholon ce jugement : "Lefebvre, au siège de Dantzig, ne m'écrivait d'abord que des bétises ; mais lorsque les Russes débarquèrent, il se trouva dans son élément et ses rapports devinrent ceux d'un homme qui voit bien."

A Sainte-Hélène, dans le Mémorial, Napoléon dira de lui : "Lefebvre a le feu sacré, il ne compte jamais ses ennemis."

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