Musical (1979)


Musique: Michel Berger
Paroles: Luc Plamondon
Livret: Luc Plamondon

Opéra-rock cultissime de Luc Plamondon et Michel Berger, il est peu probable de ne pas en connaître une chanson, tant certaines sont passées dans la culture collective : Le blues du businessman, Ziggy, SOS d’un terrien en détresse, ou encore Le monde est stone. Créé en 1979, vingt ans avant Notre-Dame de Paris qui sera un autre succès franco-québécois, Starmania a connu assez de succès pour être joué de façon intermittente pendant trente ans, être adapté de façon symphonique pour en faire un opéra et pour qu’on parle encore d’un film à venir (bien qu’il ait peu de chance d’arriver, depuis le temps).

Cela faisait très longtemps que Michel Berger rêvait d'un «album-concept», virtuellement depuis le début de sa carrière. C'est le moyen, selon lui, d'effectuer un travail musical plus approfondi que ce qu'il peut livrer avec un album de chansons disparates....
 
C'est dans cet esprit qu'il se lance donc dans l'écriture d'un album-concept sur l'histoire d'une jeune fille. Il se base sur un fait divers célèbre à l'époque: Patricia Hearst, la fille de milliardaire américain, a été enlevée et une rançon a été demandée à son père. Cela peut sembler «banal» mais ce qui retint l'attention fut qu'elle tomba amoureuse de son ravisseur. Elle ira même jusqu'à l'épouser quelques années plus tard.
 
Ce «syndrome de Stockholm» inspire Michel: il a l'histoire qui lui manquait pour son album-concept. Le travail va à ce point avancer, qu'il ira jusqu'à enregistrer avec  France Gall un Album aux États-unis. Mais c'est une déception. Le résultat n'est pas à la hauteur du rêve et ni Michel Ni France ne veulent que ces chansons soient commercialisées. C'est un coup dans l'eau, si ce n'est que cela renforce encore son envie d'écrire un opéra-rock qui se concrétisera totalement avec Starmania.
 
Il faut noter que les éditeurs WEA et Polydor voulaient faire figurer les titres de cet album inédit dans le coffret hommage «Celui qui chante» paru en 1994. Mais France Gall a refusé, jugeant que la qualité n'était réellement pas suffisante. Il ne reste que quatre titres de cet album «Angelina Dumas». Deux titres méritent vraiment notre attention: «A qui donner ce que j'ai» et «Au revoir Angelina». Un troisième titre, «Comme des loups» avait été remixé dans le but éventuel de le sortir en simple (posthume), mais ce projet a finalement été abandonné.
 
Cet épisode musical est resté important dans le trajet de Michel et de France Gall. La preuve? France a choisi de terminer son spectacle de Novembre 96 à l'Olympia par le titre «A qui donner ce que j'ai». Un des reproches principaux que Michel faisait à son album-concept inédit «Angelina Dumas» était son manque de violence par apport aux thèmes abordés. Il fera appel, pour cette raison, à Luc Plamondon. Les lignes "musicales" seront entièrement revues et ne restera que le personnage principal, qui deviendra Cristal. 
 
Album concept «Dancing Disco»
Le fruit de ce travail sera avant tout la création d'un album-concept pour France Gall, Dancing Disco en 1976. Ce n'est que le deuxième album de France... Le disque qui raconte l'évolution d'un personnage, Maggie au coeur du monde de la nuit. Elle travaille et s'ennuie dans une boîte de nuit, le Dancing Disco. 
 
Les préoccupations de Maggie ne sont pas sans rappeler celles de la future héroïne de STARMANIA, Marie-Jeanne. Cet album est très important pour France car la sortie en single de Musique, puis de l'éternel Si maman si font d'elleune star, alors qu'elle n'en a pas l'attitude. Michel, lui, n'est pas encore une star. Les ventes de ses albums personnels est loin d'atteindre celles impressionnantes de France, plus charismatique sûrement. Mais c'est dans l'ombre, celle de France et celle de la production, qu'il construit son triomphe futur.
 
Comédie musicale «Emilie ou la petite sirène '76»
Quelques mois plus tard, toujours en 1976, Gilbert & Maritie Carpentier font un magnifique cadeau à Michel...
Ils lui proposent de lui consacrer en même temps qu'à France un «Numéro Un», leur émission de l'époque - le top des émissions de variété intelligentes.
 


Et plutôt que de faire un récital, il en profite pour écrire, spécialement pour la télévision donc, une pièce musicale intitulée "Emilie ou la petite sirène 76". Il s'agit d'une adaptation dans le milieu du show-biz de «La petite sirène» d'Andersen.
 
Elle sera diffusée sur TF1 le 22 mai 1976 et on y verra dans la distribution de nombreuses stars de l'époque: Nicole Croisille, Françoise Hardy, Eddy Mitchell, Christophe, ...). Bien sûr, tout a été très vite: un mois pour écrire et répéter... Bien sûr les moyens dont ils disposent sont bien loin de ce que l'on voit aujourd'hui... Bien sûr, c'est parfois maladroit...
 
Mais le résultat est séduisant par la beauté des chansons, des mélodies, par le plaisir évident qu'ont les interprètes à participer à l'aventure. Tout fan trouve un de ses plus grands bonheurs à la découverte de ce joyau méconnu. «Qu'il parle en premier», «Une fille de plus», tout est à savourer.
Emilie, le personnage central de la comédie musicale est bien sûr incarné par France Gall. 
 
Il s'agit d'une jeune fille en mal de célébrité, on retrouve déjà le thème cher à Michel et Luc. Sera extrait de cette pièce la célèbre chanson "ça balance pas mal à Paris"...
 
Michel voulait sortir en parallèle ce conte musical sur disque mais cela n'a pu se faire à cause des problèmes de droits des contrats d'exclusivité des différents artistes présents sur cette composition.
 
Michel n'a pu donc sortir qu'un 45 tours, le célèbre «Ca balance pas mal à Paris», avec en face B, une des plus jolies chansons interprétées par France: «Le monologue d'Emilie».
 
Les fans n'ont pu découvrir ce petit joyau que récemment, lors d'une rediffusion sur la chaîne câblée CANAL JIMMY. Des chansons comme «Qu'il parle en premier», «La leçon de rock'n roll» ou «Je rêve» auraient vraiment méritées d'être gravées sur vinyl, purs fruits de l'inspiration "Bergerienne" de l'époque.
 
"En 1975, Michel Berger m'a donné un coup de fil de Paris à Montréal. Il s'était trompé dans le décalage horaire. Il m'a simplement dit 'Bonjour je m'appelle Michel Berger je voudrais écrire un opéra-rock avec toi' (...) je suis venu à Paris quelques mois plus tard pour le rencontrer. Il avait déjà une musique à me faire entendre, celle sur laquelle j'ai écrit 'Stone, le monde est stone..' (...) mais avant j'ai essayé tous les mots d'une syllabe 'pars, vas, seul, je marche seul , etc' quand j'ai trouvé Stone (...) il m'a répondu 'C'est exactement ce que j'attendais de toi' (...) finalement on a loué une maison dans le sud de la France en 1977 , on est revenus de là avec les principales chansons de STARMANIA…"
(Recit de Luc Plamondon extrait de l'emission "Celui qui chante")



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